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“Maintenant que j'y pense, la première personne à avoir vu mon visage quand je suis venue au monde, c'est elle, Bongsun. C'est elle aussi qui a donné à ma mère la nouvelle décevante que le nouveau-né était malheureusement une fille, elle encore qui a sacrifié son sommeil pour bercer le nourrisson à la place de ma mère.....Elle n'avait que douze ans.” C'est Jjang-a, écrivaine ( l'auteur ?),qui raconte quarante ans plus tard.
Le père de la narratrice est parti étudier aux Etats-Unis, en laissant une femme et trois enfants sans moyen financier dans une vieille bicoque d'un bidonville d'un quartier de Séoul. Dans la famille il y a une autre petite fille abandonnée, réfugiée chez eux et dans ce milieu de misère faisant fonction de domestique, Bongsun. Elle est la “ma très chère grande soeur” qu'un lien particulier lie à la narratrice , “Elle était pour moi une mère, une grande soeur, en même temps qu'une amie et le premier être humain que j'ai vu en arrivant dans ce monde.”. Bongsun est aussi une conteuse hors pair, une conteuse d'histoires terrifiantes...un peu trop 😊.
Mais les choses n'en resteront pas là, tout va radicalement changer.....
La narratrice, nous raconte avec beaucoup de délicatesse, sa petite enfance (0-6 ans) solitaire, celle d'une enfant sensible, intelligente, espiègle et éveillée dans un pays, la Corée du Sud, dans les années 60. Un pays englué dans la misère et dont le fossé entre les classes sociales sont des ravins. En toile de fond la triste histoire de Bongsun, une vie sans famille où elle vit avec ses instincts et ses pulsions, un destin laissé aux bons soins du bon Dieu et de la mère de Jjang-a. La petite fille apprendra par son biais, très jeune,les dures réalité de la vie.
C'est triste, dur et émouvant, mais l'affection réciproque de la petite fille pour Bongsun, la finesse et la subtilité des divers détails dont celles des coutumes coréennes ( "Elle portait un hanbok blanc en signe de deuil"), et de très belles réflexions sur la Vie, en font une belle histoire, beaucoup plus profonde qu'elle ne paraît.

Je dois dire que la photo de couverture du livre a été décisive pour mon achat, si vous y jetez un coup d'oeil vous m'en donnerez raison . Mais la petite Jjang-a est beaucoup moins innocente que la petite fille de la photo 😊, mais IRRESISTIBLE,
comme elle.....
C'est un livre qui vient de sortir, une prose aiguisée et subtile, une très belle traduction,un livre poignant qui en vaut le détour !
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Une petite fille, une autre à peine plus âgée qui lui procure soins et affection ; à travers le regard d'une enfant, l'auteur nous décrit la situation des gamines «adoptées» de Corée du Sud transformées en bonnes à tout faire.
Pierre-Romain Valère dans Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/cate..
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Bongsun n'avait rien, elle est venue se réfugier chez nous. Nous non plus n'avions pas grand-chose, papa était parti étudier aux Etats-Unis, maman travaille au marché de Séoul. Bongsun n'a comme atout que son humeur égale, son sourire, ses histoires … dont je raffole. Elle m'emmène partout sur son dos, elle nous aide de son mieux s'occupant de moi avec gentillesse et bienveillance. Lorsque papa rentre et trouve un emploi Bongsun comprend qu'elle ne fera jamais parti de la famille ...
Un livre qui nous permet de découvrir la Corée des années soixante au travers des yeux d'une très jeune fillette. La vie est dure et pas toujours très juste mais plutôt que se révolter Bongsun aborde sa destinée sans haine ni violence. Les mots sont choisis, la toile qui se manifeste à nos yeux apparait par petites touches.
Est-ce une autobiographie ? le récit le laisse à penser … mais rien ne nous le prouve.
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Écrire sur l'enfance, et en particulier sur la sienne, est plutôt une garantie de succès littéraire. On est particulièrement touché par les héros enfants, sans doute parce qu'ils nous renvoient tous à une expérience personnelle ou aux enfants qui nous entourent, fils, filles, neveux, nièces. Pourtant quand on pense à sa propre enfance, on a toujours un doute : mes souvenirs sont-ils réellement les miens ou le mélange savant des anecdotes qu'on m'a raconté et des images marquantes qui imprègnent ma mémoire comme des flashs, mais sans la consistance d'un souvenir précis qui me permettrait de bien le raconter. Par exemple je sais que j'ai goûté pour la première fois à l'alcool en récupérant une goutte sur la table de chevet de mon arrière-grand père malade, dans la maison de repos où il a fini ses jours. Je le sais parce que j'ai le souvenir flash de ce goût écoeurant et d'un très vieux monsieur malade sur un lit et que ma mère a fait le lien avec les visites régulières qu'elle faisait avec moi quand j'étais très petit (3-4 ans). Mais de là à réellement me rappeler ce que j'ai pensé à l'époque, ce que j'ai pu observer, le chemin est long.

Pourtant c'est à cette tâche que s'attelle Gong Ji-Young dans ce livre. En effet, elle décrit son enfance de 4 à 6 ans, en tentant réellement de recréer cette période le plus possible à partir de ses propres souvenirs. Elle indique régulièrement quand les souvenirs s'appuient sur ce que sa mère lui a raconté, sur les photos d'un évènement, mais son récit est surtout constitué du regard de cette petite fille sur les adultes, un regard très mature (et que l'on peut donc supposer aussi forcément reconstruit à partir de ce que l'auteure est aujourd'hui) mais finalement un regard également très original, notamment dans le rapport entre ce que les adultes pensent des enfants et ce que les enfants comprennent de ce qui se joue entre les adultes. Elle décrit notamment très bien ce doute qu'ont les adultes quand les plus jeunes enfants sont témoins de choses qu'ils n'auraient pas du voir... puis ce moment rassurant où ils se disent "Mais non, voyons, elle est trop jeune pour comprendre tout ça !". L'auteur nous donne son point de vue assez simple "Méfiez-vous, ils comprennent vraiment tout... avec leurs grilles du moment, mais ils enregistrent tout".

Au-delà de l'exercice narratif d'un point de vue enfantin le plus sincère possible, le but du livre est également de nous parler de la tradition des bonnes en Corée du Sud, ces jeunes filles que des familles "adoptent" et qui partagent le quotidien de la maison comme si elles étaient une enfant supplémentaire... mais bien avec le rôle de participer avant tout aux différentes tâches ménagères et de garder les enfants les plus jeunes et la maison quand tout le monde est parti. Cela m'a fait penser en miroir à la kafala musulmane qui fonctionne principalement sur le même modèle, loin de nos adoptions occidentales qui cherchent à donner un statut égal à tous les enfants. L'attachement de l'auteure pour cette soeur qui s'est plus occupée d'elle que sa mère et avec qui elle entretient un rapport de sororité à la fois puissant et étrange est vraiment au coeur du livre et explique d'ailleurs tout simplement le titre.

Pour un lecteur occidental, le livre est forcément également le lieu de la découverte du mode de vie coréen, d'autant que l'auteure a pu dans son enfance vivre la pauvreté profonde puis la montée dans l'échelle sociale après le retour du père parti faire des études aux Etats-Unis. On assiste donc aux questionnements d'une toute petite fille face à toutes les différences sociales et elle nous décrit dans le même temps ce qui constitue son quotidien et sonne si "exotique" à nos oreilles. La construction d'une identité, d'une personnalité face à tous ces bouleversements est vraiment intéressante à observer.

Enfin, j'ai trouvé aussi que, contrairement à ce que j'avais pu constater chez beaucoup d'auteurs asiatiques, souvent dans la retenue et la pudeur au niveau de l'expression des sentiments et des relations amoureuses, j'ai découvert ici un ton plus direct et décontracté. L'auteure est très reconnue dans le pays pour ses combats menés pour la défense de la démocratie, le droit des minorités, et elle est je pense une voix à suivre pour mieux comprendre la Corée d'aujourd'hui.

En conclusion, je rapporte ici sa réaction après que le parti conservateur coréen ait réclamé contre elle des enquêtes afin de mieux connaitre ses activités politiques . Elle a écrit alors sur Twitter "Merci au Grand Parti national pour m'avoir rendu populaire à l'international", consciente que l'Occident ne pouvait que s'intéresser à une écrivaine qui remettait en cause le dogme du Parti au pouvoir.
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Tel un chat qui quitte des maîtres négligents pour se trouver un nouveau toit, Bogsun, maltraitée et affamée par sa famille d'accueil, a choisi la famille de Jjiang-a pour fuir ses bourreaux. Chez Jjiang-a on est pauvre mais généreux. le père poursuit ses études aux Etats-Unis, la mère travaille au marché, la famille vit en location dans un sombre sous-sol mais Bogsun y reçoit chaque jour sa part de riz.
Elle avait 12 ans à la naissance de Jjiang-a et c'est tout naturellement qu'elle a pris la petite en charge, la promenant sur son dos, la nourrissant et l'endormant au son de ses histoires. Jjiang-a grandi avec cette soeur qu'elle suit partout, partageant son lit, ses secrets et ses escapades nocturnes. Pourtant, avec le retour au pays du père, la situation change. A mesure que la famille prospère, déménage dans un meilleur quartier, devient propriétaire, Jjiang-a prend conscience que Bogsun n'est pas vraiment sa soeur, plutôt une domestique que l'on tolère par pure bonté, pour finir par devenir une charge indésirable...

Quelque quarante ans plus tard, Jjiang-a, auteure reconnue, engagée contre la dictature, raconte sa ''très chère grande soeur'' dont le sourire et l'optimisme ont illuminé son enfance. Et pourtant, comme le reste de la famille, elle s'en est détachée, allant jusqu'à l'effacer de sa mémoire. Compagne de misère, Bogsun en est aussi le témoin gênant et ne saurait les suivre dans leur ascension sociale. C'est aussi ce que décrit Jjiang-a : la Corée du Sud des années 60, la pauvreté extrême, la solidarité, l'ambition de s'en sortir et la perte des valeurs de ceux qui s'enrichissent.
Une écriture simple pour dire l'insouciance et l'amour inconditionnel de l'enfant, mais aussi le rejet, la honte et la culpabilité de l'adulte. Beaucoup de profondeur et de sentiments pour cette auteur qui sait toujours toucher au coeur. Même s'il n'a pas la puissance de Nos jours heureux, Ma très chère grande soeur est un beau roman au ton doux-amer. Bogsun, durement marquée par la vie mais toujours solaire et souriante restera longtemps dans l'esprit du lecteur.
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Jjang-a, écrivaine, apprend par sa mère que Bongsun a disparu après avoir suivi un homme dont elle était amoureuse...Enfant la jeune Jjang-a avait développé dès sa naissance des liens très forts avec Bongsun qu'elle côtoyait et considérait comme sa mère. Cette dernière peu maternelle, rudoyait souvent la jeune fille, s'immisçant et régentant sa vie de façon autoritaire. En grandissant, Jjang-a se rend compte de cette situation et comprend qu'en fait, la jeune fille n'est pas sa soeur mais la petite servante, recueillie par la famille et maintenue dans une relation d'infériorité et de servitude...Bongsun, docile ne prend pas ombrage de ce traitement, acceptant cette place spécifique, mais, naïve, se laisse séduire par un jeune homme avec qui elle s'enfuit, une première fuite qui va se renouveler près de trente ans plus tard . 

Ji-young Gong évoque avec ma très chère grande soeur, la vie des jeunes filles, souvent arrivées de la campagne, placées par leurs parents dans des familles pour y travailler comme servante, une situation dans lesquelles les jeunes filles ont peu de libre arbitre, peu d'éducation et qui peuvent se laisser berner dès les premiers signes d'attention, de compassion ou d'un regard bienveillant de la part du premier venu. Une présence dans la famille souvent discrète mais qui marque les enfants qu'elles éduquent, ayant le rôle de mère de substitution et c'est ce que décrit Jjang-a, une fois adulte, au moment de la disparition de Bongsun avec un amant de passage. Ma très chère grande soeur est le point de vue de la petite fille, qui découvre et comprend au fur et à mesure, l'attitude de celle qu'elle considère comme une grande soeur et qui en prend la défense par rapport à une mère insensible, qui reste dans le jugement sans essayer de comprendre la jeune servante.
Un roman d'apprentissage sensible et qui dévoile l'intimité d'une jeune servante dans le regard d'une petite fille.
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Gong Ji-young est une des figures les plus connues de la "nouvelle-vague" de la littérature coréenne qui a émergé dans les années 1980_1988.
Elle s'attache à décrire la société sud-coréenne telle qu'elle est réellement sans cachotteries ni tabous, une attitude qui lui est souvent reprochée en haut-lieu.

Dans Ma très chère grande soeur Ji-young surnommée JJjang-a évoque celle qui a occupé une place prépondérante dans son enfance, celle qui l'a vu naitre et lui a tenu la main jusqu'à ces cinq-six ans, celle qui avait tout juste 12 ans à sa naissance, celle qu'elle a aimé sans réserve, celle qu'elle n'a plus revu depuis 30 ans, celle surtout qu'elle semblait avoir effacé de sa mémoire et pourtant..
.
Bongsun et son merveilleux sourire, Bongsun et sa vie remplie d'épreuves et de drames incessants, Bongsun et son éternelle résilience ..

Avec Bongsun nous découvrons la vie de ces centaines de familles plus pauvres les unes que les autres, obligées de se séparer de leurs filles pour avoir une bouche de moins à nourrir, des enfants qui sont le plus souvent placées comme bonnes ou envoyées à l'usine et sont exploitées, maltraitées, malnutries.

C'est Jiang-a qui se souvient et évoque sa petite enfance avec sa grande soeur avec les yeux et les mots de la gamine précoce et surdouée qu'elle était .

Un roman puissant et sombre où le regard se pose sur un aspect moins glamour et scintillant de la société sud-coréenne de la fin des années 90 .


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Au début de ce roman, Jjang-a est une petite coréenne de 4 ans qui vit dans sa famille à l'ombre ( souvent portée sur son dos) de "sa grande soeur", Bongsun.
Bongsun n'est pourtant pas née dans cette famille, elle est employée, c'est "la bonne", réfugiée ici depuis quelques années.
Son sourire est présent dans l'enfance de Jjang-a plus encore que celui de sa maman, très occupée, ou que celui de son papa, pourtant fier de sa petite dernière.
Son frère et sa soeur vivent leur vie sans se préoccuper de la petite fille.
Bongsun ne sera jamais intégrée dans la famille, et tout au long de ce très beau livre, la petite fille porte un regard d'enfant sur la place de cette grande soeur, et l'injustice dont elle est victime.
Je n'oublierai pas de sitôt le sourire de Bongsun!
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Comme souvent dans la littérature asiatique, c'est par petites touches de scènes quotidiennes que se constitue la palette qui nous est offerte.
A travers le regard candide de la petite Jjang-a de 4 ans nous assistons à la destinée de sa "très chère grande soeur". Nous partageons ses émois,ses attentes,son étonnement ,ses peines face au monde adulte parfois si étranger au sien.Avec toute l'innocence d'un regard neuf elle constate les injustices et la souffrance sans jugement ni rejet, notamment de sa mère malgrè son comportement de plus en plus éloigné des valeurs qu'elle lui a transmises,au fur et à mesure de son ascension sociale.
La lecture prend une saveur singulière lorsque l'on sait que cette attachante fillette n'est d'autre que l'auteure et que son engagement de femme a germer sous la douceur de sa si mal aimée grande soeur...
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Roman autobiographique coréen bouleversant. Je ferme ce livre très émue. Il est de ces livres du monde qui nous font voyager, nous apprennent une culture, une manière de penser, la politique d'un pays et la manière d'y vivre. Ici jai beaucoup appris de la culture coréenne et des modes de vie vers le milieu et la fin du XXe siècle.

J'ai été choquée par des discours, des pensées. Outrée qu'on puisse considérer des êtres humains juste comme boniche, qu'on puisse les acheter, les posséder, les retirer de leur maison... Choquée du manque d'empathie de la mère de l'auteur envers Bongsun, fille qu'elle a soi-disant adoptée mais qui reste finalement qu'une pauvre fille, une bonne qu'on peut utiliser et rejeter comme bon nous semble.

Ce genre de témoignage me donne toujours matière à réfléchir. Sans être crédule devant les inégalités sociales et culturelles du monde, je me sens toujours choquée, outrée, bouleversée par ces récits réels.

Un livre franc, honnête, bien écrit mais dont on sent toute l'humilité de l'auteur qui nous narre les aventures de celle qu'elle considère comme sa grande soeur. Hommage à l'amour, candeur et douceur de l'enfance, cruauté du monde adulte et injustices sociales... pauvreté et misère, esclavagiste déguisé, autant de thèmes implicites dans ce roman qui se lit rapidement, aisément et qui ne laisse jamais indifférent.

Je vous le recommande. Très bon voyage.
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