Je le considère comme un des meilleurs albums de la série, les gags remplissent toutes les pages, les personnages secondaires ont de l'envergure... on est pas loin des sommets (pour moi, La Zizanie et le Domaine des Dieux). Si Astérix Légionnaire était déjà très bon, cet album marque un nouveau tournant dans la série, moins burlesque, un humour chargé de références, ces références plus judicieusement intégrées au scénario, une lecture à plusieurs niveaux, suivant l'âge du lecteur, avec quelques thématiques loin d'être légères, patriotisme, gloire militaire, collaboration... Pour moi, cela représente l'entrée dans la grande période d'Astérix, jusqu'à Astérix en Corse.
J'ai noté deux petits détails intriguants dans cet album :
Il y a tout d'abord cette étonnante faute d'orthographe qui a passé le filtre des correcteurs : “... le druide Diagnostix qui dirije l'établissement thermal…” qui me donne la fierté de posséder une édition originale.
Et il y a cette référence : “Mes gaulois sont dans la pleine” pour “Les gaulois sont dans la plaine” qui suscite bien des débats sur les réseaux sociaux, il s'agit sans doute une parodie de potache vraisemblablement très connue à l'époque et oubliée depuis, qui se chante sur la musique de la Marche Lorraine, y-a-t'il là une moquerie sur le patriotisme ? Toujours est-il que le jeu de mot saute aux yeux, mais les subtilités de cette référence un peu moins. Des fois, Goscinny va chercher très loin !
Autre détail qui m'amuse bien : les jeux de mots sur les noms des romains dans cet épisode ne fonctionnent qu'avec le supposés accent auvergnat où les “S” se prononcent “CH” : Coquelus, Perrus, Ballondebaudrus, Fanfrellus. Goscinny sait réinventer ses propres gags, ce n'est qu'un petit détail mais qui révèle bien son talent.
Et puis j'ai dit que le burlesque n'était plus, le seul moteur de l'humour, mais il est pourtant très très présent, et génialement servi par le graphisme d'
Uderzo. Je ne sais pas quel gag je préfère, le rire des esclaves numides ou la révolte des curistes... fou rire à chaque relecture ! A noter que les scènes de bagarres sont rarement représentées, le duo d'auteurs sont des cracs de l'ellipse en bande dessinée, À part la première rencontre avec Tullius Fanfrellus, dans toutes les autres bagarre, on ne voit pas Obélix distribuer les baffes, et pourtant, il en met un paquet !
Bref, il y a plein d'inventions, d'humour, il y en a pour tout les goût, c'est un album très complet, très riche, du grand art.