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Fantasmes à tous les étages!

Dans ce claque très classe, on vient chercher l'orgasme du pouvoir, un grand vertige existentiel pour le prix d'une passe, c'est plus efficace qu'une psychanalyse et à la portée du premier minable venu. Surtout quand, hors du microcosme maternant du boxon, gronde la révolution..

Le Balcon a donné du fil à retordre à Genet le mythomane provocateur, le poète baroque, le dramaturge incendiaire. Comme Cyrano attaqué par Christian, il le critiquait lui-même " avec assez de verve" ..

C' est une oeuvre que j'ai trouvée difficile à lire, mais passionnante à jouer ou à voir jouer!

Dans une mise en abyme que Genet affectionne -il faut lire et voir Les Bonnes, encore plus étonnant et nettement plus abouti que le Balcon- le bordel de Madame Irma devient le théâtre où les clients, pour leur plus obscur plaisir, se travestissent, en Evêque, en Général, en Juge...les trois pouvoirs avec lesquels Genet avait maille à partir, dans sa vie réelle ou rêvée, donnant à voir aux spectateurs non le pouvoir lui-même, mais , comme dans une galerie des glaces sur le champ de foire, son image déformée par le prisme de l'obsession et de la frustration, ce qui est beaucoup plus intéressant!

Le pouvoir, son reflet, et derrière, l'homme lui-même, tout nu, sous les dentelles de son déguisement...

Shakespeare l'a bien dit: All the world's a stage! Ici, les jeux de miroir réfléchissent cette maxime puissante jusqu'au malaise..

Une langue toujours précieuse, jamais vulgaire, peut-être un peu trop embijoutée, trop fardée, comme ces dames elles-mêmes, mais c'est la marque du poète baroque qui ne sommeille jamais quand le dramaturge prend la plume..

A voir ou à monter, plus qu'à lire!
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Nouvelle mise en abyme avec cette autre pièce de Genet, mais dans un genre beaucoup plus grand-guignolesque et absurde : finie la sobriété des décors, des personnages, et de la situation des soeurs des Bonnes, puisque nous atterrissons, sans coup férir également, dans un bordel bien particulier. En effet, les clients paient pour jouer des rôles de personnages puissants, dans des mises en scènes rodées au millimètre, face à des femmes qui vont être sous leur domination : ainsi de l'Evêque, du Juge, ou encore du Général. Au fil de neuf tableaux, nous découvrons le fonctionnement du bordel, sa tenancière, Irma, et tous ceux qui gravitent autour, avec en toile de fond une révolte populaire qui gronde alentour, sans que l'on ne connaisse vraiment, du début à la fin, les raisons de cette révolte, mais dont nous découvrirons, malgré tout, l'issue.

Que de thématiques abordées dans cette pièce foisonnante, parfois complexe à appréhender de ce fait, notamment en raison de la profusion des personnages, des relations, ou encore des intrigues qui se nouent, sans que l'on ne comprenne immédiatement leur finalité. L'on peut facilement s'y perdre, à l'aune des jeux de pouvoir, des jeux de miroir et de trompe-l'oeil – au sein des décors comme des personnages -, qui symbolisent tout le caractère illusoire et factice de notre société. Caractère aussi parfaitement mis en exergue par le langage utilisé, tour à tour percutant, fusant avec beaucoup de violence, et ample, permettant aux personnages de mettre en lumière toute leur duplicité – ils jouent presque tous, un rôle, après tout-, ou encore par la variété des registres, nous faisant évoluer en quelques répliques d'un grotesque carnavalesque à un tragique noir, désabusé et cynique, le tout éminemment représentatif de la pensée, et de l'esthétique, du dramaturge.

Une grande pièce en somme, qui bouscule, avec délectation, et les codes théâtraux, et les codes moraux des années 1950, sur laquelle je vais avoir plaisir à travailler cette année.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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La dramaturgie subversive de Jean Genet, l'un des auteurs les plus atypiques du "théâtre nouveau", trouve une résonance particulière dans le Balcon . Cette pièce marque un tournant dans l'oeuvre de Genet, qui en publie d'ailleurs cinq versions successives : sur le plan dramaturgique, l'auteur brise l'unité de la scène et multiplie le nombre des personnages. Ces derniers jouent leurs scénarios pervers dans la maison de prostitution " le Grand Balcon" tenue par Madame Irma, alors que la révolution fait rage dans la ville. Les clients du Grand Balcon viennent sous des habits d'emprunt, chercher une image idéale dont ils seront « la figure » pendant le scénario pervers qu'ils joueront avec l'une des prostituées de Madame Irma. C'est ainsi que l'on peut assister aux séances d'habillage et de déshabillage du client.
Le personnage se distingue dans le Balcon par son caractère protéiforme . C'est le cas de l'Evêque qui se réjouit d'entendre confesser les pêchés, du Juge sadique qui veut fouetter la Voleuse, du Général heureux de succomber aux blessures des batailles. Ne disposant d'aucune identité, il prend de ce fait des allures multiples. Ainsi, le Général ne nous sera connu que sous l'étiquette d'un client assidu de la maison de Madame Irma, qui vient satisfaire ses fantasmes en revêtant l'uniforme et en mimant sa propre mort sur le champ de bataille avec l'aide de la fille dont il s'assure les services. du reste, le personnage de Madame Irma est central: elle observe tous les salons de la perversion à travers un viseur qu'elle a installé dans sa chambre et c'est donc par ses yeux que le spectateur voit quelques scènes "obscènes". Quand l'Envoyé de la cour propulse Irma sur le devant de la scène politique afin de se servir d'elle, cette dernière devient une figure qui remplace la reine morte lors de la révolution. Cette machination met fin à la révolution.
Le Balcon reste d'une actualité surprenante même si sa version finale remonte à 1961. Genet y associe, non sans ironie, la société occidentale à un bordel de luxe : un lieu où s'échangent les corps contre de l'argent, où règnent la supercherie et l'illusion.


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Un bordel de luxe, alors qu'au-dehors gronde la révolution... Tandis qu'en son sein se livrent les secrètes perversions de successivement un évêque, un juge et un général, sous l'oeil inquisiteur de Madame Irma, surveillant toutes les chambres de son austère bureau. Une pièce de théâtre dont Jean Genet a mis du temps avant d'en boucler l'écriture : insatisfait de son travail pendant la gestation de son oeuvre ("C'est très mauvais, et très mal écrit. Prétentieux" dixit l'auteur à son propos durant son écriture). Jean Genet veut susciter des fables pour adopter un ton caricatural, tout dans le ton de la pièce. L'auteur réussit donc son entreprise stylistique, mais pousse le nihilisme jusqu'à (dans mon édition) donner des indications de mise en scène, insatisfait d'un bon nombre de ses représentations auxquelles il assista dans le monde.
Mon point de vue se résume simplement : je me suis emmerdé. Comme Jean Genet durant l'écriture du Balcon (dixit lui-même, encore). Un peu trop statique, plutôt répétitif, peu d'action concrète rendent la lecture de cette pièce éprouvante. le côté pervers et malsain n'y est pour rien, il ne fait au contraire qu'ajouter au ton satirique de l'oeuvre. Jean Genet manifeste, par la construction d'"acteurs" au sein de cet univers interlope qu'est la maison close, son mépris pour les professions évoquées en exaltant captieusement leur perversion, et c'est ce qui fait la puissance de l'oeuvre.
En résumé de cette critique fort mal écrite : lecture harassante, malgré un bon fond, mais pièce sans doute intéressante du côté du spectateur. La lecture bien que désagréable laisse à entrevoir de bonnes possibilités de mise en scène, sans doute capables de rendre son interprétation très captivante et plus agréable.
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Le peuple est mécontent, il se révolte. de quel lieu observer ce soulèvement? Quel endroit montrera le mieux les rouages de la révolte en action? Un bordel pardi! Et à la tête de celui-ci, madame Irma aux commandes des vices humains.
Le peuple obtiendra-t-il gain de cause? La société peut elle changer?
Jean Genet nous propose une intrigue théâtrale au coeur des considérations les plus basses et où se met en place la mécanique implacable des soulèvements populaires.
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Marshall McLuhan le célèbre gourou de la communication électronique affirme dans "Pour comprendre les médias" ("Understanding Media") que "Le Balcon" est un des très grands chefs-d'oeuvre du vingtième siècle. D'après McLuhan "Le Balcon" démontre que "depuis l'avènement de la photographie, la société occidentale n'est qu'un bordel entouré d'horreurs et de la violence." (p. 189)
Je partage entièrement le point de vue de McLuhan. "Le Balcon" est une des pièces de théâtre incontournables de notre époque.
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