Je vois dans les graffiti l'expression d'une poésie, d'une insolence, d'une drôlerie dont l'intérêt est d'autant plus vif qu'il s'agit d'un geste furtif, éphémère et illégal. Cette spontanéité est le sel de tous ces messages anonymes (le plus souvent) adressés au passant qui sera amusé, choqué ou scandalisé.
Dans l'immense corpus répertorié (voir l'anthologie, non visuelle malheureusement, d'
Yves Pagès déjà chroniquée sur mon blog), ma préférence va vers les graffiti franchement absurdes dont on se demande dans quels cerveaux fatigués, malades, avinés ou en surchauffe ils ont pu naître. Qui donc se lève la nuit pour écrire ça sur nos murs ?
TROTSKI TUE LE SKI
3h07. C'est bizarre.
Ensemble bâtissons un Monde Sans Brocoli
CHRISTINE OUBLIE PAS LA POUBELLE
De la cancoillotte ou on brûle tout !
DU PINGOUIN DANS LE FLAMBI
JEAN LUC JE SUIS TON JEAN PÈRE
LE CALAMAR SAIT TOUT DE NOUS
ON REVIENT ON EST AUX CHAMPIGNONS
NIQUE LE FENOUIL…
OMAR M'A YONNAISE
MIREILLE M'A THIEU
NON AU GAZ DE CHIPS !
VACHE QUI RIT VACHE A MOTIÉ DANS TON LIT
PAS DE GLUTEN DANS NOS HOSTIES
De même qu'il y'a eu un théâtre de l'absurde, ces créations verbales expriment littéralement ce qu'on ne saurait ou ne pourrait entendre. Elles émanent d'un monde parallèle, pour nous obscur voire inquiétant, dans lequel on ne raisonne pas comme dans le nôtre mais néanmoins avec une logique propre dont les lois nous restent mystérieuses.
Ce livre est l'extension papier de l'indispensable site
graffitivre.tumblr.com. Y flâner vous fait prendre un vrai bol d'air, de ceux qui ventilent les neurones, irriguent les synapses et excitent les zygomatiques.
Lien :
https://lesheuresbreves.com/