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4,18

sur 381 notes
Fin des années 30, le chef de la police locale d'un village roumain convoite la femme de Iohann Moritz. Il le dénonce comme étant juif, même s'il ne l'est pas. Iohann est alors envoyé dans un camp de travail. Il s'en échappe pour fuir en Hongrie, où il est suspecté d'être un espion roumain. Il est ensuite envoyé en Allemagne comme travailleur " volontaire ". Dans ce camp de travail allemand, un médecin décèle chez lui une supposée descendance aryenne qui le conduit à incorporer la SS à ses dépends. Il contribue à l'évasion des détenus dont il a la garde et rejoint les lignes américaines. Il est alors interné comme ressortissant d'une nation ennemie.

Pendant plus d'une décennie, il se verra privé de liberté et parcourra plus d'une centaine de camps.

Un résumé en apparence alléchant. J'ai apprécié les premières pages de ce roman. Néanmoins, au fil des pages, je me suis perdu dans cette lecture. Je comprends la vision de l'auteur qui veut dénoncer à travers cet écrit la déshumanisation de l'individu, mais l'invraisemblance du récit et la caricature des différents acteurs de cette époque ne m'a pas complétement convaincu. Dommage.
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"Keep smiling"
C'est ainsi que se termine ce roman bouleversant, effrayant et d'un pessimisme à nul autre pareil.
L'auteur roumain, Constantin Virgil Gheorghiu, a connu une vie plutôt chaotique du fait, entre autres des changements d'orientation politique des gouvernements des pays (Roumanie, Croatie puis Allemagne) où il a vécu les années d'entre-guerre et de guerre. Violemment anti-communiste, il a fini par obtenir l'asile politique en France en 1948 après avoir été emprisonné à plusieurs reprises en Allemagne par les américains.
Le roman décrit les itinéraires d'un paysan Yohan Moritz d'un petit village de Roumanie et d'un intellectuel fils d'un prêtre orthodoxe Traian Koruga du même petit village.
Les deux personnages se croiseront à diverses reprises.
Traian Koruga observe les diverses situations kafkaïennes que l'Homme est amené à subir du fait des totalitarismes qu'ils soient soviétiques ou nazis. Ainsi l'Homme au-delà de la vingt-quatrième heure se transforme irrémédiablement en homme-machine ou en citoyen technique et perd complétement son libre-arbitre ou sa liberté. La preuve en est que même si on fuit les 2 totalitarismes précités, on se retrouve chez les "américains" ou chez les "occidentaux" qui ne peuvent faire autrement que de se protéger préventivement et d'interner ces fuyards. Et même ceux qui sont chargés d'interner ces pauvres bougres ne peuvent rien faire contre cette loi générale. Comme s'ils étaient eux-mêmes prisonniers de cette loi générale.
Quant à Yohann Moritz, lui va vivre treize ans d'internements variés et successifs – pour rien – gratuitement !
Résumons l'essentiel de l'effrayant itinéraire du héros. Au départ, un acte malveillant d'un policier du village roumain (qui convoite en vain son épouse) le désigne faussement comme juif et le fait interner. Il s'évade vers la Hongrie où il est interné cette fois comme espion roumain puis vendu à l'Allemagne comme travailleur volontaire où il est repéré par un colonel SS comme le type même du pur aryen et sous sa protection, devient gardien SS d'un camp ; il s'évade à nouveau cette fois avec des prisonniers français qu'il est censé surveiller mais est emprisonné à l'arrivée par les américains comme criminel de guerre dont il ne parviendra qu'à la longue à se libérer pour retrouver sa femme et ses enfants qui ont fui la Roumanie après des exactions des soldats communistes. Il restera libre 18 heures chrono avant d'être interné à nouveau cette fois avec toute sa famille dans un camp américain, cette fois à cause de la nouvelle guerre dite froide entre blocs Est/Ouest… Bien sûr, je pense que Gheorghiu force bien un peu la note pour montrer l'absurdité du monde nouveau et surtout les nouvelles servitudes auxquelles les gens doivent se plier.
Mais n'y a-t-il pas un fond de vérité, vrai encore aujourd'hui et peut-être de plus en plus, à cause de réglementations plus précises ou plus contraignantes, à cause des méfiances face à l'inconnu, dans le fait que quelqu'un qu'on déracine ou qui fuit pour un monde qu'il espère meilleur, restera toujours l'étranger et par conséquent potentiellement suspect.
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Un roman passionnant, par un auteur né rouamain en Moldavie.
Le livre est clairement antitotalitaire et l'auteur y dénonce un monde moderne totalement déshumanisé.
La 25ème heure est l'heure qui vient trop tard.
Le roman est plus que noir, touffu et violent.
Les héros sont magnifiques, pathétiques et naïfs et sont ballottés par les soubresauts de l'Histoire et leurs utopies seront inexorablement broyées.
Pourtant, les évènements et les tragiques péripéties tiennent souvent du conte (mais pas du conte de fée).
Le héros principal retrouve tout au long de ses voyages forcés des connaissances, évènement hautement improbable.
Mais cela constitue une partie du charme de cet extraordianire ouvrage aux allures kafkaïennes en diable.
Ne pas lire tout de même quand on n'a pas le moral quelque soit l'excellence du texte !!!
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Un livre passe dans la légende qui m'a laisse un peu sur ma faim : la theorie développée me semble tres simpliste par rapport a la gravité des événements decrits ici.Le livre se base donc pour moi sur un concept fumeux pour développer des passages assez lunaires sir des événements gravissimes et atroces de l'histoire.Bref,je n'ai vraiment pas accroché.
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Un livre bouleversant, aussi obscure que l'époque qu'il décrit, ce moment de notre Histoire où la lumière s'est éteint sur le monde et sur les Hommes pour laisser place à la plus vile et la plus terrible machinerie: celle qui fait de l'autre, différent, un ennemi, qui pousse à sa chasse sans répit jusqu'à sa destruction physique et psychologique. Cette organisation alimentée par la haine et l'exclusion et dont le résultat se compte en nombre de vies ôtées, d'hommes mutilés, de femmes violées et d'enfances sacrifiées.
C'est l'h(H)istoire d'un homme, Iohann Moritz, roumain, pris dans les filets du temps. Dénoncé comme juif par la jalousie d'un agent au service du pouvoir qui convoitait son bonheur simple, il est arrêté et déporté dans un camps de travail forcé. Tour à tour ennemi, évadé, prisonnier, allié ou seigneur de la "race", changeant de nom et de nationalité au fil des arrestations, il est violenté d'un camp à un autre, au gré des fiches d'identité qui constitue le dossier qu'il est devenu et qui le dirige malgré lui, sans que sa parole ne soit jamais entendue ou écoutée.
Le destin tragique d'un homme hors du temps, prisonnier de la 25ème heure, celle où l'humain abandonne son âme pour laisser place à la folie, guidé, telle une machine, par les rouages froids de l'obéissance aveugle, de la violence sadique et de l'exécution sommaire. Celle où les drapeaux des pays du monde se tache de la même couleur rouge du sang qu'ils font couler du corps de leurs prisonniers transformés en matricule.
Lecture intemporelle qui raconte autant les cruautés subies par les minorités et prisonniers durant la 2ème guerre mondiale que les abus d'un système bureaucratique anodin qui remplace, dans le traitement des hommes, des femmes et même des enfants, le coeur et la bonté par la rigueur des procédures administratives et leur froide absurdité. Ou comment des humains deviennent agents du pouvoir et appliquent à leurs semblables des règles iniques et injustes sans ressentir une once de culpabilité, convaincus qu'ils agissent pour le bien commun. Situation complètement d'actualité au vu des règles absurdes mises en place régulièrement dans notre société.
L'écriture est concise lorsque l'auteur narre le destin de son personnage. Les mots offrent peu de lumière et de douceur, les phrases sont courte à l'image de sa vie brisée et le récit des atrocités subies assez brutal. Elle est plus philosophique, voire poétique, lorsque l'histoire se centre sur Traian, compagnon d'infortune de Iohann et rare figure humaine parmi les masques d'exécutants et d'exécutés qu'il côtoie.
Ce roman me laisse un goût de désespoir tant il montre que la cruauté de l'être "humain" n'a plus de limite lorsque il devient un robot aveugle et sourd dans l'exécution des tâches qui lui sont assignées, le long d'une chaine dont la finalité cruelle lui est étrangère. Mais sa lecture est pour moi indispensable afin de ne pas oublier que cette 25ème heure nous guette et reste tapie dans l'ombre de l'horloge du temps, prête à nous saisir à chaque instant, dès lors que l'Homme perd le chemin de sa destinée qui le relie de son coeur à son âme, dès lors que l'Homme cesse d'être Homme.
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Moritz est un petit paysan Roumain dont la vie semble toute tracée. Amoureux de Suzanna, la fille d'un voisin mal embouché, il décide de partir une saison ou deux en Amérique puis revenir marier la belle, une fois fortune faite.
La veille du grand départ, il lui rend visite, mais le père acariâtre déjoue tous ses plans. Au passage, il tue sa femme et oblige les deux tourtereaux à se réfugier dans une annexe du presbytère. A partir de là, tout s'enchaine dans une formidable descente aux enfers.
Nous sommes au début du second conflit mondial. Par jalousie, un gendarme dénonce Moritz comme juif. le voilà embarqué dans un camp. Dont il s'échappe pour gagner la Hongrie voisine. Là, nouvelle méprise : il ne parle pas le yiddish dans le camp juif. Personne ne veut croire qu'il n'est pas juif. Il réussira toutefois à s'évader avec une bordée de compagnons qui auront vite fait de l'oublier.
Pendant ce temps la terrible machine administrative suit son cours : on demande à sa femme de divorcer si elle veut garder sa maison. Mis au courant de cette séparation forcé, il ira se marier avec une gentille servante allemande. Car Moritz a entrepris un périple qui va le mener dans une quarantaine de camps. Jusqu'à être fait prisonnier par les alliés libérateurs qui le considèrent comme un dangereux nazi.
Gheorghiu connait bien son affaire, puisqu'il a vécu toute cette période, le roman est paru en 1949 en France.
La thèse qui sous-tend tout le roman, érigée par le fils du pasteur dont Moritz est l'ami, veut que l'homme vit ses dernières heures, la vingt-cinquième étant celle où l'on ne peut plus rien faire, parce qu'il est trop tard, que la technologie et les hommes-machines ont remplacé tout sentiment humain.
Terrible réquisitoire contre cette administration toute puissante où l'individu est nié : les arrestations, tout comme les libérations éventuelles, ne se font pas au cas par cas, mais en fonction de groupes, de statistiques.
Ainsi tout le monde en prend pour son grade : les nazis, bien sûr, mais aussi les dangereux bolcheviques et jusqu'aux américains qui suivent la même procédure de déshumanisation.
Gheorghiu ne pouvait pas savoir à quel point il misait juste à l'époque.
Tout, dans notre monde contemporain, corrobore à ce que l'individu soit nié : plateforme téléphoniques, digicodes, remplacement des noms par des numéros, langage sms, guichets automatiques, caisses sans caissiers…
La vingt-cinquième heure se situe au centre de « si c'est un homme » de Primo Levi, du « zéro et l'infini » de Koestler et du « meilleur des mondes » d'Huxley ou « 1984 » d'Orwell.
Glaçant. Et terriblement d'actualité.
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Le résumé éditeur est excellent. Voici ce que j'ai écrit sur ce livre pour une autre éditionPour ceux qui n'ont pas lu ce chef d'oeuvre, il se passe pendant la dernière guerre et a été écrit peu après, au moment où fleurissait la littérature de l'absurde. Les prêtres sont pendus par un tribunal populaire communiste. C'est l'histoire de la lutte entre l'humanité et les bureaucraties aveugles, d'où qu'elles viennent. Aujourd'hui, cela donnerait "Tapez 3, toutes nos lignes sont occupées, veuillez patienter,...". Un Roumain dénoncé et emprisonné comme Juif avant la guerre par le régime pro-allemand, puis emprisonné comme roumain par les Hongrois, se voit au contraire décerner un profil de pur aryen et devient gardien d'un camp SS. Il fuit avec des Français qu'il aide à se libérer, et est considéré comme héros par les libérateurs américains, puis réincarcéré en 1943 en vertu de sa nationalité car on ne connait que les catégories, pas les individus. Il proteste, et on l'envoie en psychiatrie, puis dans d'autres camps. Au total,13 ans de camps et de pérégrination. Il s'appellera successivement Ion, Jacob, iankel, janos, johann, etc. et subit les choses à la manière de L'Etranger de Camus. Il ne sera sauvé qu'en s'engageant comme volontaire dans l'armée américaine. Il retrouve enfin sa femme, violée par les Russes,... avec un enfant. On croirait parfois lire une description de l'"opération militaire spéciale" de Poutine en Ukraine car l'histoire se répète avec les mêmes atrocités. Citation d'un supérieur de camp qui résume le livre: "Les interrogatoires sont faits pour poser des questions, et non pour écouter les réponses". Impossible de prouver quoi que ce soit quand des fiches disent le contraire ou ne disent rien. Gheorghiu fut lui-même après la guerre, quand la Roumanie a été occupée par l'URSS, pope orthodoxe comme son père, et responsable de la paroisse roumaine de Paris. Son livre est un plaidoyer contre la guerre et contre la déshumanidation de la bureaucratie.
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L'histoire de Iohann Moritz, inspirée de fait réels, m'a souvent révoltée. J'ai souvent eu envie de "réveiller" ce personnage tant il est d'une naïveté déconcertante. L'époque est horrible et l'histoire de cet homme est terrifiante de malchance.
La philosophie qui en ressort n'est pas inintéressante et questionne le lecteur.
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Ce livre est paru peu d'année après la fin de la guerre et du nazisme. Il a été parmi les tout premiers à exposer les désastres causés à travers l'Europe par la mise en place de cette idéologie totalitaire (et ai-je le droit de dire racisée ?). Alors on peut lui reprocher un côté catalogue, mais l'intérêt est de faire un tour d'horizon des conséquences de cette folie.
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Roman écrit en 1949. La guerre n'est pas finie. La sera-telle un jour ? ....
A travers le destin d'un homme c'est la folie du monde que l'auteur nous dépeint derrière et à travers ces lignes de barbelés.
Occident, Orient. Est, Ouest. Capitalisme ( même si ce terme n'est jamais employé par l'auteur), communisme. On suffoque, on étouffe, on espère encore, et encore. Mais l'auteur ne se fait pas d'illusions...Mais nous aimerions tellement, nous lecteurs, en avoir encore un peu....
Grand roman, oui. Terrifiant oui. La 25e heure. La fin de l'humanité, l'heure à laquelle les machines infernales prendront le pouvoir. Qu'on les nomme dictature, économie, chiffre, rendement, productivité, et même croissance, toutes sont les grains de sable qui remplissent le grand sablier, et ensevelissent les humains. Historique et prophétique.
Le communiste est une création du capitalisme. Nous sommes, Marx, Gheorghiu et moi même d'accord sur ce point. et j'ajouterai : le fascisme également.
Astrid Shriqui Garain



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