Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux Éditions Talent pour la découverte dans le cadre d'une Masse Critique Privilégiée de cet ouvrage de
Maxime Gillio...
Post frontière, rien que ce titre à de quoi interpeller...
Ne dit-on pas Poste-frontière, qui plus est avec cette couverture qui rappelle le Mur de Berlin qui matérialisait, pendant plusieurs décennies une frontière les plus folles qui soit, au sein d'un même pays, au sein d'une même ville
"Mur de la honte" pour les allemands de l'ouest
"Mur de le protection anti-fasciste" pour les Allemands de l'Est
Une frontière inter-allemande et ses fameux points de passage. le plus célèbre Checkpoint Charlie, poste frontière devenu lieu touristique pour ne pas dire folklorique devant lequel, des touristes du monde entier se prennent en photos en oubliant le traumatisme que cela fut pour le populations berlinoises.
Il ne faut pas oublier que ce mur construit eu des conséquences car en l'espace d'une nuit de 1961 ce furent des familles, des amis, des amants pour lequel la vie allait devenir une vie POST FRONTIÈRE....
Ensuite, il y a ce que l'on a appelé "La crise des Sudètes" en 1938 : la revendication de quelque trois millions d'Allemands, qui habitent la région des monts Sudètes en Tchécoslovaquie, à l'autodétermination, c'est-à-dire à leur rattachement au Reich. Mais cette crise est devenue en 1944, à l'aune de la fin du second conflit mondial, la République tchécoslovaque est rétablie dans ses frontières initiales, le président Edvard Beneš émet les décrets Beneš qui expulsent du territoire tchécoslovaque tous les ressortissants qui, ayant acquis une autre nationalité (allemande ou hongroise) lors du démantèlement du pays, avaient collaboré avec l'Allemagne nazie ou la Hongrie fasciste, soit la quasi-totalité des minorités allemandes des pays tchèques et une partie des minorités, allemande ou hongroise, de Slovaquie.
Après avoir perdu ses frontières la Tchécoslovaquie retrouve ses frontières. En clair un avant et un POST FRONTIÈRE .
Et enfin en 1989, la chute du Mur de Berlin, et toutes les découvertes qui vont avec, cette date qui a profondément bouleversé l'histoire de l'Europe, voir mondiale. Histoire qui a eu des répercussions, jusqu'au plus profond dss êtres. Certains subissants certains cherchant des réponses...
Car ce sont bien 2 pays qui se sont construit de part et d'autre....
Chute qui a provoqué également une prise de conscience plus globale de ce qu'il se passait de "l'autre côté du mur" avant. Ce sont principalement la découverte des archives de la Stasi, police politique de la RDA, dont la devise était "Le bouclier et l'épée du Parti". Tout un programme !!!
Et la plongée dans ces archives, c'est une plongée dans des méthodes d'un autre temps, mais aussi et surtout une plongée dans le destin d'hommes et de femmes marqués dans leur histoire personnelle par des déchirements, des arrachements, des frontières personnelles qui se sont créées en eux et en elles.
Un travail dans les tréfonds de la conscience humaine et collective, un travail POST FRONTIÈRE mental.
C'est avec un parti pris d'allers et retours entre ces diverses époques et autres travers du regards de 3 femmes.
Ces femmes en prise directe avec
L Histoire, avec leur histoire. Ces femmes qui ont toutes un point commun, une frontière commune serais-je tenté de dire.
Patricia, La journaliste au Spiegel qui enquête sur ces personnes ayant fui l'Est, même si je ne versé pas dans les anglicismes, qui mène une vie "Border Line" telle une équilibriste sur un fil, prête à tomber du bon ou du mauvais côté d'une frontière invisible ;
Inge qui a franchi le Mur, cette frontière qui ele pour le coup était bien visible voire un peu trop, comme une longue verrue de béton, et sa zone interdite appelée "couloir de la mort" ;
Et enfin Anna cette Sudète, cette région dont les frontières ont été en l'espace de quelques années des fantômes, et le jeu des puissances politiques internationales.
Et vous l'aurez compris ces tois destins finiront par se recouper, abolissant les frontières entre les unes et les autres.
L'auteur franchit avec maestria les passages de frontière d'une époque à l'autre, les frontières d'une écriture qui fait montre de sensibilité mais aussi de dureté quand cela est nécessaire.
Une écriture qui se fait le reflet des frontières que l'être humain possède en lui, des frontières comme des failles, comme des lignes de démarcations intérieures et lorsque celles-ci se lient au frontières physiques, les résonances n'en sont que plus fortes...
La frontière devient une séparation entre le dedans et le dehors, entre un avant et un après, entre un ici et un là-bas, entre le même et l'autre..
Et c'est bien à mon sens ce qui ressort de ces trois destins féminins.
Et puis dans un sens figuratif la frontière n'est-elle ce qui définit le terme extrême, ce qui marque la fin d'une chose et le début d'une autre...
Et comme un pont entre les livres, en pleine lecture d'un autre livre, une citation qui sied parfaitement à celui-ci : "Toute frontière est une invention. Qui comprend ça dérange forcément ceux qui les inventent, ces frontières, et encore plus ceux qui y croient, c'est-à-dire à peu près tout le monde."
Mais finalement les frontières ne seraient-elles pas des lignes imaginaires dressées par les hommes pour revendiquer ce qui sépare et ce qui unit, tout dépend du point de vue ?
Kafka disait "toute littérature est un assaut contre la frontière" , le livre de
Maxime Gillio ne saura le contredire