Les hommes vouaient un culte aux jolies femmes, ils etaient aux petits soins pour elles et surtout, ils les écoutaient . Pendant que nous autres, toutes les autres, on colmate les brèches du mieux qu'on peut.
Je jouais les conseillers conjugaux, ricana-t-il tristement.
Comme si j'étais à la bonne place pour expliquer à ces gens comment sauver leur couple... ils debordaient de colère et de souffrance, Maura. Le simple fait d'être assis dans la même pièce qu'eux était une épreuve. J'avais envie de leur dire que ça ne marcherait pas, qu'ils ne seraient jamais heureux ensemble, Qu'ils n'avaient pas épousé qui il fallait.
Maura avait déjà affronté les journalistes à de nombreuses reprises, mais l’avidité de cette foule-ci lui faisait froid dans le dos.
Le mal. Je me retourne pour l’affronter.
C’est à ce moment que je sens sa présence maléfique. Pendant que je me tenais là, à couver ma fille d’un regard adorateur, il m’observait. Il m’a toujours surveillée, guettant son heure, l’occasion de surgir. A présent, il nous a trouvées.
Le vent glace la sueur sur ma peau.
Ma fille Néfertari est l’unique trésor que j’aie rapporté d’Egypte. Et je suis terrifiée à l’idée de la perdre.
Dans la cuisine, je vérifie les fenêtres, la porte. Pareil dans le séjour. Tout est bouclé. Je m’arrête devant la chambre de Tari. Elle protège farouchement son intimité, désormais, mais sa porte ne ferme pas à clé, car je ne le permettrai jamais. Je dois être en mesure d’inspecter cette pièce, de m’assurer que ma fille ne risque rien.
J’ouvre le tiroir de ma table de chevet pour y prendre le pistolet. Il n’a aucune existence légale, et ce n’est pas sans appréhension que je conserve une arme à feu sous le toit familial. Quoi qu’il en soit, après six week-ends passés au stand de tir, je sais m’en servir.
Quand je ferme les yeux me reviennent les visions d’Egypte, immuablement.