Attachement féroce (Fierce Attachments, 1987) est paru alors que l'écrivaine avait 47 ans et sa mère 80; le livre a connu un énorme succès. Il fût considéré comme le meilleur mémoire de la deuxième moitié du siècle passé par le Times.
Ce sont les mémoires chronologiques intimes de l'écrivaine, concernant essentiellement les relations très toxiques qu'elle eut avec sa mère, une mère bien particulière, envahissante, loquace, critique, impitoyable et très hystérique. C'est un livre gorgé de lucidité sarcastique avec des passages très crus.
Vivian Gornick était la fille de Louis et Bess Gornick, parents d'origine juive ukrainienne; elle avait un frère un peu plus âgé dont il ne sera pas du tout question dans le récit. Son père mourra de crise cardiaque alors que Vivian était adolescente. Sa mère fera pendant des années une dépression ponctuée de véritables crises d'hystérie.
Elles habitaient un quartier populaire de la proche banlieue prolétaire de New York où tout l'immeuble était occupé par des familles juives qui se côtoyaient et se connaissaient bien. Mais sur le même palier, habitait la seule goy de l'immeuble, Nettie Levine marié avec un marin, presque toujours absent.
Les disputes entre mère et fille sont homériques, violentes, déstabilisantes. Mais cette mère excessive aura une action primordiale : elle poussera sa fille à suivre des études supérieures.
La mère de Vivian, se considérait une femme supérieure parce qu'elle avait un peu d'instruction, mais surtout parce qu'elle était la seule de l'immeuble à parler l'anglais sans accent; c'était une femme accrochée à la notion d'amour romantique, alors que Nettie, la voisine que Vivian fréquentait beaucoup et adorait, avait une autre position, nettement plus libérée. Peu à peu va se former la personnalité d'adulte de Vivian entre ces deux femmes si différentes. Pour la mère, l'amour est une notion abstraite que se suffit à elle même, alors que Nettie conçoit l'amour par le sexe.
Cette ambivalence perturbera beaucoup Vivian qui aura plusieurs expériences de couple ratées, avortées par la difficulté qu'elle avait de se situer comme entité et de vivre pleinement ses relations.
A la fin , mère et fille finiront seules, elles arpenteront de façon inlassable les rues de New York, avec souvent une dispute bruyante au sujet des incessantes critiques de la mère envers sa fille, mais aussi dans l'autre sens. C'est vraiment de l'amour / haine.
Un livre qui remue, un livre fort qui parle avec justesse de choses intimes; j'ai surtout apprécié la deuxième partie qui m'a semblé plus intéressante, plus intense encore, proche d'une psychanalyse. le livre est si riche en situations et sensations que une deuxième lecture s'en imposerait presque.
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