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sur 1031 notes
Le regain, c'est à la fois cette herbe qui repousse après la première fauchaison mais c'est aussi le synonyme de retour, le retour de ce que l'on croyait être perdu.

Dans ce troisième volet de la Trilogie de Pan, Jean Giono nous chante à nouveau un merveilleux hymne à la terre.
Panturle, un vieux garçon, se retrouve seul à Aubignane. Viendra alors une femme, Arsule, pour que la terre renaisse et soit fécondée à nouveau.
Giono dévoile ici avec lyrisme, simplicité, modernité et à recours de métaphores le mythe grec des origines.
On retrouve dans ce roman tout l'attachement de Giono pour la terre et la vie paysanne. Il s'agit bien là d'un retour aux sources, d'un renvoi à nos racines profondes, d'une sorte de rappel à l'ordre qui nous dirait : «  Souviens-toi d'où tu viens, n'oublie pas cette terre qui te nourrit, n'oublie pas celle qui est notre Mère à tous. » Mais ce n'est pas un retour à la vie primitive qui est prôné ici. Bien au contraire. Panturle et Arsule, au contact l'un de l'autre, vont simplement retrouver le chemin de la Civilisation : la nécessité du feu, le besoin de propreté, l'envie de pain d'où découlera la culture de la terre et pour finir, le besoin de procréer. Et tout cela, en harmonie avec la nature. Giono nous invite là à une réflexion écologique sur le rapport des hommes avec leur environnement et c'est une bien douce leçon de vie...

La Trilogie de Pan se termine là. On comprend bien à la lecture de ces trois romans la référence au dieu Pan, divinité de la Nature, dieu des bergers et des troupeaux. D'ailleurs, Giono n'a pas choisi au hasard le nom du personnage de Panturle. Il fait référence à la montagne toujours présente dans son oeuvre, la Lure, montagne de Haute-Provence et bien évidemment au dieu Pan.

Je viens d'achever cette trilogie mais ma (re)découverte de Giono ne s'arrêtera pas là car j'ai soif de son oeuvre !
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Puissant.

Une chute d'eau, une chute de reins. Une différence ? Aucune. La nature prend corps et je vois ruisseler cette demi-lune, fusion parfaite des éléments. Quand Giono écrit « le dernier doigt du soleil lâche le pin » c'est cette terre humaine qui tire le rideau, et je sais que je ne suis qu'un élément de ce grand tout. Grasses ou pauvres, la terre et moi sommes tout pareil, unis dans la vie. La nature s'abandonne ou reprend ses droits et je dois respecter ses choix, ceux de ma soeur, nous sommes de la même filiation. Elle et moi marchons ensemble depuis l'aube jusqu'au couchant, nulle différence entre le ruisseau et la femme, entre le buisson et l'homme…

« Panturle a pris sa vraie figure d'hiver. le poil de ses joues s'est allongé, s'est emmêlé comme l'habit des moutons. C'est un buisson » et la Mamèche « était debout comme un tronc d'arbre. »

…au rythme des saisons nous respirons, et nous aimons. L'appel du vent attrape les corps qui savent l'écouter, et parfois ça crie tellement que vous n'entendez plus rien. Pantelant vous avancez vers les semences.

Terreau fertile, si vous l'apprivoisez, vibrant au rythme des saisons et du vent, vous y serez heureux mais « il faut que ça vienne de toi d'abord, si on veut que ça tienne. » Alors « la terre vous hausse sans faire semblant. » Elle vous porte, vous grandit, vous apporte ce qui manque, et ne demande rien en retour, pas même de louange. On ne remercie pas ses amis, « t'as qu'à faire ça si tu veux qu'on se fâche » comme on dit à la ferme de l'Amoureux.

J'ai autant aimé ce roman que Colline, les deux me bouleversent de leur force tellurique, je sens encore la glaise me coller aux semelles après la pluie, ce regain qui vient du fond de ma campagne ne me lâchera jamais. Je sais que c'est une chance, pour moi, d'avoir lu ces romans aujourd'hui. Jeune, je n'aurais pas autant apprécié ce qui m'a construit, parce que c'est dur la terre tant que vous ne l'avez pas comprise. C'est avec l'âge que je sais ma provenance et que je suis plus à même de ressentir les sentiments profonds de l'amour qui se cache dans des doigts qui se frôlent et s'entortillent ou la dureté de la solitude des vieux. Quand l'émotion n'est plus ce diamant brut, écorchant, mais est entrée dans une ère de calme compréhension. Mais je n'oublie pas que je suis arrivée ici grâce à toute cette terre qui ne m'a jamais lâchée, qui m'a ancrée les pieds dans le sol pour avancer, ma campagne.
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Après Colline et Un de Baumugnes, j'achève avec Regain la fameuse Trilogie de Pan. Comme un brave lecteur discipliné, j'ai donc lu les trois volumes dans l'ordre chronologique de leur écriture, bien qu'aucun élément de récit ne relie entre elles leurs histoires respectives.
L'écriture de Giono est toujours d'une intensité extraordinaire. Sans reprendre ce que j'ai pu dire à propos de Colline ou de Baumugnes, je reste confondu par la puissance de cette langue qui provoque encore le saisissement de son lecteur, alors même qu'on lit cela à un siècle de distance :
« Une fois, c'était à l'époque des olives, on a entendu dans le bas du vallon comme une voix du temps des loups. Et ça nous a tous séchés de peur sur nos échelles. »
« Une voix du temps des loups »... Comment dire autant en si peu de mots, et avec des mots aussi simples ? Et c'est ainsi à chaque page. Un véritable enchantement.
Dans Regain, Giono poursuit sa personnification de la nature. Un feu d'olivier sous le chaudron y est par exemple comme un poulain : « ça danse en beauté sans penser au travail ». Sur ce point, la continuité des trois romans est assez évidente, même si les intentions prêtées à la nature n'y sont pas les mêmes.
Le ton nouveau de Regain vient peut-être de son ode à la sensualité, plutôt discrète dans les deux précédents romans mais très présente ici. Alors bien sûr, en des temps tels que les nôtres, voués à l'érotico-chic aseptisé et à l'épilation intégrale, la sensualité de Giono peut sans doute paraître dépaysante :
« Cette émotion de sa chair, ce travail du sang, ça vient de revenir, à croire que c'est une malédiction. Ses seins sont encore comme des bourgeons d'arbre. Elle tire sur son corsage parce que le corsage frotte le bout de ses seins et que ça l'énerve. Elle renifle pour mieux sentir l'odeur de Gédémus qui sue. Elle sue, elle aussi ; elle se penche vers ses aisselles pour sentir son odeur à elle. »
Si le texte est aussi fait d'odeurs, Giono ne cache jamais qu'elles peuvent être fortes (surtout à propos de Panturle, à vrai dire...). Elles expriment une sorte de rapport de vérité à la nature, et c'est d'ailleurs tout le roman qui propose un questionnement sur l'équilibre à trouver entre nature et culture (d'où les pages truculentes sur l'établissement de Panturle et Arsule en jeune ménage, sur Panturle découvrant l'hygiène, les draps blancs ou les vertus du rangement domestique). Ni l'un ni l'autre ne sont paysans au départ : elle est une fille perdue de la ville tandis que lui est un coureur des bois. Mais s'ils ne sont pas paysans, ils le deviennent par une sorte d'évidence, sinon de révélation. Et c'est le blé de Panturle qui ramène la vie dans le village abandonné, en suscitant après lui de nouvelles vocations.
Au moment où Giono écrit son roman, c'est évidemment tout le contraire qui a lieu : les villages se vident et l'exode rural est déjà devenu une réalité indéniable. Je ne crois vraiment pas que l'écrivain ait jamais caché un discours politique derrière le retour à la terre de ses personnages. Juste la tristesse, peut-être, de voir se mourir ces hameaux de Haute-Provence qu'il aimait passionnément.
Et l'envie de les ressusciter au moins par la plume.
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Des trois derniers habitants d'Aubignane, il ne reste que Panturle, un homme dans la force de l'âge. Gaubert, trop vieux pour vivre aussi isolé, est parti chez son fils et la Mamèche a disparu. Pourtant, elle avait promis à Panturle de lui trouver une femme.
Arsule est arrivé à Sault comme chanteuse. Ça s'est mal passé, elle a été « recueilli » par Gédémus le rémouleur qui lui fait traîner sa voiture.
Deux âmes en peine qui vont se rencontrer et faire revivre Aubignane, un des plus beaux textes que je n'ai jamais lu.
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Panturle est célibataire. Dans le village de Provence où il vit, ils ne sont plus que trois : la vieille Mammèche, le vieux Gaubert et lui-même. 
Lorsque Gaubert s'en va finir sa vie chez "le fils", puis que Mammèche disparaît, non sans avoir promis à Panturle de lui faire rencontrer une femme, Panturle devient l'unique habitant du village.
Arsule, après un passé douloureux, vit avec un rémouleur, Gédémus. Gédémus l'exploite ; il est inintéressant et fainéant.
Mais bientôt, sous l'action discrète mais efficace de Mammèche, Arsule va rencontre Panturle. Un amour va naître, un village va renaître !
Un bon Giono : bonne narration, Provence omniprésente, grandeur et petitesse des âmes humaines, amour de gens simples...
Chronique belle, touchante et sincère. 
Et puis, il y a l'écriture de Giono qui, par la qualité de son style, nous porte encore un rien plus haut dans l'émotion et la beauté. 
"Regain" finit en beauté la trilogie de Pan.
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Panturle et Arsule, dévorés par le même désir, le chaud que le printemps leur a semé au ventre, Panturle et sa chèvre Caroline, seuls dans le village abandonné et mourant, Arsule attelée telle une mule à la carriole du rémouleur Gédémus, misérable errance sur le plateau sauvage.

Il m'a semblé que pour ce dernier opus de la trilogie de Pan, Giono était un peu en manque d'inspiration. Contrairement aux deux premiers où il savait croquer la nature en quelques mots qui me régalaient, ici, il en fait des tonnes, (une page rien que pour raconter le ruisseau) et si on ajoute une construction déstructurée de cette maigre histoire, tel un Van Gogh, il semble toucher à la folie.
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Panier pattes en rond, écoutons au coin du feu l'ami Jean gazouiller la renaissance du village d'Aubignane...
C'est la deuxième fois qu'en ouvrant un Giono il me faut passer le barrage filtrant d'une préface défendant et réhabilitant le bonhomme contre ses accusations de collaborationnisme. Je n'ai pas creusé mais m'est avis que l'on a affaire à un cas beaucoup plus subtil et atypique que ça. J'en veux pour preuve cette langue incroyable, terrienne, d'une oralité chargée de poésie, qui puise dans les sucs les plus essentiels de la nature et sort des tripes. Drôle aussi, et délicieuse. Mais aussi d'une sensualité presque brutale.
Et c'est par cette écriture que l'on entre sans retenue dans le paysage de Regain, dans cette terre âpre mais gorgée de sève qui ne se donne aux hommes que si Pan le veut. Panturle le veut aussi, mais il lui faut une femme pour cela. le vent la lui apportera, pour féconder cette terre.
J'ai adoré cette histoire immersive, chargée de symboles et gorgée de sensations, où le rapport à la terre est quasiment sexuel comme dans La Terre de Zola. Ce serait dommage de m'arrêter sur ce point d'orgue d'une trilogie dont j'espère goûter ave autant de plaisir les deux premiers volets.

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Quelques villages perchés bien réels (Sault, Banon, Vachères …), d'autres fictifs, reimaginés, que l'on croit reconnaitre (Simiane, Ongles , Revest du Bion…) composent le décor pittoresque de ce roman pastoral dans lequel Giono raconte la Terre, qui se meurt, abandonnée, désertifiée par ses habitants. Ceux qui restent, bien peu, très peu, sont endurcis jusqu'à la corne, violents, jamais méchants car chez eux, demeurent un petit bout de chair fragile, une parcelle d'âme encore tendre, un coeur qui ne s'est pas complétement fermé, sclérosé et qui vont permettre de reprendre souffle, d'y repuiser vie.
Dans Aubignane, ne restent, après le départ de Gaubert, 80 ans, qui fut forgeron que Panturle, un sauvage, un peu fada, qui vit de braconnage et la vieille Mamèche qui quitta un jour son Pièmont natal ( un clin d'oeil aux origines paternelles de Giono ) pour connaître ici une vie de malheur .
Mamèche veut trouver une femme à Panturle. C'est pourquoi, à son tour, elle abandonne sa bicoque. Effectivement, une femme va arriver. .
Grâce à Arsule, Panturle se sociabilise, reprend goût à la vie,Il va devenir père. Grâce à sa vitalité retrouvée, à son labeur , la terre se régénère, redevient nourricière ,le village lui aussi reprend vie et se repeuple petit à petit .
Un roman métaphorique , tout en force, une plume qui raconte ce pays qui avait pour nom "Basses Alpes" ( appellation modifiée en Alpes de Haute Provence car jugée désobligeant), austère et rigoureux , plein de lumière , de vent ,d'humanité de fraternité.

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Dernier volet de la Trilogie de Pan, et le plus lu. Les trois romans peuvent être lus dans n'importe quel ordre, les histoires ne se suivent pas et les protagonistes sont tous différents. C'est la terre de Haute Provence qui fait l'unité de cette trilogie. Je ne regrette pas de les avoir lu dans l'ordre, car pour ce qui est de la force du récit, elle va croissant au fil des trois romans. L'histoire de Regain est la plus symbolique avec ce beau personnage de Panturle. Mais la Mamèche, Arsule et Gaubert sont aussi des personnages très marquants, comme habités par une force. L'histoire est celle d'un petit village en voie de désertification complète (plus que trois habitants au début du récit) et du tout début de sa renaissance, de son regain. J'y ai retrouvé la belle plume de Giono que j'avais tant apprécié dans Colline et Un de Baumugnes, avec la musicalité de ses phrases. J'y ai trouvé beaucoup de sensualité mais aussi de délicatesse, finalement plus que dans le deuxième volet. Par contre j'ai trouvé que Regain est bien plus difficile à lire que Un de Baumugnes, peut-être parce que tous les personnages sont des taiseux, que dans leurs mots il y a beaucoup d'implicite et que l'auteur, pour bien rendre l'ambiance d'Aubignane, joue beaucoup sur cet implicite. L'ensemble de la Trilogie de Pan est un magnifique ode à la nature, presque de la poésie en prose, et son message est à la fois simple et complexe (humilité de l'homme face à la nature, écoute de la terre, nouveau départ qui n'est pas retour en arrière). A lire absolument, c'est un texte dont le message est très parlant pour notre époque !
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Troisième volet de la trilogie de Pan, après - Colline - et - Un de Baumugnes -, - Regain - boucle de manière apothéotique la boucle de cette ode au dieu Pan, à la nature et à l'un de ses hôtes les plus rebelles : l'homme.
Si - Colline - ouvrait le ban en pointant du doigt les antagonismes entre l'une et l'autre, - Regain - vient le fermer en montrant et en démontrant leur rapport fusionnel, matriciel, leur interdépendance existentielle, leur "ombilicalité" originelle que n'autorise aucune scission si ce n'est celle de la perdition.
Conte, hymne écologique avant l'heure de la globalisation, de l'extinction des espèces, du rabougrissement de notre écosystème, du réchauffement climatique, - Regain - est un chef-d'oeuvre visionnaire, - Les Quatre Saisons - orchestrées et dirigées par un Vivaldi provençal qui, en guise de baguette, a une plume qui dirige de main de Maître un orchestre dont les mots résonnent comme des notes de musique harmonieusement poétiques.
- Regain -, c'est dans cette trilogie la symbiose achevée, l'accord parfait, l'art magnifié dans le génie de la "simplicité".

Aubignane est un hameau "fantôme" du côté des hauteurs de Manosque, dans le haut pays provençal, que hantent encore trois êtres esseulés.
Pantourle ( mot composé à partir de Pan... et de Lure chef-lieu local ), un célibataire quadragénaire qui vit de chasse, un peu à la manière des premiers hommes et qui n'a pour seule compagne ( présence ) que sa chèvre Caroline.
La Mamèche, une veuve italienne installée là après la mort accidentelle de son mari et celle de son enfant. Par mort accidentelle, il faut entendre que celle de l'époux est liée au creusement d'un puits ( domestication de la nature ), celle de l'enfant au mâchouillement de la ciguë ( règle de la nature enfreinte ).
Et puis il reste encore Gaubert le vieil octogénaire, forgeron charron ( " qui faisait les meilleures charrues "), sur le point de quitter Aubignane pour aller terminer ses vieux jours auprès de son fils, sa bru et leurs enfants... entouré...
Si le hameau a été déserté par les hommes, c'est parce qu'il leur a semblé que la terre nourricière ne leur donnait plus les moyens de survivre et que la nature leur était par conséquent devenue hostile.
Panturle et la Mamèche restent seuls dans ce qui semble être " le milieu de nulle part ".
Dans un petit village, plus en bas, il y a le vieux Gédémus, un rémouleur qui a acquis pour rien les services d'Arsule une fille de "rien"...
Le printemps est arrivé.
Ils prennent la route pour aller faire leur saison.
À Aubignane, Panturle et Caroline sont travaillés par le réveil de la sève, le retour du printemps, l'appel de la vie.
"Cette force folle que le printemps a mise au creux de ses reins et qui bout, là, comme une eau toujours sur le feu..."
La Mamèche, petite ombre noire, décide d'aller chercher une femme pour Panturle...
Arsule tire la bricole sur les chemins " et pour ça, elle s'est penchée en avant. le vent entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main ; il lui coule entre les cuisses ; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins et les hanches mouillés de vent. Elle le sent sur elle, frais, oui, mais tiède aussi et comme plein de fleurs, et tout en chatouilles, comme si on la fouettait avec des poignées de foin ; ce qui se fait pour les fenaisons, et ça agace les femmes, oh ! oui, et les hommes le savent bien.
Et tout d'un coup, elle se met à penser aux hommes. C'est ce vent aussi qui fait l'homme, depuis un moment."
Le cheminement de l'équipage est perturbé par une "présence", qu'ils sentent plus qu'ils ne la voient. Une ombre noire qui les inquiète et qui va modifier leur itinéraire, jusqu'à les amener à Aubignane...
Voulez-vous connaître la suite ?
Lisez - Regain - !

L'intrication homme nature est superbement exploitée tout au long de l'oeuvre de Giono.
En lisant son livre, on ne peut qu'être admiratif de cette fusion littéraire recréée par l'auteur.
Chez Giono, l'homme est apparenté à la nature et la nature à l'homme.
" Les filles ont des yeux comme des bleuets"..." Arsule a de grands yeux de pâquerette".
" le Panturle est un homme énorme. On dirait un morceau de bois qui marche. Au gros de l'été, quand il se fait un couvre-nuque avec des feuilles de figuier, qu'il a les mains pleines d'herbe et qu'il se redresse, les bras écartés, pour regarder la terre, c'est un arbre."
" Un homme gros comme ça, ça avait une mère comme une sauterelle."
"On ne voit qu'une épaule de colline toute velue et le vent en rebrousse les poils."
" Lorsque Arsule tire la bricole... elle est attelée..."
"La nuit entasse ses étoiles comme du grain."
"L'ombre marche sur la terre comme une bête... l'ombre marche sur des pattes souples comme une bête. La voilà froide et lourde sur les épaules. Pas de bruit. Elle va son voyage. Elle passe. Voilà."
" le silence est craquant comme une pastèque".
Et puis tout au long de l'histoire, il y a l'omniprésence du vent, ce vent qui est l'exhalaison verbale de Pan, son souffle et ce qu'il souffle dans l'oreille et dans le coeur des hommes.
"À la guette du renard, Panturle a rencontré le vent, le beau vent tout en plein, bien gras et libre, plus le vent de peu qui s'amuse à la balle, mais le beau vent, large d'épaules qui bouscule tout le pays. À le voir comme ça, Panturle s'est dit : " Celui-là, c'est un monsieur"."

J'ai dit plus avant que Giono outre ses talents de conteur, son verbe éminemment poétique, était un visionnaire écolo.
Il n'est qu'à se référer à ce passage où les paysans qui se rendent à la foire de Banon désespèrent de leur mauvaise récolte de blé.
" On est pareil partout... on a voulu faire du blé d'Inde : c'était nouveau encore ça, et tu vois maintenant... C'est à cause de la mode... Si on avait fait du blé de notre race, du blé habitué à la fantaisie de notre terre et de notre saison, il aurait peut-être résisté... Mais si tu vas chercher les choses de l'autre côté de la terre, mais si tu écoutes ces beaux messieurs avec les livres : Mettez de ci, mettez de ça ; ah ! ne faites pas ça." En galère, voilà ce qui t'arrive !"
Il oppose également la nature domptée à la nature restée libre.
À la foire de Banon, Panturle et Arsule venus vendre leur belle récolte de blé, se retrouvent avec de l'argent plein les poches. Il y a la fête, les attractions, le bruit... Alors ils se contentent de n'acheter que l'essentiel et s'éloignent du superflu et de cette dissonance pour se hâter de retrouver "le bruit" de la nature qui est la seule vraie fête à leurs yeux... et à leurs oreilles.
Tout ceci écrit il n'y a pas loin d'un siècle !...

Avec - Colline -, le premier volet de la trilogie s'ouvrait sur la grande colère de Pan.
Avec - Regain -, elle se referme sur une harmonie retrouvée entre l'homme et la terre... " Une terre de bonne volonté."
En guise de conclusion, les mots d'Anne-Marie Marina-Mediavilla.
" Est-il concevable que l'Ordre universel soit fait pour l'Homme, et si l'univers n'a pas l'homme pour finalité, pourquoi les hommes pensent-ils avoir le droit, voire le devoir d'imposer au monde l'ordre humain, la volonté humaine ? L'espèce humaine peut-elle impunément faire servir les autres espèces vivantes, la Terre elle-même, à la satisfaction de ses seuls besoins ?
L'espèce humaine doit-elle condamner les autres espèces au servage ou à la disparition ?
Il faut lire et relire - Regain -.
Il faut lire et relire - La trilogie de Pan -.
Il faut lire et relire Jean Giono.
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