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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans un monde littéraire cédant aux sirènes (si détestables le plus souvent) de l'auto-fiction, Iegor Gran fait la preuve de son talent et d'une éthique romanesque admirable. Il a attendu 20 ans avant de se décider à parler de son histoire – et surtout de celle de ses parents, en URSS dans les années 50-60. Et il le fait avec un parti littéraire étonnant : l'histoire est relatée… du point de vue du KGB ! Il fallait le faire ! Sans longueurs, avec son sens de l'absurde et du grotesque si personnel et efficace, Iegor Gran nous transporte dans ce monde terrible de la dictature communiste, de façon extrêmement concrète (il s'est documenté). C'est vertigineux !

Alors, bien sûr, on se prend d'affection pour ce couple parental hors normes, à la philosophie subtile, pleine d'un fatalisme pourtant énergique (un paradoxe ?) au point… qu'on aimerait connaître la suite ! Comment André, Maria et le petit Iegor parviendront-ils à gagner la France ? On fera crédit à Iegor Gran de la pudeur attachante dont il a fait preuve – jamais un “je” dans ce livre ! (sauf erreur) – et on le laissera libre juge de nous offrir ou non une suite. C'est lui l'auteur, tout de même !

“Merci et encore bravo !” serait-on donc tenté de lui dire affectueusement pour conclure…
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En vertu des articles 167 à 177 du Code pénal… »...Le Réalisme socialiste... dossier administratif II-8-1959-Esprit-C...
l'écrivain russe Andreï Siniavski père de Gran, après une traque incessante et de tous les instants, tombe sous le coup de la loi et direction la Sibérie. C'est son histoire que publie Iegor Gran avec beaucoup d'humour, un peu de rancoeur et dans le fond quelque colère.
Passionnante chasse au déviationniste par Iegor Gran qui a choisi le «parti d'en rire» d'ailleurs qu'aurait-il pu faire d'autre ?
Pour le suivre il va nous falloir intégrer la cellule « des services compétents » qui ne brillent pas par la pertinence de leurs enquêtes mais qui, néanmoins, obtiennent des résultats grâce à leurs mouchards et des milliers de petites surveillances à tous les niveaux: la société russe est un millefeuille bureaucratique et collaborationniste elle fait d'innombrables rapports insignifiants mais c'est bien le diable quand on n'en tire pas quelque chose.
Iegor Gran va nous entraîner dans la vie quotidienne et concrète du russe moyen et d'autres plus rustiques: la propagande communiste omniprésente, la surveillance ininterrompue du citoyen, le quotidien du camarade enquêteur, le fanatisme décérébré et complaisant, les dénonciations de voisins ou collègues, des faits divers qui ont asticoté l'URSS comme Penkovsky ou qui ont tout simplement marqué l'histoire, Gagarine, Soyouz, les amitiés artistiques occidentales .
La Russie c'est un peu «le crabe sans la mayonnaise» comme disait Francis Blanche mais lorsqu'il pince ça fait mal et puis le crabe c'est aussi une terrible maladie !


Une société pyramidale où « de la baleine à la sardine et du poisson rouge à l'anchois dans le fond de l'eau chacun dîne d'un plus petit que soi... »toujours d'après Francis Blanche
Un livre informateur mais très rigolard et on sent quand même quelques piques antisoviétiques et une certaine antipathie de Gran envers ce beau pays protecteur de ses administrés : on se demande bien pourquoi!
On appréciera le courage de « pa Siniavski/Gran » qui sait qu'il va tomber, qui sait qu'il est surveillé mais qui continue sur sa lancée. Chapeau ! « Ma Siniavski/Gran » n'est pas triste non plus !
Merci Iegor pour cette leçon d'optimisme, de bonne humeur et l'empathie que vous avez pour les cons
... car c'est dur d'aimer les cons...
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Les services compétents, ce sont les services du KGB dans les années 1960 en Union Soviétique. le lieutenant Ivanov traque un certain Abram Tertz, pseudonyme choisi par un drôle d'écrivain qui s'échine à faire passer ses nouvelles fantastiques en Occident. Il sera identifié après six longues années d'une enquête souvent dérisoirement cocasse : de son vrai nom André Siniavski, avec sa femme, Maria Rozanova. Ce sont les parents du narrateur.
Pour écrire ce roman, Iegor Gran s'est lancé depuis plusieurs années dans un important travail de documentation. Il raconte ainsi le dégel post-stalinien. Depuis 1958 et l'affaire Pasternak, on s'interroge : Quel est le bon dosage de la répression ? Siniavski est arrêté en 1965 et condamné à 7 ans de goulag. Libéré en 1971, il émigre en France en 1973. Son procès marque le début du « refroidissement brejnévien » et du mouvement dissident. Les services compétents, c'est donc le roman vrai et satirique de cette histoire intime et collective, écrit aujourd'hui par le fils de Siniavski, né l'année même de l'arrestation de son père. Les traîtres côtoient les dissidents comme les turiféraires et les Tartuffes du système. de fausses pistes loufoques trompent les zélés défenseurs de l'idéal socialiste qui ont fort à faire dans leur combat. La culture occidentale s'introduit en fraude un peu partout. La dépouille de Staline est retirée de son mausolée. Gagarine reçoit en récompense de son exploit spatial une invraisemblable liste d'objets ménagers. Et une géniale absurdité contamine tout.
J'ai adoré ce livre, plein d'humour et d'infos. Ht Ko. Lu dans le cadre 007 sur reco Bri Tab. 15/20
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« Les services compétents » sont la chronique de la chasse menée par les services secrets soviétiques contre deux auteurs qui publient en Occident des textes sarcastiques contre le pouvoir. Iegor Gran n'est autre que le fils de ce dissident, André Sinoviev. Mais ce n'est certainement pas une chronique d'admiration filiale, car le vrai personnage central de l'histoire est le responsable des services qui mène pendant six ans cette enquête qui s'achève par la condamnation de Sinoviev à 7 ans de goulag. Histoire d'une routine bureaucratique d'agents zélés et sans imagination au service de la mécanique fantasque et cruelle organisée par les maîtres du Kremlin. Écriture légère et pleine d'humour pour raconter l'histoire grotesque de la dictature soviétique.
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Roman très agréable à lire grâce au style moqueur, ironique, tout en relatant des faits historiques en Russie, la corruption, le pouvoir du Parti, la révolte d'une tranche des intellectuels, et le drame familial que l'auteur a vécu. On ressent la fierté qu'il éprouve pour ses parents exceptionnels. Au plaisir de le relire bientôt !
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L'histoire de l'URSS et du KGB à l'époque de Khrouchtchev et de Brejnev, et des Services « compétents » spécialisés dans la traque des dissidents et chargés d'assurer le contrôle de la population. A cette époque la fin du stalinisme n'est qu'un dégel tout relatif !
Pour décrire et dénoncer un système ubuesque, Iegor Gran s'appuie sur un fait réel : un écrivain russe qui, des années durant sous le pseudo d'Abram Tertz, arrive à faire passer et publier en occident des textes qui donnent une image peu flatteuse du régime soviétique, et qui arrive à déjouer le système et la vigilance des Services compétents.
On prend plaisir à la lecture de ce pamphlet, Iegor Gran tout au long de son récit manie avec bonheur le sarcasme et l'ironie et détend une atmosphère qui aurait pu être pesante.
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L'auteur a choisi d'en rire, alors que le sujet est grave. L'humour du désespoir. Etre écrivain dissident et faire passer à l'ouest des écrits contre le régime - c'était la prison assurée. Un témoignage précieux qui rend hommage au père de l'auteur.
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Une lecture intéressante et captivante, un récit à la fois drôle et tragique.
Drôle car on y découvre un récit au traitement bête et parodique des services d'espionnage russes du temps de Kroutchev, l'époque post-Stalinienne. On y poursuit les écrivains encensés par le régime d'un côté et de l'autre côté, les maudits, ceux qui ont l'audace de le dénoncer. Et si j'ai bien compris, l'auteur serait le fils d'un de ces écrivains traqués, poursuivis et condamnés. On découvre ici une poursuite façon jeu du chat et de la souris...
Tragique car la liberté d'expression étant toujours évidemment proscrite dans cette URSS qui se libère pourtant peu à peu des purges staliniennes, on y découvre des personnages acharnés, assoiffés de l'Ordre qui n'ont de cesse de traquer des écrivains et des poètes, de mettre absolument tout en oeuvre pour les coincer , même si cela doit prendre des années...
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Entre la vision de l'écrivain Tertz et celle du Capitaine Nikonovitch, l'écart se creuse. L'un observe avec lucidité la constance des dérives de l'idéal communiste, l'autre se complaît dans une utopie à sens unique qui pour se concrétiser doit passer par une purge continuelle.
Gran perçoit l'URSS de l'époque comme un organisme malade, soumis à différentes contradictions qui finiront par avoir raison de sa vitalité. le déficit de la croyance tient justement à sa force première. Car les citoyens de l'URSS y ont cru à cet avenir communautaire et solidaire. La force de cette foi rendit le réveil plus brutal encore.

Gran est précis dans ces descriptions. Il rappelle l'exposition américaine de 1959 à Moscou, le peuple qui vint en masse pour goûter le coca-cola et mirer les inventions de l'Occident (le lave-vaisselle, les aspirateurs…) Khrouchtchev pouvait bien se montrer dubitatif , les citoyens, eux, ne s'y trompèrent pas. le soda américain plus fort que la vodka ? Lancé, le doute progresse. L'écrivain rappelle aussi la difficile progression de la culture. Face aux images d'Épinal du réalisme socialiste, les peintures cubistes de Picasso interrogent, au point que le camarade Khrouchtchev décidera d'interdire les expositions d'avant-garde.


Le style est vif, piquant teinté d'une ironie grinçante. Il faut lire entre les lignes, combler les vides qui émaillent le pragmatisme de Nikonovitch, l'homme du KGB, confondre son regard avec celui de Tertz parti à la recherche d'un ailleurs qui se situe dans l'imaginaire à même de transformer l'urbanisme maussade de Moscou. L'homogénéité du style de Gran permet de soutenir l' antagoniste des deux personnages. Citoyens du même pays, membres du même parti, Tertz-Nikonovitch sont les deux icônes d'un diptyque national et politique qui ne tardera pas à se briser.

Roman historique à travers la description de l'URSS du début des années 1960, celle de Nikita Khrouchtchev, biographique ensuite, car l'un des personnages principaux du roman, Abram Tertz, père de l'auteur.

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Pas mal. Ça m'a goûté. C'est comme tintin au pays des soviets un peu. Mais avec moins de dessins quand même.
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