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sur 273 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
N°719 – Janvier 2014.
PETITES SCENES CAPITALES- Sylvie GERMAIN – Albin Michel.

Tout commence par une question face à une photo comme seuls les enfants savent naïvement en poser, embarrassante surtout si c'est la grand-mère qu'on sollicite face à un cliché pris à la maternité. Il est difficile de s'imaginer que le temps à passé que les corps se sont transformés et quand les interrogations se font plus précises, sur l'avant-naissance, sur la sexualité, cela devient plus compliqué. Les histoires de choux et de roses qui ont pourtant duré longtemps ne prennent plus. Lili, cinq ans, ne fait pas exception mais son histoire à elle se complique un peu. Sur la photo qui la représente à sa naissance avec sa mère, il y a forcément des demandes supplémentaires. Cette femme a quitté son mari peu de temps après alors que sa fille n'avait que onze mois et s'est noyée de sorte que cette petite enfant n'a pas eu l'occasion de l'appeler maman. de son côté, son père s'est remarié avec Viviane, ancien mannequin de chez Patou qui forme avec lui une famille recomposée surtout qu'elle est accompagnée de trois filles et d'un garçon. Lili, fille unique de ce père doit donc déménager et quitter l'ancien appartement familial près du jardin public et de ses oiseaux. de plus, elle s'aperçoit à l'école que Lili est un surnom et qu'elle se prénomme en réalité Barbara ce qui, bien entendu lui pose question et renforce ses doutes. le traumatisme de son changement de vie l'incite à penser que cette substitution de prénom est une erreur mais surtout que l'erreur c'est elle, qu'elle est un oubli, une fille surnuméraire en quelque sorte qui a « l'impression de n'occuper qu'un strapontin au fond du théâtre affectif de la famille ». Elle prend conscience qu'elle n'est plus le centre de cette nouvelle vie et que son père lui échappe de plus en plus. Elle est donc plus observatrice qu'actrice de cette enfance qui est la sienne et cette posture de retrait affectera son adolescence et sa vie de femme dans l'étourdissement de Mai 68, de ses slogans qui se voulaient révolutionnaires, l'illusion de liberté des hippies, la constante recherche de sa place dans le monde à travers des amours de passage et des essais professionnels plus ou moins avortés et la recherche du père.

Dans cette nouvelle fratrie, il y a des règles jusque là inconnues, chacun délimite son territoire et cela provoque chez Lili-Barbara une sorte de mal de vivre qui la fait osciller entre le désir de vivre et l'attirance vers la mort d'autant que le décès de sa grand-mère fait resurgir des images désuètes et faussement religieuses qu'elle ne comprend pas. Elle renvoie à celle de sa mère dont elle ne sait rien et cela devient obsédant. Cette fratrie un peu hétéroclite se verra aussi décimée par la mort et par la fuite de la cellule familiale. Au cours de ce roman des révélations se font au hasard des rencontres, des prises de conscience aussi. Lili apprend par petites touches l'histoire de cette parentèle d'occasion autant que lui est révélée la véritable raison de son changement de prénom. Elle se réappropriera celui de Barbara, à cause de Jacques Prévert ou de « longue dame brune », mais pas seulement.

Ce sont donc 49 scènes capitales où se dessine la vie de Lili-Barbara. L'écriture est légère, fluide, agréable à lire. Dans les descriptions, j'ai retrouvé avec plaisir la dimension poétique que j'avais notée lors de la lecture de romans précédents (La Feuille Volante n°75 – n°311). Elle adoucit les thèmes existentiels de prédilection de Sylvie Germain, la mort et l'absence, le pessimisme, la résignation, le fatalisme, une réflexion sur l'amour et le traumatisme d'enfance dont on ne peut guère se libérer malgré les années, le délitement de la cellule familiale qu'on voulait pourtant préserver et faire perdurer, la mort des enfants, le besoin de se raccrocher à quelque chose même s'il n'y a plus rien, l'errance, l'abandon, la solitude, la recherche de l'identité, la vanité des choses de cette vie, l'ambition et l'envie d'exister qui sont immanquablement broyées ce qui instille en vous la certitude de n'être rien, qu'une ombre, qu'un leurre qui caracole d'une rive à l'autre sans autre but que s'empêcher de penser aux réalités et au temps qui passe[« le temps poursuit en elle un long travail d'émondage et de creusement »]. Elle nous rappelle que notre passage sur terre n'est pas une chose facile à vivre, à accepter. Elle l'évoque dans toute sa cruauté, loin de la transcription idyllique des poètes et de l'hypocrisie coupable de la religion quand le Dieu qu'elle est censée honorée est si cruellement absent de la vie des hommes, ses créatures !

Du temps a passé pour Lili-Barbara depuis ces questions naïves devant une photo de sa lointaine enfance. Des morts ont jalonné ce parcours cahoteux, des illusions se sont dissoutes, des certitudes se sont enfuies mais les souvenirs restent qui embellissent les choses même si perdure cette impression bizarre que tout cela n'a servi à rien.

A titre personnel, il m'arrive rarement de me sentir à ce point concerné par un roman qui est avant tout une fiction, un exercice de style, une histoire romancée.


©Hervé GAUTIER – Janvier 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

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L'histoire : celle d'une famille recomposée, Gabriel veuf en charge de sa fille unique Lili-Barbara, se marie avec Véronique mère de trois filles, Jeanne-Joy l'aînée, père inconnu, les deux jumelles Chantal et Christine, dont le père vit en Australie, remarié, et enfin Paul le seul garçon demi-frère ( ?) des unes et des autres.
Lili-Barbara va donc faire connaissance et partager sa vie de gamine et d'ado auprès de toute cette tribu dont les particularités sont assez impressionnantes, et on imagine sans peine les difficultés et les joies que peut représenter une telle situation. A la mort de sa grand-mère maternelle Lili devra s'obliger à participer au clan, et la vie s'écoule, lentement mais assez agréablement auréolée par le récit de l'auteur et sa forme narrative assez dense, poétique, beaucoup trop parfaite même parfois à mon sens.
L'histoire d'une famille et de ses secrets, de ses non-dits, que l'on découvre au gré des années, l'intensité du récit est porté à son sommet jusqu'au point de non retour, qui amorce une descente « aux enfers » un drame et tout ne peut plus être comme avant…
Les secrets se dévoilent peu à peu, et chacun des membres de cette famille meurtrie essaie de se reconstruire. Mais l'intrigue alors ne devient que souffrance et douleur, douleur des mal-aimés, douleur des incompris, qui par la vie, qui par l'amour, qui par la société. Peut on comprendre que le drame survenu à un instant t, soit la cause ou la conséquence du mal être général de ces gens, je ne sais. Mais à partir de là, il semble que tout ce soit liquéfié, même l'écriture en devient malaise, parce que trop de recherches dans l'excès, dans le parfait pour dissimuler les failles. Et puis, vint l'ennui, même quand sortant de derrière les fagots, le mystère de Paul, rejaillit….
Première oeuvre lue de Sylvie Germain, déception, la « musicalité parfaite » de l'écriture est par trop souvent artificielle, ne laissant jamais poindre une émotion réelle. Heureusement les chapitres sont courts, permettant le souffle de la vie de faire surface et de laisser l'espoir d'un meilleur poindre à l'horizon…
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49 étapes de la vie d'une fille devenue femme. Des hauts, des bas, des déconvenues, des satisfactions (peu tout de même) alignés comme des photos. Lili n'a pas connu sa mère, disparue alors qu'elle était toute petite. Fille unique, élevée en partie par sa grand-mère, elle doit apprendre à partager son père avec une femme et d'autres enfants. Comment trouver sa place, montrer que l'on existe ? A 20 ans elle en apprend davantage sur sa mère, cette grande absente, et elle dérive. On reste un peu sur sa faim sur ce sujet. En effet, le résumé, le début du livre insiste fortement sur cette mère qui n'est pas là. Or curieusement le sujet est très peu évoqué.

Si le livre m'a quelque peu agacé au début, je n'aime pas ce mode narratif à la troisième personne pour raconter une histoire, j'ai tout de même pris plaisir à le lire. Bien écrit dans un vocabulaire choisi mais abordable cette grande fresque familiale traduit nos propres interrogations. Sylvie Germain décrypte, analyse ici les scènes, drames, sentiments du commun des mortels. Chacun retrouve dans les personnages du livre un petit peu de soi. Au final on visualise chaque scène et on attend avec impatience de savoir comment Lili/Barbara va s'en sortir.
Il suscite bien des questionnements ce livre, sur les sentiments, les relations familiales, les secrets de famille. Tout est finement analysé. Il y a juste ce qu'il faut de pathos sans tomber dans mièvrerie.
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Agréable lecture. Dans ce roman, l'auteur nous raconte quelques moments de vie de Lili-Barbara, avec ses joies, ses peines et ses questionnements.
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Lili a cinq ans au début du livre et nous allons la suivre par petites tranches de vie pendant quelques dizaines d'années.

Lili se retrouve malgré elle au sein d'une famille recomposée ce qui n'est pas très courant en cette période d'après-guerre. "Est-elle donc vouée à ne toujours occuper qu'un strapontin au fond du théâtre affectif de la famille ?"

Les relations avec son père sont compliquées. "Pourquoi fait-il preuve de tant de délicatesse quand il lui sert un grand vin, et de maladresse aussi blessante quand il lui parle de sa mère, et d'elle-même ?"

Ce livre n'est pas très gai, plusieurs drames jalonnent la vie de Lili, il va falloir qu'elle essaie de se construire.

"La liberté, comme l'amour, a un coût, celui de l'intranquillité, ni l'un ni l'autre ne sont jamais acquis".

J'ai surtout aimé tout ce qui se passe avant mai 1968, la jeunesse et l'adolescence de Lili. J'ai aimé ce que l'auteur en dit. Sa vie d'adulte m'a moins intéressée et j'y ai donc trouvé des longueurs.

En revanche, la toute fin du livre est chouette avec un passage sur un voyage en train durant lequel il se passe quelque chose d'original et qui m'a plu.
Un avis mitigé mais pas totalement négatif loin de là.
Lien : http://pages.de.lecture.de.s..
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Le fait que Sylvie Germain décrive cette vie sous forme de tableaux représentant des moments ne m'a pas gênée. J'ai beaucoup aimé la première moitié qui concerne l'enfance de Lili, les liens qui se tissent entre ces enfants qu'on croit distants mais qui ne le sont peut-être pas tant que ça. Au final, c'est tout même l'impression d'une famille désunie qui perdure. Je n'ai, par contre, pas du tout aimé la seconde partie du roman, qui parle de Lili adulte. C'est pourtant toujours aussi bien écrit mais l'histoire est assez creuse.
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Lili, enfant du Baby Boom, a été abandonnée par sa mère peu après la naissance. Petite fille esseulée élevée par un père peu affectueux, elle se trouve bientôt submergée dans la recomposition d'une famille soudain trop nombreuse.

Quarante neuf courts chapitres dessinent le cheminement d'une femme douce, depuis l'âge des premiers souvenirs, jusqu'à la mort de son père nonagénaire. Ces fragments significatifs dont elle est souvent le personnage central, mis bout à bout, retracent une quête identitaire, obstinée, longue et chaotique. Ni Cosette, ni Cendrillon, Lili n'est pas non plus une rebelle. Il lui faudra du temps et plusieurs tentatives pour forger sa propre volonté d'exister.

Sylvie Germain utilise un système diablement efficace pour faire valoir un personnage principal féminin un peu faible pour occuper pleinement l'espace du récit.

Autour de la sage Lili et de son père, elle convoque une galerie de caractères beaucoup plus charismatiques et complexes : une belle-mère séduisante et énigmatique, quatre demi frère et soeurs pleins de vie, de charme et de mystère. Mais la romancière concentre sur la nouvelle famille de Lili une série d'accidents de la vie qui vident la maisonnée en quelques années.

Pour moi cette construction habile a le défaut de son ingéniosité. Pendant quelques scènes, ce sont Viviane (la belle-mère), Paul et ses soeurs qui monopolisent l'attention. On est sonné par les tragédies familiales qui s'abattent sur eux les unes après les autres : mort accidentelle d'une des soeurs jumelles, mise au monde d'un bébé thalidomide par l'aînée, maladie de la mère, révélation du secret de la naissance de Paul. Pendant cette période d'extrême bouleversement familial, Lili est dans la position d'un témoin, guère plus. Bien sûr cela aura quelques répercussions sur son comportement, mais pas tant que cela.

Si j'ai quelques réserves sur la construction de ce roman de formation et sur son personnage principal, je n'en ai aucune sur la séduction de l'écriture de Sylvie Germain. Scènes très poétiques de la petite enfance (balançoire, manège), observations lyriques de la nature (oiseau, vent, arbre, lac, océan), évocations touchantes de la vie quotidienne en famille (chambrée des filles, excursions et promenades).
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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La question de l'identité est au coeur du livre. Une petite fille découvre, un jour de rentrée scolaire, que son premier prénom est Barbara. Jusque là on l'appelait Lili, Liliane si vous préférez. La situation est plus fréquente qu'on le croit. Quand la révélation a lieu en maternelle les adultes posent les mots qu'il faut. Plus tard ils n'en voient pas l'utilité ou n'en ont pas la force. Cela devient alors un fardeau à porter.

S'envoler pour s'échapper ... La suite sur http://abrideabattue.blogspot.fr/2013/08/petites-scenes-capitales-de-sylvie.html
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Petites scènes capitales est un livre sur les relations familiales (pas toujours faciles) et l'identité. L'auteure explore à travers le personnage de Lili (ou Barbara) la construction personnelle dans un univers plutôt peu propice à une bonne évolution et où la mort est omniprésente.
Petites scènes capitales est un roman classique d'apprentissage. Lili affronte des épreuves et son mal être est souvent palpable. Touchante en petite fille en souffrance, elle a réveillé en moi plus d'irritation en grandissant. Je n'ai pas compris (ou adhéré) à certains de ses choix et j'aurais voulu qu'elle prenne enfin sa vie en mains et devienne enfin moins fade !.......
Lien : http://stephanieplaisirdelir..
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Lili Barbara ne connaît pas sa mère. Elle grandit auprès de son père, de sa belle-mère Viviane et de ses quatre enfants, dans une famille qui ne cesse de se recomposer, décomposer, métamorphoser. le lecteur suit ses différents membres sur cinquante ans, de la fin des années 1950 à 2000 environ.

L'histoire de cette famille, et plus spécialement la place de Lili dans cette famille, est très touchante. La jeune fille est l'unique narrateur, et par certains aspects, cela rend son histoire plus intime. Toutefois, ses réflexions intérieures, ses errements et ses doutes sont parfois difficiles à suivre, malgré une écriture poétique et fluide, très légère.
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