AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 104 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Trois femmes, trois pays, trois époques : Anna dans la Tchécoslovaquie de 1944, Inge dans la RDA de l'après-guerre, et Patricia dans l'Allemagne du XXIe siècle. En interrogeant Inge pour les besoins d'un article, Patricia, journaliste, plonge dans l'histoire de son pays, sur fond de question sudète, partition de l'Allemagne, érection du Mur de Berlin, transfuges de l'Est, et Bande à Baader. Mais les motivations de Patricia sont-elles purement professionnelles ? Et quel lien y-a-t'il entre ces trois femmes ?

Voilà un roman à l'écriture fluide, qui se lit rapidement et m'a permis de découvrir avec sidération le sort réservé aux Allemands des Sudètes à la fin de la seconde guerre mondiale -dont j'ignorais tout. J'ai été sensible à l'histoire d'Anna, mais moins à celle d'Inge, et pas du tout à celle de Patricia. de façon générale, les personnages m'ont semblé manquer de consistance, et certaines ficelles de l'intrigue m'ont paru grossières. Quant à la fin, elle m'a laissée pantoise.

Je sors donc déçue de cette lecture, dont j'attendais plus et mieux au regard de son succès auprès des autres lecteurs, même si l'aspect historique m'a plu et que l'intention de l'auteur (telle qu'il l'explique en postface) m'a touchée. Mais j'escomptais un récit plus politique que familial.
Un grand merci, toutefois, à Babelio et aux Talent Editions pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique : ça fait toujours plaisir !
Commenter  J’apprécie          4519

Deux femmes : Patricia Sammler, la narratrice, journaliste dans un grand quotidien à Berlin, mène une enquête sur les allemands de l'est réfugiés à l'ouest qui ont franchi de nouveau le mur dans l'autre sens.
Inge Oelze, la soixantaine, a elle-même fait ce choix, dans les années soixante-dix, avant la chute du mur. Elle est contactée par Patricia qui a repéré son dossier dans les archives de la Stasi.
Trois périodes de l'histoire de l'Allemagne : l'expulsion de la minorité allemande des Sudètes de Tchécoslovaquie à partir de 1945 et les exactions et violences subies par ces populations soupçonnées d'avoir épousé l'idéologie du nazisme, la construction du mur de Berlin et les tentatives d'évasion des allemands de l'est, le terrorisme de la Fraction armée rouge ou "bande a Baader" en Allemagne de l'ouest.
La destinée des deux femmes va croiser ces différents moments-clés de l'histoire mouvementée de leur pays.
Les premiers contacts s'avèrent difficiles. Inge ne comprend pas ce qui a conduit Patricia à l'interroger. Elle la soupçonne de lui cacher des choses et de passer sous silence son véritable objectif. Progressivement un climat de confiance va néanmoins s'installer et Inge accepte de retracer les grandes étapes de sa vie, la déportation de sa mère via un camp de transit, son adoption, à la demande de cette dernière, par une famille de villageois, son désir de fuir l'Allemagne de l'Est. Progressivement, malgré les difficultés, Inge et Patricia, qui ont toutes deux vécu des traumatismes, apprennent à se connaître et à cheminer ensemble dans le travail de reconstitution de leur passé respectif.
Bientôt, un lien apparait qui pourrait expliquer la démarche de la journaliste.
Une intrigue bien ficelée, des révélations en cascade, une habile construction entrelaçant des trajectoires individuelles et des évènements historiques, dont certains méconnus, comme le sort des allemands des Sudètes, l'évocation des frontières mouvantes qui ont redessiné la géographie d'un pays meurtri par la guerre et le terrorisme, font de Post frontière un livre intéressant à lire.
En revanche, je dois dire que le style de l'auteur, les nombreux dialogues, le personnage de la journaliste, ne m'ont pas permis de rentrer pleinement dans cette lecture.
J'adresse néanmoins mes remerciements à Babelio et aux éditions Talent pour m'avoir permis de lire Post Frontière avant sa parution et de découvrir un pan de l'histoire que je ne connaissais pas.


Commenter  J’apprécie          292

C'est un roman/fiction historique. La rencontre d'une journaliste un peu déjantée avec une femme avec une longue histoire.

La journaliste cherchait à interviewer des allemands de l'Est qui étaient passés à l'Ouest puis revenus à l'Est. Mais en fait, elle cherchait autre chose.

Son histoire commence à la fin de la deuxième guerre. Des parents allemands qui vivaient dans le Sudètes (Tchécoslovaquie) et ont été expulsés par les tchèques, en vengeance de ce que les Allemands avaient fait pendant la guerre. Les chemin de vie de cette femme, et de sa mère et frère, sont une épopée.

Le grand point positif est de parler d'une situation historique que l'on ne trouve pas souvent ailleurs : le sort, après la guerre, des allemands qui vivaient dans les Sudètes

Par contre, j'ai aimé moins le nombre de retournements qui m'ont semblé trop rocambolesques dans un roman sensé être historique. Mais c'est une question de goût.

Quelques inexactitudes temporelles. On dit, à 2006, que plus de 20 ans étaient passés depuis la chute du mur de Berlin - en fait, 16 ans. Aussi, en 2006, du GPS dans une vieille voiture de l'Europe de l'Est... je doute.

J'ai été un peu déçu avec la chute finale. Elle méritait, à mon avis, au moins une petite interaction. Mais la encore, c'est juste un avis personnel de quelqu'un qui n'a pas l'habitude de lire ce type de livre.

Commenter  J’apprécie          269
Les fins ne sont que le commencement d'une autre histoire, et nous n'avons qu'une vue partielle des faits des histoires passées et à venir ; celle qu'on a bien voulu nous donner lorsque nous n'allons pas au-devant de l'info, et celle qui est à la mode. Les livres d'histoire nous montrent les puissants se partageant le monde comme s'il s'agissait d'un gâteau, mais rares sont ceux qui nous racontent la vie des individus dans ce grand remembrement. C'est ce que fait Maxime Gillio dans Post frontière à travers les histoires personnelles de 3 femmes.

Je me souviens de l'élévation du « mur de Berlin ». Des reportages nous montraient des gens chargés d'un escabeau dans l'espoir de s'élever assez haut, bien qu'à distance autorisée, pour faire un petit salut de la main à ceux de leur famille restés (ou passés) de l'autre côté. Et cela a duré 33 ans. Qui s'est vraiment intéressé à l'enfer que vivaient les particuliers « protégés » du fascisme que l'ouest représentait ? de loin, nous ne voyons que des généralités, puis une situation que le temps a rendu ordinaire.

La population des Sudètes, des Allemands que les rois de Bohème avaient appelés, pour leurs compétences, au Moyen-Âge, et qui de par leur homogénéité dans la région étaient restés germanophones, se sont vus repérés après des siècles lors de la folie du pangermanisme hitlérien.

Que de souffrances individuelles imposés par la vision globale des chefs d'État à qui tout semble simple : on partage, on regroupe, on déplace. Vues de près, ces simplifications sont des complications : des maisons à abandonner, des souvenirs à laisser, des familles dispersées et des identités perdues.

C'est ce que veut nous faire comprendre Maxime Gillio dans Post Frontière et sans doute nous ouvrir les yeux sur d'autres situation plus récentes ou carrément actuelles qui suivent la même logique (ou plutôt absurdité) et qui provoquent des troubles qu'on ne sait pas gérer puisqu'on garde les yeux bien fermés sur les causes profondes.

Maxime Gillio nous captive avec ces histoires modestes et pourtant si riches d'émotions, ces tranches de vie silencieuses au milieu du fracas de l'Histoire, mises en valeur par un style logique et des chapitres courts.

Et n'oublions pas que l'histoire se répète sous d'autres costumes, dans d'autres endroits et avec d'autres noms.
Commenter  J’apprécie          96
Post frontiere m'a fait penser à deux romans, Zinc de David van Reybrouck et à A l'ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarque que j'ai lus lorsque j'étais lycéenne.
Le premier relate les nombreux changements de frontières d'un pays au cours de son histoire avec les difficultés qui en résultent pour les habitants.
Le second parce que je me rappelle lorsque je l'avais lu à l'époque avoir été frappée par le témoignage poignant d'un soldat du côté allemand sur le front.
Ce livre nous relate à travers le destin de trois générations de femmes celle de la crise des sudètes et notamment du sort des allemands dans cette region après la défaite de l'Allemagne. C'est assez terrifiant et on ne peut s'empêcher de penser à tous les civils qui subissent à travers le monde toutes les conséquences des conflits.
C'est un roman assez glaçant et ce d'autant plus qu'il est tiré d'une histoire vraie.
le côté historique m'a beaucoup intéressée, mais je ne peux pas dire que j'ai adoré ce livre. le personnage de l'enquêtrice notamment était assez désagréable à suivre pour ma part.
Merci encore aux équipes de Babelio pour l'envoi de ce livre.


Commenter  J’apprécie          61
Intéressé et déçu.
Déçu parce que dans une post face, l'auteur explique qu'il s'agit d'une réécriture d'un premier ouvrage paru en 2016, mais qu'il y a gommé le côté polar. Or, c'est bien cet aspect qui fait que ce livre manque de souffle, car on y a affaire à des témoins plus qu'à des personnages, et tout cela manque d'âme.
Intéressé, car je suis aussi amateur d'histoire, et qu'on aborde ici une période et une situation peu évoquées en France. le point de départ est la fameuse question des Sudètes, ces Tchécoslovaques d'origine allemande qui ont servi de prétexte à Hitler pour annexer ce pays, et confier à des Allemands les terres et propriétés des autochtones. Ça, on connaissait, mais moins le revers de la médaille, lorsque le Reich a perdu la guerre et qu'en 1945 les Sudètes sont devenus des parias en Europe centrale. Au point que nombre d'entre eux ont été massacrés ou ont dû endurer des marches de la mort, des camps où les femmes étaient violées, au nom de la maxime « oeil pour oeil, dent pour dent ».
L'ennui, c'est le lien avec d'autres périodes historiques ultérieures, dont les années qui ont suivi immédiatement la construction du mur de Berlin, puis, à partir des années 1970, le terrorisme de la Fraction Armée Rouge. Des dates censées retracer le destin hors norme d'une de ses femmes sudètes (l'auteur affirme être parti d'une histoire vraie), et qui finalement font que Gillio ne sait plus sur quel pied danser, entre polar, roman et faits historiques.
En 2006, on suit, via la journaliste Patricia qui l'interroge, le parcours de la vieille Inge, originaire de l'ex-RDA, concernée par toutes ces dates. Une journaliste qui admet être « psychologiquement instable, alcoolique et en détresse affective » et qui couche avec des inconnus sans se préoccuper du côté sordide de ses actes. On se doute qu'elle a des raisons personnelles de tirer les vers du nez à Inge, à mettre à jour des secrets de famille, et on a là des ingrédients d'un bon polar. Alors pourquoi renoncer à un récit enlevé (le style n'est guère emballant) et décrire platement des faits historiques ?
Commenter  J’apprécie          50
L'auteur, le livre (336 pages, 2023) :
Le dunkerquois Maxime Gillio est un auteur qui touche un peu à tout, notamment au polar : il était porteur d'une histoire de famille (de belle-famille pour être exact) qu'il avait déjà mise en page dans un premier bouquin sorti en 2016, Rouge armé, avec une intrigue fortement teintée de polar à l'époque.
Huit ans plus tard, la maturité littéraire venue, il reprend entièrement son texte pour nous proposer Post frontière, roman qui nous emmène en Europe centrale pour un voyage dans le temps et de chaque côté du Rideau de Fer.

le contexte :
Les sudètes ont la sinistre réputation d'avoir fourni le prétexte au déclenchement de la seconde guerre mondiale. Cette population germanophone de Bohème qui n'avait pas été rattachée à l'Allemagne en 1919, s'est réveillée un beau jour de 1938 rhabillée des couleurs de l'envahisseur nazi : le conflit latent éclatait au grand jour.
Lorsque les russes libéreront la région en 1945, les sudètes haïs qui réussiront à échapper aux exécutions sommaires, seront alors priés de faire leurs valises, quitter leurs maisons et se réfugier en Allemagne (de l'est).
Rarement population aura été aussi malmenée malgré elle dans des conflits et des enjeux qui la dépassait totalement.

On aime bien :
❤️ On se passionne pour cette histoire dans L Histoire qui revisite le passé mouvementé de cette Europe centrale, à travers les destins de deux ou trois générations qui n'avaient plus de toit.
❤️ On apprécie une prose simple et efficace sans fioritures ni débordements, même si on regrette parfois un texte un peu trop explicatif, façon "la RDA pour les nuls".
🔴 On n'a moins accroché au personnage de la journaliste Patricia, prise dans une spirale d'auto-destruction un peu caricaturale. le livre un peu inégal est sauvé par la découverte d'une part méconnue de l'Histoire de l'Allemagne.

L'intrigue :
De nos jours, Patricia, une journaliste instable dont la vie part en sucette, s'appuie sur quelques archives déclassifiées de la Stasi pour aller interviewer Inge, une sudète au passé malmené par L Histoire.
La petite histoire d'Inge qui nous est contée se mélange avec la grande Histoire : la sudète chassée de sa région natale se réfugie en Allemagne de l'Est, puis "passe à l'ouest" pour se retrouver sympathisante de la RAF (la Rote Armee Fraktion, celle de la bande à Baader) avant de revenir du côté Est du rideau de fer.
Mais que veut vraiment Patricia, qu'est-ce qui la motive réellement à enquêter ainsi sur le passé de la vieille Inge ? Quel est le lien secret entre ces deux femmes ?
Pour celles et ceux qui aiment L Histoire.
Livre lu grâce à Netgalley et aux éditions Talent.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
Commenter  J’apprécie          50
Merci à la Masse Critique et à Talent Editions pour cet envoi et cette lecture faite début août, mais maintenue silencieuse jusqu'à la date de parution.



Patricia Sammer est une journaliste d'investigation atypique, borderline, toujours entre deux verres, deux coups d'un soir, sans se justifier ou s'excuser (et si elle s'en rappelle le lendemain !).
Un jour, elle décide de mener une enquête sur les personnes ayant fui la RDA dans les années 60. Elle trouve et insiste auprès d'Inge Oelze pour qu'elle lui raconte ses souvenirs de passage à l'ouest. Pourtant Patricia possède une motivation autre que son article. Une motivation qui la ronge depuis longtemps.
De son côté Inge est plus complexe qu'elle ne le prétend et joue avec Patricia un jeu du chat et de la souris.
Entre deux entretiens, on suit l'itinéraire d'Anna, une suède, mariée à un soldat de l'armée nazie, qui subit en cette fin de guerre la haine, la vengeance, et l'exode des ex-territoires annexés par le Reich. Elle connaît aussi la fuite, les camps, la peur, les coups, les viols et la famine.

Chacune de deux deux femmes, Patricia et Inge, se cachent des pans de leurs vies, pourtant quand l'un perd pied, l'autre accourt.

Petit à petit, le puzzle (que l'on comprend rapidement mais ce n'est pas l'essentiel) se met en place et on assiste à une période de l'Histoire allemande des 40 dernières années ; puis, aux conséquences dramatiques de la chute du mur de Berlin, fracturant encore plus l'Allemagne et les allemands (et par ricochet les autres puissantes).

Ce roman, aisé à lire, sans de longs paragraphes et au style fluide, fait tomber les frontières des fractures allemandes, les traces noires de l'histoire, les zones d'ombre européennes, les erreurs géopolitiques et les drames personnels béants.

Maxime Gillio montre que revisiter des frontières sans tenir compte de l'Histoire, des rancoeurs centenaires (millénaires aussi, voire le Kosovo actuellement), propulsent, un jour ou l'autre, dans un conflit armé ou larvé.

C'est un roman agréable et intéressant si vous ne connaissez pas ce pan de l'Histoire européenne et allemande ; si vous le connaissez déjà, vous n'apprendrez rien, comme moi, mais vous découvrirez des personnages touchants, notamment Anna qui vous ouvre son parcours douloureux.
Commenter  J’apprécie          22



Lecteurs (264) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz sur le livre "Les disparus de l'A16" de Maxime Gillio.

De quel origine est Lao-Tseu l'ami Virginia ?

Russe
Malien
Chinois

10 questions
4 lecteurs ont répondu
Thème : Les disparus de l'A16 de Maxime GillioCréer un quiz sur ce livre

{* *}