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sur 697 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Oblomov. Grand classique de la littérature russe, quoique un peu moins connu que les oeuvres de Dostoïevski, Tolstoï ou Tourgueniev auprès des Occidentaux. Pourtant, son personnage éponyme, Ilya Illitch Oblomov a donné lieu à un archétype : celui du jeune aristocrate soumis à une seule force : l'inertie. « Sais-tu, Andreï, que jamais dans ma vie aucun feu ne s'est allumé, ni bienfaisant ni destructeur, aucun. […] ma vie, à moi, a commencé par cette extinction, bizarre mais vraie ! Dès les premiers instants où j'ai pris conscience de moi-même, j'ai senti déjà que je m'éteignais. » (p. 247) C'est cet homme apathique dont nous suivrons le parcours (j'ose difficilement utiliser le terme ‘'aventures'') curieux et assez comique, un parcours que j'ai bien apprécié.

Oblomov a un grand défaut, il est paresseux. Désinvolture, toute activité intellectuelle l'effraie. Lire un livre ? Vous n'y pensez pas, et ce mal de tête qui suivra ? de la visite ? Est-ce vraiment nécessaire ? Il est préférable de rester au chaud dans son lit moelleux. Incapable de prendre une décision, d'entreprendre une action, il reporte tout à plus tard. Heureusement qu'il n'est pas méchant. En fait, c'est plutôt le contraire, certains profitent de sa médiocrité… C'est que ce jeune aristocrate est en quelque sorte un raté (il ne s'est jamais démarqué dans ses études, qu'il a abandonnées dès qu'il eut atteint les exigences minimales pour occuper un poste dans l'administration, poste qu'il a quitté dès que la charge de travail et le stress qui l'accompagnait sont devenus trop lourds à supporter). Bon à rien, il ne remarque pas qu'il se fait rouler par tous, son métayer, le propriétaire de son appartement de St-Petersbourg, etc. Je pense que c'est pour cela que ce jeune homme reste sympathique, voire attachant, malgré tous ses revers.

Ce portrait est complété par celui du serviteur, le vieux Zakhor, mais la fainéantise du maitre déteint un peu sur celle du serviteur. Il se traine les pieds, dort pendant son service, époussette et balaie de façon sporadique… et, à l'occasion, il met la main sur une ou deux pièces de cuivre d'Oblomov, jamais suffisamment afin que ce dernier ne s'en rende pas compte. Il n'est pas trop gourmand ni imprudent. La maison pourrait tomber en ruine et c'est à peine si ce duo improbable s'en rendrait compte.

Avec ce roman, Ivan Gontcharev a réalisé avec beaucoup de finesse une critique sociale, enfin, surtout une caricature de cette aristocratie oisive qui dilapide son héritage au lieu d'essayer de faire fructifier ses propriétés. Cela m'a fait beaucoup rire. Il faut croire que c'était un réel problème et le personnage est devenu tellement populaire que le terme Oblomov a fini par coller à tous ceux qui correspondaient à ce nouvel archétype. Un genre de Tanguy, version 1859. Évidemment, c'est un roman de son temps : bienvenue les longs passages descriptifs, les longueurs. Après deux cents pages (un peu moins de la moitié du livre), on se dit qu'on a lu l'essentiel. Que peut-il rester ? Qu'est-ce qui pourrait peut-être transformer cette inertie d'Oblomov, le faire sortir de sa léthargie ? Un voyage ? Peut-être, si on l'y force. Et c'est ce que tente son fidèle ami Stolz mais, les préparatifs terminés, une enflure à la lèvre constitue un danger grave nécessitant qu'on reporte le départ à une date ultérieure… le jeune homme ne quittera pas St-Pétersbourg. Pas même des problèmes dans ses propriétés de l'Oural ? Que pourrait-il faire, lui qui n'a pas terminé ses études et ne s'est jamais occupé d'agriculture ? Non, mieux vaut qu'il reste là où il est…

Bref, le lecteur aura compris le principe. Jusqu'à l'entrée en scène de la jeune et belle Olga. Est-ce que l'amour d'une femme sera plus forte que l'apathie qui menace Oblomov ? Saura-t-il le tirer de son divan ? Ou bien cela sera-t-il une complication de plus dans sa vie si douillette ? À vous de le découvrir. Certains se réjouiront de la finale, moi, bah… Mais rendu là, c'est une question de gouts.
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Roman mythique à ne surtout pas lire si on ne supporte pas l'absence de scènes d'action. Il se compose de quatre parties : d'abord une première partie où le lecteur fait connaissance avec Oblomov, au cours d'une journée où des visiteurs se succèdent chez lui. J'ai adoré cette partie composée de scènes burlesques, le personnage de Zakhar, vieux domestique, est drôle, et le comique de répétition fonctionne bien. L'auteur arrive à rendre Oblomov sympathique malgré l'irritation que son tempérament suscite tant dans son entourage que pour le lecteur. Car il est difficile de trouver plus paresseux et plus léthargique qu'Oblomov. C'est le roi de la procrastination ! Mais il a aussi un bon fond et bon caractère. En Russie c'est un personnage mythique : le terme d'«oblomovisme» inventé par Stolz dans le roman est carrément passé dans la langue ! Après cette présentation il y a un songe d'Oblomov qui donne une idée de sa vision du bonheur tout en nous montrant l'origine de son comportement dans son enfance et son éducation, couvé par tous et privé de toute autonomie. Ce passage est très critique sur le mode de vie de l'aristocratie russe, très oisive, vivant de ses rentes et peu porté sur le changement et les innovations. A partir de là je me suis ennuyée un moment, pendant la romance entre Olga et Oblomov. C'est long pour le lecteur, cette romance très 19ème siècle qui s'enlise. Il faut dire que je n'aime déjà pas les romances d'habitude ! Et que ce roman date de 1859, pas si loin du romantisme. Heureusement, quand cette romance prend fin et qu'Oblomov déménage enfin, s'ouvre un nouveau chapitre de la vie d'Oblomov, occasion de la peinture sociale du milieu des petits fonctionnaires, pauvres, mais surtout magouilleurs et corrompus. On renoue avec la truculence du début. Et à la fin du livre on peut se demander qui, de Stolz ou d'Oblomov a mené la vie la plus heureuse (à la réserve que la sédentarité a clairement écourté la vie d'Oblomov!).
Avis aux lecteurs : les premières traductions d'Oblomov publiées en France sont scandaleusement tronquées : un quart du roman seulement pour la première traduction, un tiers pour la seconde qui a quand même été reprise par Folio et proposée jusqu'en… 2007. C'est celle-là que j'avais lu la première fois, ce qui m'avait mis très en colère car il y avait la mention «texte intégral» (il fallait comprendre « ...de la traduction »). C'est honteux ! C'est vrai qu'il y a des longueurs, mais c'est au lecteur de choisir, ou non, de lire en diagonale, ou de sauter des passages. le traducteur a juste (et ce n'est pas rien) à faire de son mieux pour transmettre le texte tel qu'il est perçu par un locuteur de la langue d'origine.
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J'ai lu ce livre via le site ebooks libres et gratuits et j'ai eu du mal, l'impression qu'il n'y avait pas de logique, et pour cause… je me suis aperçue en lisant des critiques sur babelio.com qu'il manquait une partie : Stolz n'est présent que par les souvenirs et pas d'Olga !!!

Frustration extrême donc.

Ce que j'en retiens, c'est l'éloge de la paresse certes, car Elie passe son temps couché, tourné vers le passé, la nostalgie de l'enfance où tout était mieux, il remet tout à plus tard, il procrastine dirait-on aujourd'hui… on constate le même état d'esprit chez son père, la vie au présent, le fatalisme.

Surtout, c'est loin d'être aussi simple, notre héros semble plutôt atteint de mélancolie, neurasthénie… même l'idée de vivre semble le fatiguer, même lire ; sortir de chez lui l'angoisse. Parfois, il s'enflamme quelques instants, des idées bouillonnent avant qu'il ne retombe dans son apathie.

On a parlé de : Oblovisme, le terme utilisé en Russie est oblomovchtchina, pour décrire cet état de langueur mélancolique. Tout était mélancolique à l'époque, sous la férule de Nicolas 1er, les êtres mais aussi les chants, les écrivains avaient été réduits au silence.

« Ainsi dit-on qu'autrefois le peuple était plus robuste… On ne le faisait point pâlir sur des livres qui soulèvent des milliers de questions ; or, les questions rongent l'intelligence et le coeur et abrègent la vie. »

J'ai aimé cet aspect du roman, ainsi que les souvenirs d'enfance à Oblomovka avec sa famille qui veillait sur Elie comme un objet très précieux qu'il ne fallait pas casser, ainsi que se relations avec Zakhar son valet : ce dernier est très dévoué à son maître, mais n'hésite pas à le calomnier, à le voler. Cette terre est vécue comme un refuge, un paradis perdu.

J'ai l'impression d'être passée à côté d'un chef-d'oeuvre de la littérature russe réaliste, mais, malgré les critiques élogieuses, je n'ai pas envie pour l'instant de lire la version « entière », car suivre ce héros nécessite beaucoup d'énergie. Voir l'extrait de l'adaptation au théâtre, avec Guillaume Gallienne jouant Oblomov éveille un peu ma curiosité…

Je remanierai ma critique si je change d'avis…

Challenge XIXe siècle 2017
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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ebooksgratuis.com - 181 pages - Une journée de M. Oblomov - Traduction 1877

Comme beaucoup de français, du 19ème siècle jusqu'à notre époque, je ne connaissais pas Ivan Gontcharov, alors qu'il était considéré, par ses contemporains écrivains, russes ou français, comme ayant un talent de premier ordre et ses livres ont connu un succès retentissants à leur parution en Russie !

Il fallait un livre qui illustre un des sept péchés capitaux pour le challenge Multi-Défi et je suis tombée sur ce petit bijou sur la Paresse ! Ce n'est que la 1ère partie du livre « Oblomov » où nous découvrons la journée type d'un gentilhomme propriétaire terrain, installé à Saint-Pétersbourg, de moins de 40 ans. Ses journées atteignent des sommets de paresse inimaginable.

Il ne sort pas, ne lit pas, se lève à peine, houspille son domestique-serf qui lui est tout à la fois attaché et plein de haine à son égard et quasiment tout aussi fainéant que son maître ! Il passe des heures à dormir puis à réfléchir à ce qu'il faut qu'il fasse si par malheur un problème lui est posé mais sans jamais que quoique ce soit se réalise. Il reçoit malgré tout beaucoup de visites sans que personne ne puisse le motiver.

Quand il dort, il rêve et nous repartons avec lui sur le domaine familial et découvrons son enfance et sa jeunesse, dans une famille oisive et paresseuse, priant pour que les jours se suivent et surtout se ressemblent ! Il a ainsi été freiné dans son élan de jeune enfant dynamique et surprotégé de tout. Un songe raconté pour notre plus grand plaisir.

Les dialogues d'Ivan Gontacharov sont savoureux ! Il est facile de rire à la description de ses personnages et de leurs pensées. Ses écrits sont un reflet de ce qu'était devenu la société des nobles et bourgeois sous le règne du précédent tsar, il faisait partie de la branche "naturaliste" des écrivains et de fait était un témoin de son temps et a su le transcrire de façon simple, détaillée et captivante.

J'ai passé de très agréables moments et souvent très amusants. Je vais chercher la version complète de ce livre, ma curiosité a été aiguisée !

CHALLENGE MULTI-DEFIS 2020
CHALLENGE RIQUIQUIS 2020
CHALLENGE XIXe SIECLE 2020
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Oblomov, voilà un livre qui ne laisse pas indifférent ? Au début c'est long, énervant même. Oblomov, on a envie de le baffer, de le tirer de sa léthargie et de lui filer un coup de pied dans le train en lui disant de cesser de geindre et de réfléchir, bref de le secouer un bon coup. Puis arrive Olga, là on se dit, elle va le sauver, mais très vite l'homme retourne à ses tares. Mais non, il tergiverse, ne sait pas ce qu'il veut! Comme couillon on ne fait pas mieux Puis peu à peu on se laisse emporter par l'histoire tragique de cet homme et de son ami Stolz qui tente de le sauver malgré lui. On comprend l'ambiguïté du personnage, le tiraillement de son âme, ses désirs et ses sombres passions, retenues par une barrière, une contre volonté. Nous sommes dans l'univers slave, fait de passion, de noirceur, de renoncements et de fols espoirs, de résignations et de rêves insensés. Il y a cet orgueil qui pointe même dans la détresse ou l'abandon. la peur ? Non, réellement ce sentiment n'existe pas, des regrets des désillusions oui, mais la peur n'est pas inscrite. C'est le fleuve de l'existence qui s'écoule entre ses pages et ses personnages, une vague de tristesse côtoie en permanence un bonheur qui s'affiche pourtant sans extravagance outrageuse. Chacun le trouve selon son humeur et ses besoins. Poignante histoire ou l'on passe de l'exaspération à l'élégiaque complicité avec Oblomov, comme un ami que l'on voit se perdre et qu'on ne peut décemment abandonner, on sait qu'on ne peut rien faire mais on s'interdit de l'accabler plus avant, car il est des nôtres, et malgré ses choix douteux ses abdications, il reste cet ami que l'on aime et qu'on respecte pour ce qu'il est, un être humain plein de force et de faiblesse, sans doute le double de ce que nous ne serons jamais, mais la secrète image de ce que nous aurions pu devenir.
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Il ne manquerait pas grand chose pour que les 2 "grands" problèmes d'Oblomov, riche propriétaire terrien, soient résolus... Si seulement l'oisiveté et la surprotection dont il a bénéficié, ou pâti, durant toute son enfance n'en avaient fait un être apathique, ayant à peine le courage de passer de son lit à son sofa. Et ce n'est pas Zakhare, son valet tout aussi peu courageux, qui pourra y changer quoi que ce soit... Un roman intéressant avec un personnage taillé pour le théâtre, et plutôt drôle.
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Oblomov est un aboulique : il est sans volonté. Issu d'une famille aristocratique, oisif sans vergogne, il se contente de ses revenus, reçoit peu mais a un ami : Stolz, qui l'oblige à sortir. Durant l'une de leurs sorties, Oblomov croise Olga, à qui il fait une cour discrète et longue cependant que Stolz, son ami, retenu à l'étranger, éprouve aussi quelque attirance pour Olga. La paresse, toujours la paresse, oblige Oblomov à rompe : c'est le début de la déchéance. Oblomov vit dans les faubourgs de Pétersbourg, chez les Tarantiev qui l'escroquent. Entre temps, Oblomov s'est épris d'Agafia, la soeur de Tarantiev, femme simple avec laquelle il imagine une vie de bonheur entre les enfants, dans le domaine familial. le mode de vie d'Oblomov le condamne à une mort prématurée d'une tristesse absolue.
Le roman de Gontcharov a nourri la langue russe, qui dépeint la paresse et la souffrance qui en est issue par le mot oblomovtchina. Dans ce monde qui s'agite, qui s'abreuve des nouvelles et des affaires qui sont conclues, Oblomov est comme à contre-courant : il voit l'inutilité de cette course à la vie, il perçoit les hypocrisies érigées en norme et rêve, pour sa part, d'une vie sans peine, sans travail, mais pleine d'affection. Lui qui ne peut être déjà lui-même ne veut pas être les autres. En cela, peut-être, Oblomov est un modèle de sagesse, remettant en cause la notion même de but, et de sens de la vie. Oblomov n'attend rien de la vie : il se laisse dominer par elle et ne se rebelle pas : n'y a-t-il pas là la voie d'un bonheur, même simple ?
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Beaucoup de finesse et d'humour tout au long de ces 500 pages. Des reflexions profondes et une sagesse qui n'est toujours du côté qu'on croît. A méditer alors que nous sommes plongés dans la léthargie forcée d'un confinement qui finalement pourrait nous conduire à revenir à l'essentiel et nous interroger sur le mouvement brownien qui, je n'en doute pas, nous saisira à nouveau, une fois la crise du Coronavirus passée.

"Oblomov est un personnage qui souffre d'une espèce d'immobilité physique et morale, pour qui tout déplacement, toute initiative, tout changement dans la vie quotidienne est une telle épreuve qu'il retombe vite dans la léthargie." indique Pierre Cahné, dans la préface de cette édition qu'il a intitulé "Oblomov ou le roman du renoncement".

Ce roman est une satyre sociale où l'on retrouve, à travers une autodérision pleine d'humour comparable à celle qu'emploie Gogol dans les Âmes mortes, une tentative de saisir l'âme russe.

C'est une plongée dans la Russie du XIXième siècle qui cherche à illustrer la tension entre immobilisme qu'incarne Oblomov et élan vers la modernité que représente son ami Stolz, un Allemand...comme si, seules des forces extérieures pouvaient entrainer la Russie à sortir de sa torpeur et du fatalisme dans lequel elle se complait.

Le roman est construit en quatre parties inégales aussi bien dans leur longueur que dans leur construction. Une première partie plutôt statique où l'on découvre Oblomov, son caractère, ses rêves, son enfance, son domestique Zakhar. Les personnages se mettent en place. La seconde partie tourne autour de Stolz, son fidèle ami d'enfance, parfaite antithèse d'Oblomov, tourné vers l'action, débordant d'énergie et très soucieux de sortir son ami de la torpeur. La troisième partie est celle où la seule force qui parvient à faire mouvoir Oblomov est celle de l'amour qui naît pour Olga, une jeune fille que lui présente Stolz. Un relation qui cependant ne se concrétisera pas, Oblomov renonçant à la passion et les mouvements qu'elle cause. Enfin, le dénouement dont Gontcharov tire la conclusion d'une Russie fatiguée, lâche et paresseuse à travers le destin d'Oblomov et celui de Zakhar, réduit à la mendicité, tout en s'en satisfaisant.
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Je ne sais plus quel blog ou quel site m'a fait découvrir "Oblomov" d'Ivan Gontcharov mais la littérature russe me plaisant déjà beaucoup, je sentis que j'allais être conquise. D'ailleurs la couverture encore une fois m'a attirée vers ce roman car en l'empruntant à la médiathèque, je n'ai pas cherché à lire la quatrième de couverture. La nationalité de l'écrivain, l'image et l'appréciation ont oeuvré pour que j'aille vers lui.

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L'histoire : Oblomov qui est un propriétaire terrien vit en ville, ou plutôt vit sur son canapé, alangui, toute la journée. Il reçoit ses amis qui sollicitent sa présence pour aller au théâtre, au restaurant, mais il préfère végéter sur son divan. Zakhar son fidèle serviteur le bouscule parfois, l'enjoignant à se lever, à se laver, à régler les problèmes matériels mais le maître n'en a cure. Il se complait dans sa léthargie et l'on sent toute la peine qu'il a à passer à l'action, à passer de la position couchée à assise puis assise à debout. le seul dynamisme dont il fait preuve est de parler de façon acerbe à Zakhar, de l'invectiver en permanence et de trouver mille et une ruses pour échapper à toute proposition de sortie faite par ses amis. L'amour viendra le chercher mais saura-t-il le garder ? Et sa procrastination n'engendrera-t-elle pas sa perte financière voire sa perte tout court ?



Mon avis : il s'agit d'un roman dont la première partie comporte plus de dialogues qu'escomptés et qui est théâtral. En effet, les amis vont, viennent, le serviteur entre, sort, le médecin passe, s'en va. Si Oblomov est immobile, les autres tournent autour de lui ce qui donne de l'allant, une dynamique. On ne reste donc pas englué avec Oblomov mais on est spectateur des agissements de ses amis, lesquels sont comme des planètes qui tourneraient autour d'un astre. Dès qu'Oblomov se lève enfin, on se dit : "ouf" ! Or c'est sans compter qu'Oblomov est capable de mettre sa mollesse au service de bien d'autres choses encore.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman très agréable à lire, les personnages et leur histoire. Ils sont touchants, différents et si j'ai eu parfois envie d'invectiver Oblomov ou s'il m'a agacée au début du roman, il a su me conquérir par sa sympathie.
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"Oh mon Dieu! La vie ne veut tout simplement pas me laisser seul. »
J'ai longuement débattu de l'opportunité de lui attribuer une note de 3 ou 4 étoiles, mais plus je m'éloignais de la fin de la lecture de ce livre, plus je devenais convaincu que seul un simple 4 étoiles rendrait justice à ce roman. Non, ce n'est pas un roman parfait, il contient même quelques faiblesses fondamentales, mais je n'y peux rien: au final le personnage tragi-comique d'Ilya Ilitch Oblomov m'a captivé. Plus encore que le prince Mychkine, « L'Idiot » de Dostoïevski, il a réussi à me convaincre de sa sincérité et de sa pureté de coeur. Ce dernier semble très pathétique, je sais, mais apparemment j'ai assez de romantisme sentimental en moi pour que des gens comme Ilya Ilitch me brisent le coeur.
Je ne vais pas trop analyser ce livre, qui a été fait tant de fois, avec et sans expertise. Ce qui m'a particulièrement charmé, c'est que notre pauvre Oblomov ne se rende que trop bien compte qu'il est une aberration, que sa léthargie inhérente n'a pas sa place, surtout dans une société (la Russie dans la première moitié du XIXe siècle) en pleine mutation. J'ai été constamment frappé par les passages dans lesquels Oblomov se lamente sur son sort et dit qu'il ne sait pas qui il est vraiment et pourquoi il est comme il est.
En même temps, il sait pointer du doigt la nouvelle société moderne qui s'apprête à poindre, mettre à nu le vide d'une existence affairée et industrieuse : « Les gens qui essaient de gâcher les choses pour les autres, les bavardages, les commérages, les affronts, la façon dont ils vous regardent de haut en bas. Vous écoutez ce dont ils parlent et cela vous fait tourner la tête. C'est stupéfiant... C'est ennuyeux. Ennui! Où est l'être humain là-dedans ? Où est son intégrité ? Où est-il allé? Comment a-t-il été échangé contre toute cette mesquinerie ? »
Et je ne le sais que trop bien : ce que Oblomov offre comme alternative, son inertie permanente, est tellement irréaliste et même immoral (son ami Stolz y met du sien). Mais en même temps, la représentation que Oblomov donne de la vie idéale me touche : "Après cela, je mets un manteau ou une veste ample, je passe mon bras autour de la taille de ma femme, et elle et moi nous promenons dans l'allée sombre et sans fin, marchant tranquillement, pensif, silencieux ou pensant à haute voix, rêvassant, comptant mes minutes de bonheur comme le battement d'un pouls, écoutant mon coeur battre et s'effondrer, cherchant la sympathie dans la nature, et avant que nous le sachions nous sortons sur un ruisseau et champ . La rivière clapote un peu, les épis ondulent dans la brise et il fait chaud. Nous montons dans le bateau et ma femme nous dirige en soulevant à peine sa rame. »
Gontcharov, à travers Oblomov, a parfaitement réussi à exposer les clivages de l'homme moderne : l'élan nerveux vers le changement et l'amélioration constants par opposition à l'aspiration enfantine à la simplicité, à la sécurité et au bonheur. 4 étoiles bien méritées.
PS. J'ai lu la traduction anglaise de Maria Schwartz (2008), basée sur la version de 1862 éditée par Gontsharov lui-même, qui est de loin préférable à l'original de 1859.
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