Après
Une histoire ordinaire et
Oblomov, ce 3ème et dernier roman de Gontcharov est présenté par l'éditeur comme «Paru en 1869, onze ans après
Oblomov,
La falaise en est comme l'écho exact ». Je trouve cette affirmation totalement fausse, visant sans doute à attirer ceux qui, comme moi, considère les 2 précédents comme des chefs d'oeuvre de la littérature russe ayant gardé toute leur actualité et leur modernité.
Ici, le style, si subtil et plein d'humour précédemment, s'alourdit sérieusement en voulant donner une leçon de morale fastidieuse : le propos n'a plus rien à voir avec les questions existentielles posées tout au long de l'oeuvre de Gontcharov. L'idée est de présenter l'opposition entre 2 soeurs dont l'une, Véra, symbole du modernisme et de l'indépendance, va être moralement détruite par sa fréquentation d'un extrémiste nihiliste – paria de la société et de son village.
La Falaise qui permet à Véra de rejoindre son amant est le symbole évident de la peur paralysante de la Russie de l'époque et du danger ressenti face à la modernité – pour le coup, une conclusion de la présentation éditeur conforme au contenu. le propos est très réactionnaire – privilège de l'âge ? – et les atermoiements sentimentaux du héros central Raisky, amoureux transi de Véra, donnent lieu à de longues pages d'hésitations, d'interrogations et de désespoir dont le style confine au ridicule (« - Mon Dieu ! lança-t-il dans un cri de désir désespéré. Qui est-ce ? Qui est cet heureux ? Moi ? Et si c'était vrai… et le coup de feu ? chuchota-t-il avec terreur, et l'auteur de la lettre bleue ? Quel est ce mystère ! Qui est-ce ?... » etc).
Là où j'ai dévoré les 400 pages d'
Une histoire ordinaire et les 600 d'
Oblomov, j'ai eu vraiment un mal fou à aller jusqu'au bout de cette Falaise le livre, lors de sa parution, a essuyé de très mauvaises critiques, à la fois justifiées à mon avis par sa teneur et aussi surement par le statut négatif que Gontcharov avait acquis dans les milieux littéraires pour sa controverse avec
Tourgueniev.
Dans l'ensemble, une lecture pas vraiment indispensable…