Mais quelle originalité et quelle fraîcheur que ce roman !
Je ne comprends pas pourquoi j'ai mis autant de temps à me plonger dans cette saga et je remercie NetGalley et les éditions Rageot pour m'avoir permis de découvrir ce tout premier tome car ce fut une très belle surprise.
Les personnages m'ont plu immédiatement : il y a Alexandre, le beau gosse insupportable, boxeur et rusé, arrogant et corrosif, et Manon, la bonne élève de la classe, au caractère pourtant très affirmé. J'ai été très touchée par cette jeune fille aussi studieuse que courageuse, d'une intelligence fine et d'une profonde maturité pour ses 15 ans. Alors évidemment ces deux « héros » peuvent sembler caricaturaux – et ils le sont d'une certaine manière – mais
Olivier Gay a le talent habile et ça fonctionne : les portraits sont bien bâtis et sonnent justes et vrais.
L'histoire débute sur un pari : suite à un incident mineur impliquant la fameuse Manon, Alexandre, blessé dans son orgueil, se met en tête de la séduire pour ensuite la quitter comme un malpropre. Sauf que ce qu'il n'avait prévu, c'est que Manon n'est pas vraiment une fille… ordinaire. Ses parents sont de très puissants Mages blancs, son frère et sa soeur possèdent également des capacités extraordinaires et chez les Lemans, on s'entraîne à plonger dans les Couleurs comme d'autres bûcheraient sur un contrôle d'histoire.
Alexandre est plutôt le garçon qui irrite et exaspère, et puis au fil des pages on se prend à aimer le détester, voire à être touché par cette gentillesse qu'on sent parfois poindre en lui et les hématomes qu'il cache régulièrement sous du fond de teint, cadeaux gratuits d'un père nocif. Alexandre a, je trouve, l'évolution la plus intéressante : du rebelle irrespectueux et impertinent, il glisse peu à peu vers davantage de respect, de considération et d'attention pour l'autre. Ce n'est finalement pas le « vrai » personnage principal mais c'est celui qui, pour moi, casse les codes et porte l'histoire.
Les voix d'Alexandre et de Manon se relayent au fil des chapitres et, dès le départ, l'écriture m'a impressionnée :
Olivier Gay écrit moderne, il écrit vif, il écrit décalé et c'est terriblement immersif et vivant. J'ai été séduite par l'humour qui perle au fil des pages et j'ai adoré les dialogues, extrêmement bien composés et pertinents.
L'univers est aussi fascinant qu'inventif : un monde au sein duquel les humains normaux côtoient des mages sans jamais le savoir, un monde dans lequel chacune des sept couleurs du Spectre est reliée à une compétence magique… ça m'a éblouie, fascinée.
Ce livre n'aurait pas eu cette saveur si singulière sans ces petites pointes d'humour permanent. Ce sont de vraies respirations pour le lecteur car au fil des pages, le scénario se durcit, les menaces se resserrent et les pièges se font plus sournois, la fameuse couleur Noire fait son apparition et le roman prend vraiment un tournant inquiétant et beaucoup plus dramatique.
Au final, ce que je retiens vraiment de ce premier tome c'est sa fraîcheur, sa sincérité, sa légèreté fêlant sans cesse la noirceur de l'histoire. J'ai beaucoup souri malgré la dureté – voire quelquefois la violence – de l'intrigue, et éclaté de rire à de nombreuses reprises, ce qui m'arrive rarement avec les romans young-adult. C'est une oeuvre très culottée, impertinente, pleine d'énergie, de panache, de mordant et de vitalité. le final est à la fois ébouriffant et subtil… mais en même temps il présage de dangers encore plus sinistres à venir…
« le noir est ma couleur » est donc le premier roman avec lequel je découvre
Olivier Gay et je sais déjà que je vais me jeter sur les tomes suivants, enivrée par cet univers exalté, vif et bouillonnant. Une vraie bouffée d'air frais et un univers addictif, habilement exploité, auxquels je ne m'attendais absolument pas. Un court roman qui se dévore et que vous ne pourrez plus reposer avant la dernière ligne – je vous aurai prévenus.
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