Et c'est d'ailleurs pourquoi l'acquisition de l'intelligence n'est pas une simple affaire de raison naturelle. Il n'est ni bon, ni par conséquent recommandable, de partir à la recherche de l'intelligence sans avoir pris d'abord un certain nombre de précautions. C'est une négligence de notre part de ne pas chercher à l'atteindre lorsque nous sommes déjà confirmés dans la foi: postquam confirmati sumus in fide et il n'y a rien à reprocher à celui qui s'y efforce, pourvu qu'il entreprenne cette recherche, après s'être préalablement: fide stabilitus.
L'expression de « rationalisme chrétien » désigne le mouvement qui porta la dialectique au coeur même des spéculations théologiques les plus hautes, et dont les oeuvres d'un S. Anselme ou d'un Abélard marquent les étapes caractéristiques. Qu'était-ce au juste que ce rationalisme? Peut-on voir chez ces penseurs, à un degré quelconque, des précurseurs du rationalisme moderne, et les initiateurs d'une philosophie libérée de la théologie? Pour répondre à cette question il faut nécessairement reprendre le problème si délicat des rapports qui s'établissent dans leurs systèmes entre la raison et la foi.
Hommage à Gilson, historien philosophe.