Nous voilà plongés en 1960, dans un village de campagne profonde où nous suivrons les aventures d'un groupe d'enfants qui reformeront, à l'instar des héros de la collection rose, un club, fruit de l'imaginaire en culotte courte. Impossible de passer à côté de la relation avec
le club des cinq d'
Enyd Blyton dont l'auteur ne se cache pas, au point de l'inviter dans son roman.
Les héros grandiront, les personnalités s'affirmeront. le lien entre eux, même s'il évolue, les unira toujours, les aidant à percer les secrets des adultes, des filiations et des naissances, quand viendra l'adolescence… C'est là que s'arrête le lien avec
Enyd Blyton.
L'auteur donne à ses personnages plus de relief, les étoffe, ne s'arrête pas à une simple ombre chinoise des romans du siècle dernier à la couverture cartonnée dont il reste de nombreux exemplaires dans des caisses remisées au grenier.
Chaque personnage, quel que soit son âge ou son évolution au fil des pages, possède un fort tempérament, nous pousse à la tendresse et l'attachement. Chacun y va de son caractère, de ses rêves, de ses blessures, de ses échecs ou de ses victoires, de la relation à l'autre… Les enfants tiennent aussi bien leur rôle que les adultes.
Une mention particulière pour le père du jeune Michel, Victor Côtel, un taiseux comme on dit, mais surtout une figure directement sortie du fin fond des campagnes, brute, charpentée, avec du fumet et une croûte brune… oui, un vrai camembert ce Victor !
Ce roman s'adresse à tous les âges, chacun fera sa propre lecture, y trouvera son compte. Une simple histoire de gamins pour les uns, une chronique bien trempée de nos campagnes au mitan du siècle dernier.
Pour son cinquième roman, sans compter les nouvelles, Henri Girard a revisité le genre avec talent, l'a agrandi. Chaque opus nous embarque dans un nouvel univers, de nouveaux personnages. Un point commun : l'humanité qui transpire entre les lignes, une prose qui flirte avec la poésie, une écriture simple et imagée ouverte à tous. Car cet auteur a le sens de l'image, non pas celle de la description cinématographique affligeante de certains, mais celle provoquée par le sens des mots, leur juxtaposition et le ricochet qui en résulte.
J'avais déjà été enchanté par
Jubilé (trop vite épuisé…), paru en version papier en 2005 aux éditions de l'Arganier (en numérique aux éditions du Préau, disponible ici). J'attendais avec plaisir de retrouver cet auteur à travers ses mots, comme j'ai plaisir à le croiser, trop rarement, lors de séances de dédicaces. Je n'ai pas été déçu.
Lecteurs, réveillez votre âme d'enfant, enfilez une culotte courte et des baskets, et partez à l'aventure des mots de Henri.
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