Un drôle de classique de la littérature russe, ce roman de Gontcharov met en scène
Oblomov, un homme d'âge mur, vivant avec son fidèle mais non serviable valet Zakhar, et souffrant d'une apathie profonde qui l'empêche d'entreprendre quoi que ce soit, à commencer par sortir de son lit.
Rien ne l'intéresse, ni son domaine à la campagne dont la gestion est catastrophique, ni les insistances répétées de son propriétaire qui lui demande de déménager.
La première partie du roman oscille entre les tentatives bien timides d'
Oblomov pour sortir de son lit, ses paisibles souvenirs d'enfance et ses disputes avec son valet, bien souvent provoquée par les visiteurs sans vergogne qui profite de la position couchée du protagoniste principal. Puis surgit Stolz, ami fidèle d'
Oblomov, allemand à la gestion méticuleuse et travailleur infatigable, qui lui présente Olga.
Oblomov tombe alors éperdument amoureux de cette dernière...Sans pour autant que cela ne soit suffisant pour vaincre cette indolence qui est son essence...
J'ai trouvé cette lecture surprenante et peu aisée : l'action reste limitée,
Oblomov nous enquiquine par son immobilisme et sa naïveté face aux escrocs qui l'entourent, puis devient subitement enfiévré, avant de retomber dans ses travers allongés...L'écriture est agréable et soutenue, l'auteur parsème ses descriptions de commentaires subtils et souvent truculents mais ne parvient pas à garder le rythme : que c'est long !
Les questions sous-jacentes à la narration sont cependant intéressantes : celle des relations sociales imposées, du refus total de l'hypocrisie, de la mondanité et de l'étiquette ; on se figure parfois
Oblomov comme un misanthrope non par haine de l'autre, mais par flemme de s'adresser à lui selon les formes de la société. Satisfait d'un rien,
Oblomov semble heureux en compagnie des enfants de sa logeuse dont il admire les "coudes blancs", et qui se révèle tout aussi bonne que son locataire.
Finalement, lorsqu'on se penche sur le sens de la vie et la recherche du bonheur, celui qui semble avoir eu la vie la plus heureuse serait peut-être
Oblomov...