1974 — faut-il le rappeler ? — était une année électorale. Aussi,
René Goscinny, pas dans une de ses meilleures passes (jugez-en avec les Lucky Luke et Astérix du milieu de la décennie 1970 comparés à ceux qui ont précédé), eut-il l'idée de surfer sur cette vague rentable.
Bien lui en prit car, commercialement parlant, l'album fut un réel succès. Commercial, le mot est lancé, effectivement, cet album est l'un des plus commerciaux de la période d'or d'Astérix.
Bon, comme c'est du Goscinny, même en petite forme, cela reste acceptable et, par moments, franchement drôle, mais on est loin du MAGIC-GOSCINNY dont on se délecte par exemples dans Astérix et Cléopâtre, Astérix chez les Bretons ou même le récent (à l'époque) confrère Astérix en Corse.
Ici, tout est « pas mal », mais on ne franchit jamais la barrière de l'enthousiasme franc, massif, entier.
Le scénario est le suivant : Roméomontaigus, un légionnaire romain et pochetron notoire, arrive au terme de ses vingt ans de légion. Comme c'est de mise, César doit récompenser ces valeureux soldats ayant consacré une bonne part de leur vie d'homme au lustre et à la réussite de l'impérialisme romain.
Néanmoins, vous pensez bien qu'un pareil ivrogne n'est pas sans commettre quelques impairs, notamment à l'endroit
De César lui-même. Celui-ci décide alors de lui réserver une petite surprise en lui octroyant un lot de départ des plus gratinés. Il s'agit bien sûr de l'attribution d'un titre de propriété pour le village des irréductibles armoricains.
Nonobstant, Roméomontaigus, n'a que faire de faire valoir un quelconque droit sur une quelconque région, la seule chose qui compte pour lui, c'est de se vider une bonne amphore de vin du matin au soir. Et comme il y a bien longtemps qu'il n'a plus un sesterce devant lui, il n'hésite pas une seconde à troquer son titre de propriété à l'aubergiste gaulois Orthopédix qui le rince à l'oeil et qui commence à perdre patience quant au paiement de son ardoise.
Les choses vont bien évidemment se corser lorsqu'Orthopédix, de bonne foi, essaiera de faire valoir ses droits sur le village. S'ensuivra une confrontation avec Abraracourcix pour savoir à qui revient l'honneur d'être désigné chef du village…
Pour conclure, un Goscinny en petite forme ;
Uderzo, quant à lui est toujours impeccable, mais un album, tous comptes faits, moyen, pas mémorable, pas désagréable non plus, mais très loin des sommets incontestables du couple scénariste-illustrateur le plus talentueux de sa génération, mais là encore, est-il besoin de préciser que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.