Lys en Val de Loire, tome 2 : La Trahison des anges

Avec l'originalité de son cadre associant Guerre de 100 ans et travail des tapisseries, cette saga, malgré ses défauts continue de me passionner et de me faire plonger dans le quotidien de ces héros d'un autre temps.

La plume de l'autrice reste datée dans sa manière de décrire les aventures de ses héroïnes. Oui, héroïne parce que Clarisse est cette fois rejointe par sa mère Betty et son compagne Anastaise, dans le récit de leurs aventures en ces temps agités. Mais je regrette que l'autrice recourent si souvent à ce tic narratif de violenter les femmes pour créer de la tension et faire avancer son histoire, ça donne l'impression qu'elles sont d'éternelles victimes malgré tous leurs avancements et en prime, cela sort souvent un peu de nulle part, montrant bien que ce n'est pas forcément nécessaire au récit…

Nous retrouvons donc Clarisse et ses compagnes, chacun dans un coin du Royaume de France, tandis que celui-ci est encore en guerre contre les Anglais, avec les agitations en sous-main entre les deux puissantes familles que sont alors les Bourguignons et les Angevins. L'histoire de France, cependant, n'est cette fois qu'un tableau lointain pour nos héroïnes qui la subissent mais n'y participent plus vraiment. Elles n'ont plus de lien avec les hautes familles comme dans le premier tome et on se rend compte, à ma grande tristesse, combien ce cadre historique était surtout un prétexte. Dommage. Cela donne ici, le sentiment d'un résumé géant de l'époque où on croise très rapidement Jeanne d'Arc, le roi Charles VII ou encore la Trémoille, où on assiste de loin aux exploits de chacun et à l'agitation du royaume, mais ce n'est pas le coeur de l'intrigue et on ne vivra pas la reconquête à leur côté ni les troubles de la cour ensuite.

A la place, l'autrice nous propose de suivre Clarisse dans ses mésaventures de lissière pour pouvoir présenter son chef d'oeuvre aux hautes instances et être reconnue comme maîtresse pour tenir son atelier. Il va lui arriver nombre de déboires, souvent pas forcément écrits avec beaucoup de finesse comme je le mentionnais plus haut, mais malgré tout, en dépit de ses relations chaotiques avec les hommes, j'ai aimé voir la femme et l'artiste naître en elle. J'ai trouvé intéressant de voir comment son style évoluait et j'ai hâte de la voir faire de nouvelles merveilles. Avec sa mère Betty, c'est une femme sur les routes de France, ballottée d'une ville à l'autre avec les tensions du moment, que l'on retrouve et ce fut émouvant de voir cette femme chercher ainsi sa fille. Enfin, Anastaise m'a aussi beaucoup intéressée car elle va croiser la route de Christine de Pisan, cette érudite bien connue encore de nos jours et j'ai apprécié qu'on mette en avant également ce volet de l'histoire des femmes. Oui, les femmes avaient aussi une place dans la culture et l'artisanat autrefois, elles n'étaient pas toutes restreintes au foyer marital, certaines étaient puissantes et indépendantes. C'est ce que je retiendrai.

Même si ce n'est pas la façon dont j'aime qu'on écrive les romans historiques, même si le cadre historique est trop survolé et les femmes trop violentées, j'aime cette saga pour ce qu'elle montre de la place des femmes dans l'artisanat et la culture, et je savoure, certes de loin, cette époque agitée peuplée de grands noms de notre Histoire. J'aimerais bien maintenant que les deux se rencontrent : Cour et Tapisserie. Je croise les doigts pour la suite.
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Les Anglais sont installés à Paris. Les Bourguignons misent sur la richesse de leurs provinces du Nord. Les seigneurs d'Anjou, soutenant le Dauphin Charles, revendiquent pour lui la couronne et luttent pour conserver leurs terres.
La France est mise à feu et à sang. Bedford s'attaque aux territoires du sud, pourchassant le Dauphin, terrorisant, massacrant la population. Au nord, c'est Gloucester qui pille, assassine et massacre de Paris à Tournai.
Une certaine Jeanne commence à faire parler d'elle, elle a entendu des voix, veut rencontrer le Dauphin et le faire couronner Roi de France dans la cathédrale de Reims. D'abord hésitant, Charles la rejoindra. de bataille en bataille, elle repousse les troupes Anglaises. Charles sera couronné, deviendra Charles VII…mais Jeanne sera capturée par les Bourguignons, vendue aux Anglais et brulée.
Clarisse, s'installe, avec Betty, sa mère, à Saumur dans un atelier de tisserand qu'elle a reçu, en remerciement de sa loyauté, de la dauphine, Marie d'Anjou. Battue, violée, elle avait refusé de livrer le lieu de retraite du Dauphin.
Mais la confrérie des tisserands est tatillonne, misogyne et son représentant haineux. Il fera fermer l'atelier, exigeant de Clarisse qu'elle fournisse le certificat de reconnaissance de ses capacités de lissière signé du sceau de la Guilde du Nord. Son « ouvrage » sous le bras, elle part pour Brugge dans le but de le présenter à ses pairs. En chemin, elle rencontre Anastaise, jeune enlumineuse qui rêve de rencontrer le peintre van Eyck.
Le convoi de commerçants qu'elles suivent sera attaqué par des bandes anglaises et bourguignonnes, elles seront séparées. Anastaise sera sauvée par Christine de Pisan qui partagera son savoir de l'enluminure. Clarisse verra son travail détruit, brulé mais arrivera à Brugge dans les ateliers de Colard van der Hank qui, tombé sous son charme, l'aidera à réaliser son chef d'oeuvre et à être reconnue par les maîtres tisserands.
Clarisse revient à Saumur munie de son sésame. Elle attend un enfant mais qui en est le père Colard, le maître tisserand ou Thomas jeune seigneur mort dans ses bras à l'instant de leur retrouvaille…
Ce second tome montre la volonté de l'autrice….de revendiquer l'égalité entre hommes et femmes.
Ses héroïnes fictives : Clarisse, Betty, sa mère, Anastaise sont des femmes jeunes, volontaires, combattives voulant réussir dans des métiers dits d'hommes.
Les personnages réels mis en évidence sont Yolande d'Aragon qui gère l'Anjou en l'absence de son mari, sa fille Marie qui soutient le Dauphin Charles qu'elle conduira au couronnement. Il y a Jeanne la Pucelle, femme à la tête des armées et n'oublions pas Christine de Pisan, femme de lettres, philosophe, épouse aimante et mère de famille et grande intellectuelle de l'époque. Parmi les moins sympathiques, il reste Isabeau de Bavière, mère de Charles VII.
Toutes ces femmes cherchaient la reconnaissance de leurs contemporains.

Clarisse part présenter son oeuvre pour entre dans la guilde des lissiers. Mais en ce temps troublé, le voyage peut être dangereux. Surtout quand une jeune femme entend des voix et désire lever une armée pour bouter les anglais hors de France.

Sympathique. Moins violent que le premier.
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