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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le diable en rit encore ! de cette entourloupe d'Andreï Siniavski, écrivain russe, devenu Abram Tertz pour offrir ses réflexions au monde occidental, monde rejeté par le KGB, loin de l'idéal socialiste inculqué au peuple russe souvent de force.
Bien sûr, il faut rappeler que l'histoire se passe dans les années 60 en URSS et qu'il est de bon ton de glorifier le régime soviétique et non de le calomnier comme on le reproche à cet écrivain.
Voilà un roman caustique, basé sur faits réels et qui ont demandé à Iegor Gran de longues heures de recherche documentaire dans les archives de l'ancienne URSS et les archives familiales puisqu'ici il s'agit bien de l'histoire de ses propres parents. Histoire racontée de façon cocasse, pleine d'humour et de grotesque parfois. Histoire collective et personnelle en même temps.

Certains passages sont étonnants, stupéfiants et (ou) plutôt drôles, comme l'hommage rendu au Français et communiste Maurice Thorez lors de sa mort, avec l'inauguration d'une ville portant son nom. Il en est de même avec la liste des cadeaux reçus par Gagarine lors de son exploit spatial, un vrai trousseau de mariée ! Et que dire de la grossesse de Maria et de l'accouchement presque en direct, retransmis par micros cachés dans l'appartement de Siniavski !

On peut remercier l'auteur d'avoir su s'éloigner des archives familiales pour recréer l'union soviétique telle qu'elle était à l'époque et d'avoir signé là une vraie peinture de cette période historique située entre la fin du régime de Krouchtchev et le nouveau de Brejnev.
J'ai bien aimé également le ton goguenard de l'auteur pour narrer les événements, aucun esprit revanchard sinon le sens de l'humour. Même Ivanov lieutenant du KGB (et attention sorti tout droit de la grande école Sup de K) est gentiment peint, le beauf dans toute sa splendeur, au garde à vous, respectant à la lettre les consignes.
Un roman à haute valeur historique qui ne doit pas nous faire oublier qu'André Siniavski a été condamné à sept années de camp à régime sévère.


Moscou, 1965. André Siniavski vient d'être arrêté par le KGB. Les services compétents ont mis près de sept ans avant de trouver la piste d'un certain Abram Tertz, pseudonyme de l'écrivain dissident. le lieutenant Ivanov, après bien des tergiversations, a enfin rempli sa mission...
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Le fils du couple Siniavski règle ses comptes avec le KGB et tout particulièrement Evgueni Feodorovitch Ivanov, responsable de la traque puis de l'arrestation de son père en 1965.
L'humour y est féroce et l'ironie glaçante. Les Services compétents ont comme compétence essentielle de persécuter le moindre citoyen susceptible de mal écrire ou de mal penser. L'auteur rend un très bel hommage à ses parents. A son père qui réussit à échapper pendant près de six ans aux cancrelats chargés de le neutraliser et qui, une fois démasqué, ne se renia pas. A sa mère également, en particulier à travers les perquisitions où elle se joue des nervis qui fouillent et saccagent l'appartement (communautaire) familial.
« Il faut déménager le lit à barreaux. Chmakov et Koulakov s'y collent.
_ Vous n'avez pas fouillé sous le matelas, dit la femme, toujours avec le sourire. Si, si, j'insiste. Allons ! Faites votre travail. Je ne voudrais pas que vous vous fassiez gronder par votre hiérarchie à cause de moi.
Comme ils hésitent, gênés, elle se débarrasse de son fils en le fourrant dans les bras du lieutenant, et accomplit devant eux le dépeçage du petit lit. »
Iegor Gran n'est pas un écrivain du niveau de Soljenitsyne mais son pamphlet est très agréable à lire. On a plaisir à découvrir comment un homme seul a pu faire passer à l'Ouest ses textes dissidents en ridiculisant les sinistres argousins des « services compétents » attachés à sa perte. Comment il a réussi à garder le secret aussi longtemps, puis comment il a su résister à six ans de camp « à régime sévère ». Lecture utile pour se souvenir que la liberté d'expression doit être défendue sans ambiguïté.
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La traque d'un écrivain russe, Andreï Siniavski, par le KGB. Il publie, sous le pseudonyme d'Abram Tertz, des ouvrages critiques du régime soviétique en Occident. L'auteur, son fils, nous permet d'entrevoir les prémices de la dissidence en Union soviétique dans les années 60. Il fait le choix de romancer avec ironie la longue enquête pour démasquer son père et, pour ce faire, adopte le point de vue des services de renseignement du régime. Un bel hommage.
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LC avec Bellonzo :-)

Iegor Gran a neuf mois quand le KGB arrête son père. le crime de celui ci ? Avoir fait passer ses écrits à l'ouest.

Nous sommes en 1965. le premier chapitre raconte la perquisition qui a lieu chez ses parents. Sa mère m'a paru très forte et pas du tout intimidée par les 6 policiers qui vont fouiller son appartement pendant des heures (sans rien trouver d'ailleurs, les preuves du crime sont bien cachées derrière la bibliothèque…)

Après ce premier chapitre prenant, l'auteur pratique un retour en arrière, 1959. Il suit pas à pas les enquêteurs : l'enquêteur principal Ivanov ne semble pas très intelligent mais il est persévérant et a beaucoup de moyens (ou de mouchards). Il s'agit là d'un récit où on sait déjà que Siniavski (ou Abram Tertz, le pseudo qu'il s'est choisi – nom d'un brigand populaire d'origine juive) va être arrêté… Tout l'intérêt réside dans l'observation des faits de l'époque : Staline est mort depuis 6 ans et il y a comme un léger (très léger) assouplissement de la répression des opposants au régime. Avec un ton parfois grave mais aussi parfois très moqueur (de nombreuses phrases avec les termes « les services compétents » m'ont fait sourire), ce roman est instructif sans être pesant. le KGB est parfais tourné en ridicule mais il finira dans ce jeu du chat et de la souris par attraper l'écrivain. Je ne connaissais pas du tout celui-ci ( il viendra s'établir en France avec femme et enfant, l'auteur Iegor Gran, en France en 1971). En tout cas son fils m'a convaincu et donné envie de le relire.
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Septembre 1965, l'écrivain Andreï Siniavski, père de Iegor Gran, est arrêté par le KGB pour avoir publié en Occident, sous le pseudonyme Abram Tertz, des écrits critiquant le régime soviétique. Il passera 5 ans et 9 mois emprisonné dans un « camp à régime sévère ».

La première publication d'Abram Tertz « le réalisme socialiste » parait en France en février 1959 dans la revue Esprit. La huitième section des services compétents, « propagande anti-soviétique », est alertée. Il faut identifier et appréhender au plus vite le fauteur de troubles. La traque menée notamment par le très zélé lieutenant Evgueni Feodorovitch Ivanov durera finalement plus de six ans. Véritable plongée dans le fonctionnement souvent kafkaïen des services compétents de l'époque, le récit décrit avec humour les recherches effectuées par Ivanov et ses collègues pour débusquer l'impudent qui a osé défier le régime soviétique !

« le lieutenant a raison : il est inconcevable, quand on y réfléchit en prenant du recul, que les meilleurs services compétents du monde aient mis autant de temps à compléter le puzzle. S'ils avaient su que l'affaire prendrait ces proportions… A partir d'un article de rien du tout, paru en France dans la revue Esprit… Une crotte de nez… »

C'est parfois tellement absurde que l'on peine à imaginer que cela soit vrai, et certains passages du livre sont franchement cocasses : la description de la folie qui saisit une partie des moscovites lors de l'exposition nationale américaine de 1959, les trésors d'imagination pour faire entrer en URSS des livres interdits, disques de jazz et autres enregistrements de Gilbert Bécaud, ou bien encore l'organisation de séances de cinéma clandestines d'étudiants en géologie. Présentées avec humour les situations n'en sont pas moins tragiques, la plupart des personnes coupables de ces « délits » étant par la suite condamnées à de lourdes peines.

« II-8-1959-Jivago-B. Une délégation de chimistes russes, de retour d'un congrès à Vienne, a rapporté plusieurs copies du Docteur Jivago dans ses bagages. On s'en est aperçu bien trop tard. Il va falloir maintenant vérifier que des exemplaires du livre interdit ne se sont pas échappés dans la nature. Ce qui nécessite de contrôler discrètement les allées et venues de tout ce monde – on ne va pas s'amuser à les arrêter (ce serait surréagir). Une discussion sérieuse avec chacun est indispensable. Sans oublier de remonter les bretelles aux responsables de la « sécurité » qui ont fait partie du voyage. »

L'abnégation sans failles du lieutenant Ivanov, sa détestation à l'excès de tout ce qui vient de l'Occident, donne lieu à de nombreuses saillies tragi-comiques dans le récit et dresse au final un portrait pathétique de ces fonctionnaires dévoués à la cause. C'est d'autant plus pertinent que Iegor Gran parle de l'homme qui a consciencieusement traqué son père.

« On n'est pas des monstres, quoi.
Vous en connaissez beaucoup, des services compétents, qui offrent des chocolats, des jouets ? Qui se battent autant pour la santé et la stature morale de la population ?
"J'aime mon métier", pense Ivanov. »

Je découvre Iegor Gran avec ce roman dont j'ai apprécié le ton et l'humour grinçant sur un sujet pourtant très personnel.
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Pour écrire ce roman, Iegor Gran s'est plongé dans le passé de son père, Andreï Siniavski, un dissident soviétique qui écrivait sous le pseudonyme d'Abram Tertz des textes pour une revue française et dans lesquels il se moquait à à travers de subtiles métaphores du régime communiste… tout en tentant d'échapper aux officiers du KGB qui tentaient de débusquer ce traître à la nation.
Le livre raconte ce jeu du chat et de la souris entre les services secrets et l'écrivain qui vivait dans une sorte de semi-clandestinité en compagnie de son épouse Rozanova avec laquelle il avait établi un code afin de le prévenir de toute visite impromptue des fameux services compétents. Mieux que ça, leur appartement était équipé d'une pièce secrète remplie de livres interdits et dans laquelle le père de Iegor Gran pouvait se réfugier en cas de danger.

Plus qu'un roman d'espionnage au temps de la guerre froide, Les services compétents est un portrait de cette URSS des années 60 où l'on sent le pays attiré vers le progrès mais qui refuse de succomber aux charmes du capitalisme, avec notamment pour illustrer cette situation, une séquence assez cocasse qui évoque la rencontre entre Kroutchev et Nixon lors de l'exposition américaine à Moscou en 1959 om les moscovite découvrait le coca-cola.

Le roman est truffé d'anecdotes, de séquences très visuelles sur cette période de la vie moscovite vue, à la fois du point de vue de l'écrivain mais également de celui des fonctionnaires du KGB, montrés pour certains avant tout comme de bons fonctionnaires, scrupuleux et idéalistes.

Un roman plein d'humanisme, au style alerte, qui nous fait croiser des personnages tour à tour étranges, truculents inquiétants… un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir. on y apprend aussi pas mal de choses sur le quotidien des officiers du KGB. Et même si l'histoire se termine sur une note pas très drôle, ce roman reste un beau portrait d'une époque qui n'a pas fini de révéler ses secrets.


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En URSS après la mort de l'ogre Staline en 1953, et l'apparition de Nikita Khrouchtchev, l'équipe du lieutenant Ivanov est chargée de lutter contre les écrivains qui pourraient propager des idées subversives, dans le pays et surtout hors du pays. Après l'affaire Boris Pasternak, ils traquent « Abram Tertz », pseudonyme d'un écrivain qui parvient à faire passer des « nouvelles fantastiques »en France. Les descriptions de cette période en URSS, des activités des « services compétents », c'est à dire du KGB, des relations avec l'occident, de l'appétence pour des produits encore rares dans le pays sont faites avec beaucoup d'humour et de distanciation, malgré leur gravité. Abram Tertz échappe longtemps et astucieusement à Ivanov et bénéficie d'un assouplissement des sanctions encourues par les dissidents à l'approche de la « glasnost ». Un roman riche en informations historiques recueillies par l'auteur, fils d'André Siniavski enfin démasqué et envoyé en camp quelques années. Cette histoire joint l'utile à l'agréable et la redécouverte d'une tranche d'histoire récente illustrée de cette manière procure beaucoup de plaisir.
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Il a 9 mois quand des membres du KGB viennent perquisitionner dans la maison de ses parents. Son père, l'écrivain Siniavski, vient d'être arrêté. Il a fait passer en occident des écrits satiriques sur le régime communiste. Il sera condamné à 7 ans .
Iegor Gran démonte avec beaucoup d'ironie et d'humour le fonctionnement arbitraire et absurde des "services compétents". Pour cela il adopte le point de vue du lieutenant chargé de l'enquête, Ivanov. Excellent !
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Ce roman aurait tout d'une vaste farce s'il ne s'appuyait pas sur des faits réels. Iegor Gran raconte en effet l'histoire de son père Andreï Siniavski, dissident soviétique.
Le petit Iegor a neuf mois lorsque que le lieutenant Ivanov annonce à Maria Siniavski que son mari a été arrêté par les « services compétents », c'est-à-dire par le KGB, après une longue traque qui a failli rendre fou les serviteurs zélés de l'ordre communiste.
Tout commence en 1959. le dossier dont il s'agit « répond au nom administratif II-8-1959-Esprit-C », la dernière lettre correspondant au « niveau d'importance, sur une échelle allant de A (priorité absolue) à E (importance mineure) ». Il fait référence à un texte anonyme publié dans la revue française « Esprit » qui s'intitule « Le réalisme socialiste ». D'autres suivront signés Abram Tertz qui serait le nom d'un brigand juif, héros d'une chanson ukrainienne.
Iegor Gran suit l'enquête des employés du Comité pour la Sécurité de l'Etat comme s'il était « embedded » pour mieux souligner, avec une ironie mordante, la rigidité et la lenteur du service. « Le lieutenant a raison : il est inconcevable, quand on y réfléchit en prenant du recul, que les meilleurs services compétents du monde aient mis autant de temps à compléter le puzzle. S'ils avaient su que l'affaire prendrait ces proportions… À partir d'un article de rien du tout, paru en France dans la revue Esprit… Une crotte de nez…» écrit-il.
Et de stigmatiser le fonctionnement de la société soviétique avec les pénuries, le marché noir, les magouilles, l'alcoolisme patent qui permet d'oublier sa condition, la fascination de certains pour l'Occident et ses biens de consommation, la paranoïa, la répression, la censure, la délation érigée en système, la peur, les mensonges, la propagande, les avantages réservés aux orthodoxes proches du régime... La dictature oligarchique qu'est devenue l'URSS est bien éloignée de l'idéal communiste d'égalité entre les hommes et d'émancipation des classes opprimées et, alors qu'elle envoie le premier homme dans l'espace, elle est incapable de fournir à sa population les biens de première nécessité.
Ceux qui aspirent à un peu de liberté et à consommer des oeuvres interdites comme le film « Huit et demi » de Fellini font preuve d'ingéniosité pour échapper à la surveillance des « services compétents ».
Six ans après le début des investigations, Andreï Siniavski est enfin arrêté. Grâce à un indic infiltré dans les milieux intellectuels. L'écrivain réfute l'accusation d'antisoviétisme.
« Comment en effet prouver qu'un texte d'invention calomnie l'ordre soviétique ?... Surtout quand le récit bascule dans le fantastique. En quoi la faculté de deviner le futur, que possède le narrateur du « Verglas », est-elle contraire à la doctrine prolétarienne ? ».
Cette difficulté à apprécier une oeuvre de fiction n'empêche pas Siniavski d'écoper de sept ans de camp. « Ainsi justice a été rendue »...
Bel hommage à son père dont il est incontestablement le digne héritier avec son humour caustique, Iegor Gran a dessiné un portrait très juste de l'URSS des années 1960 que Ivanov incarne parfaitement. Il finira général !
Par certains aspects, ce roman m'a fait penser à « La plaisanterie » de Milan Kundera.





















Lien : http://papivore.net/litterat..
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Une histoire drôle de KGB ou bien un drôle de KGB? L'auteur narre la vie d'une cellule spécialisée dans la traque de son père, auteur soviétique déviant car ayant commis un récit contre le réalisme socialiste et, comble de l'horreur, l'ayant fait paraître en Occident, au nez et à la barbe des dirigeants soviétiques.
Cette traque va durer six années. L'auteur l'évoque avec fantaisie et humour, mettant le doigt sur les incongruités de ce régime totalitaire, provoquant inerties et inepties en cascade.
C'est fin, pertinent, instructif et jamais morose. Une oeuvre de bienfaisance!
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