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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ivrogne accoudé à un comptoir, Jud Stuart ne paie pas de mine. Pourtant, il est persuadé que l'homme assis derrière lui veut le tuer. Commence dès lors une fuite éperdue qui fait remonter les souvenirs d'un quart de siècle de mauvais coups et de missions au service de la CIA au Laos, au Chili ou en Iran. Et une question : qui veut la mort de Jud Stuart ? Entraînés eux-aussi dans cette ultime course, Nick Kelley journaliste et ami de Jud et Wesley Chandler, marine engagé par la CIA pour retrouver Jud, vont autant participer à cette traque qu'en faire les frais.

La figure du soldat perdu et de sa traque est un classique de la littérature et du cinéma d'espionnage ou de guerre. Avec le fleuve des ténèbres, tout comme avec Les six jours du Condor et la figure de l'innocent devenu la proie d'une machination qui le dépasse, Grady reprend donc un archétype. À cela près qu'entre les deux l'auteur a muri : seize ans, huit romans de plus, quelques mois à Washington auprès d'un sénateur démocrate et quelques années de journalisme pour des reportages touchant au crime, à la politique et à l'espionnage lui ont ôté une bonne part de candeur tant dans l'écriture que dans sa connaissance d'un sujet – la CIA – qu'il avait abordé au départ, comme jeune écrivain, par le biais d'une connaissance uniquement livresque.
C'est donc un roman plus mature et plus complexe qu'il livre avec ce Fleuve des ténèbres. Un monde où tout le monde manipule tout le monde : du Laos à Miami en passant par le coup d'État contre Allende, Jud Stuart est autant manipulateur que manipulé tandis que son ami Nick Kelley, double de l'auteur (journaliste devenu auteur à succès grâce à un roman d'espionnage), accepte de se laisser manipuler par Jud afin de trouver matière pour ses articles et romans. Quant à Wes, sans illusions, par sens du devoir et par goût de l'aventure, il accepte tacitement de devenir un pion quitte à suivre la pente glissante qui pourrait faire de lui aussi un de ces soldats perdus.

Cela donne au final un roman d'une relative complexité. Les allers-retours entre le présent des trois protagonistes et le passé de Jud lèvent peu à peu le voile sur la grande manipulation qui est à l'oeuvre. James Grady met ainsi l'accent sur 25 ans de coups tordus de la Compagnie : trafics de drogues et d'armes, organisation de coups d'État… l'auteur s'en donne à coeur joie et, fort de son expérience journalistique et de son talent d'écriture, donne une véritable chair aux événements et à ses personnages partagés entre leurs désirs d'héroïsme et la réalité à laquelle ils sont confrontés et qui les obligent à se salir. Faisant monter la tension crescendo jusqu'à un dénouement explosif, certes, mais lui-aussi confronté au fait que la réalité n'est pas toujours aussi belle qu'on l'aurait voulu, James Grady signe un roman d'espionnage ambitieux et passionnant qui le fait entrer dans la cour des grands du genre.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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C'est la petite histoire d'un héros désabusé et nostalgique dans la grande Histoire (avec un grand H) des exactions étasuniennes, cocktail plutôt bien réussi, parsemé de flashback d'"espionologie" - désolé pour ce néologisme, mais là, James Grady étale bien sa science des hommes de l'ombre, voire des ténèbres, donc - avec pour théâtre des opérations occultes : le Vietnam, l'Iran, l'Amérique du Sud, le Watergate... autant de scènes du passé susceptibles d'éclairer le présent, avec du suspense et de l'action à revendre, dignes des meilleurs films hollywoodiens. le héros, Jud Stuart, comprend que quelqu'un cherche à l'éliminer, qu'il en sait trop désormais, mais sur quelle ancienne affaire ? La construction rigoureuse et classique de la narration ne nous épargne pas les coups de théâtre et les retournements de situation, une tension constante, une ambiance de paranoïa aigüe qui semble être le lot quotidien des espions made in USA. Les ex-barbouzes de la CIA conjurent leurs démons et lavent leur linge sale en famille. Un très bon moment de lecture à ne pas rater.
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Si vous avez aimé Les anonymes de R.J. Ellory alors le fleuve des ténèbres de James Grady qui a été écrit il y a vingtaine d'années nous montre que la série Homeland n'a rien inventé, un homme qui comme tant d'autres a été jeté aux ordures de l'histoire. J'ai toujours pensé que la démocratie est une illusion et que le vrai pouvoir n'a pas de visage ni de nom, simplement un ensemble de circonstances et de hasards qui fait la richesse des aventuriers de notre époque.
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Par l'auteur des Trois Jours du Condor, ce livre est un implacable réquisitoire contre les coups tordus de la CIA en Amérique Latine, en Asie au Moyen-Orient et les intérêts privés inavouables que ces politiques de l'ombre servent, loin de la Raison d'Etat affichée et la Défense de la Patrie, invoquées la main sur le coeur par ceux qui se font prendre, les mains pleines du sang des innocents sacrifiés et les poches pleines des dollars sales des trafics d'armes et de drogue, qui servent à financer les sales guerres de la CIA. L'intérêt du Livre réside dans la large période historique couverte (une trentaine d'années), et la qualité des trois personnages principaux: un journaliste frustré de ne pas être un homme d'action fasciné par le deuxième personnage, un soldat perdu rattrapé par son passé et rongé par le remords, enfin un Marine idéaliste mais pas si naïf en pleine réflexion sur les sens de son engagement et de sa vie, et de la légitimité des Institution qu'il sert au nom du Droit (il est aussi avocat de formation) et des valeurs de l'Amérique. Les trois personnages aux destins entrecroisés, nous emportent dans une course poursuite haletante, entrecoupée de flash-backs apportant un éclairage historique, l'histoire cachée des coup tordus et des compromissions de l'Amérique. Bien documenté, le livre parvient à restituer l'ambiance du Capitole, sur fond de la quête de Rédemption de trois personnages aux parcours divers mais rongés par le même doute : comment rester fidèles aux valeurs fondatrices et conserver son intégrité quand on est au service d'un système qui fonctionne à rebours des valeurs qu'il professe? Et de découvrir un prix lourd à payer pour trouver la Rédemption.
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Ce livre, en 1995, je l'ai dévoré en quatre jours non stop, comme une mine Claymore, lorsqu'on a marché dessus, pas le choix... Je n'avais rien d'autre à faire, j'étais arrêté, hors du temps civil, observateur d'un monde qui se tenait "droit dans ses bottes", tel un Pinochet français... le temps n'était pas venu mon cher Alain. Trop tôt.
Et lorsque ce livre devient votre bible de chevet, que vous prenez le temps, internet arrivant à nos portes, d'aller chercher la moindre signification de tous ces acronymes, les dates, les lieux ... alors, une toute autre lecture s'engage et vous ne pouvez la décorréler de ce qui se passe dans le monde "réel". Une news fait s'allumer dans votre esprit "Jud", une lampe rouge au-dessus de la porte du studio "monde" dans lequel vous êtes inséré, enfin, normalement. Je n'étais déjà plus vraiment de cette société de masse, là j'ai sauté dans le terrier. Sigint, elint, humint, precint (...) la liste était déjà longue et, faisant, une montagne de données à ingérer et j'ai plongé ... ce qui m'a amené à lire, reprendre ce livre encore et encore, et aussi à échanger avec James Grady. le livre devait être adapté pour le cinéma. Peut-être est-ce trop noir. Pourtant, c'est la vérité. Et elle empire.
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