Le métro.
Franchement, on n'a qu'une envie quand on s'y engouffre, c'est d'arriver à destination. C'est glauque le métro, enfin ceux que je connais. Il semble que le métro moscovite réserve quelques stations monumentales dans ce style pompier qu'affectionnait le régime soviétique qui envoyait du marbre et un peu de marbre pour épater l'homo sovieticus, que nous aussi hein on peut le faire...
Mais les tunnels... Ils sont tous les mêmes.
Et vivre dans une telle promiscuité, dans un horizon si borné, cela provoque un rétrécissement tragique des perspectives.
La grande réussite de
METRO 2033 tient à son monde. Cette micro société recréée avec les travers immuables de l'humanité, son besoin constant de marquer son territoire et si possible d'en conquérir d'autres. La ligne Rouge et la révolution prolétarienne devant se diffuser à travers tout le réseau. le quatrième Reich et le métro aux Moscovites. La Hanse et sa ligne circulaire, capitalisme triomphant qui repousse les envieux et qui ne veut absolument pas partager...
Bien sûr ça et là, quelques poches d'Humanités vacillantes, la fameuse Polis qui se voue à la sauvegarde des Lettres mais qui partage le pouvoir avec les militaires, faut po déconner non plus. Polis qui envoie les Stalkers à la Surface, Stalkers qui tachent de trouvent tout ce qui peut être utiles tout en s'efforçant de survivre aux abominations mutantes résultant de l'hiver nucléaire.
Et puis, dans tout bon Apopo qui se respecte, il faut un ennemi clairement identifié et quasi invulnérable.
Glukhovsky retranscrit efficacement cette angoisse poisseuse de l'obscurité des tunnels, la peur irraisonnée qui te fait retourner tous les trois pas pour ne voir que du vide (?) enserré dans des ténèbres impénétrables.
Dmitry n'est pas un styliste flamboyant, ou peut-être est ce une traduction hasardeuse, je ne sais mais on s'en carre un peu le moignon. Les pages se tournent toutes seules et le dénouement doux amers qui envoient voltiger nos certitudes vaut largement l'odyssée métropolitaine.
Une lecture haletante illustrant parfaitement l'adage nietzschéen : "quand tu fixes les abîmes, mieux vaut ne pas savoir ce qui te regarde toi..."
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