Le château des brumes

- Suis-je morte ? demandai-je.
Il secoua la tête.
- Mais non. Bien que certaines personnes se représentent le ciel comme une bibliothèque.

Vous m'avez dit qu'on ne pouvait prendre à personne sa maison quand on portait sa maison en soi-même. Et que l'on porte en soi tout ce qu'il faut pour être heureux.

Tristan me secoua légèrement.
-Il faut te ressaisir, dit-il.
Sur ce, il m'embrassa. Plutôt fougueusement, presque avec désespoir. Il prit ma tête dans ses mains et pressa ses lèvres sur les miennes.
Cela me fit le même effet que l'alcool de poire du beau-frère du vieux Stucky. Le baiser enflamma mon corps et l'emplit d'une nouvelle chaleur.
-J'en ai envie depuis la première fois où je t'ai vue, chuchota t-il en me relâchant.
-O.K. ! O.K. ! Je suis réveillé, lâchais-je.
C'était vrai. De toute ma vie, je n'avais jamais été aussi réveillée.

- Je vais maintenant te dire pourquoi tu es une si mauvaise garde d'enfants : tu n'as aucune autorité naturelle. Les enfants sentent ce genre de chose.
- Et moi, je vais te dire pourquoi tu n'as pas d'amis : tu n'as aucune gentillesse naturelle.

On est super prudente pendant des années et on se garde d'offrir son coeur au premier venu et puis, un jour, on s'aperçoit qu'on l'a tout bonnement perdu.

Une journée n'avait pas à être parfaite pour qu'on en garde bon souvenir.

Pour ma défense : on peut perdre de vue plus vite qu'on ne le pense des enfants dans la neige quand ils font exprès de filer et sont vêtus de blanc de la tête aux pieds. Des vêtements de ce genre devraient être interdits par la loi.

Bienvenue. Welcome. Benvenuto. Soyez les bienvenus au Château des Brumes. Profitez bien de votre séjour!

Qui jouait donc les équilibristes sur des corniches étroites, la nuit, à cette hauteur ? Des artistes de cirque frappés d'ennui. Des super-héros. Des suicidaires indécis. Le Père Noël, un jour trop tôt. Et bien sûr ... des rats d'hôtel.

Cela ne put malheureusement pas se faire car Mme Ludwing, revenue dans l'espace sauna, constata qu'elle avait perdu sa bague. Elle en semblait bouleversée.
- Je l'avais mise avec mes autres bijoux dans la coupelle que vous m'avez donnée, dit-elle, les larmes aux yeux. Maintenant, je ne la retrouve nul part. C'est ma bague de fiançailles vous savez. Elle a une grande valeur sentimentale pour moi.
Sa lèvre tremblait et je me sentis presque fondre de pitié.