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Citations sur Au nom de tous les miens (121)

- Ici, Miétek, tu dois survivre, pour nous, répétait-elle. Tu vas partir et lutter. Tu nous vengeras.
Elle s’appelait Sonia, maigre, désespérée, héroïque dans son désir de connaître et de subir.
- Il faut que tu partes, Miétek, ici tu ne peux rien. Ils ne veulent pas savoir. Un jour, si tu restes, un mouchard te dénoncera aux Allemands. Et tu ne dois pas mourir, Miétek, tu sais trop de choses. Tu es notre mémoire.
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Nos vies avaient la résistance de la pierre et nos pierres l'éternité de la vie.
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Puisqu’ils prenaient notre vie, c’est qu’elle était un trésor, puisque les miens étaient morts j’étais dépositaire de leurs vies. Ils m’avaient légué leur passé, ce qu’ils auraient pu devenir et ce qu’ils avaient vécu de joies et de peines. Par moi seul vivait la rue Senatorska, par moi seul vivait la cachette du ghetto, par moi seul vivait le regard de Zofia ou de Rivka. Par moi seul et peut-être père avait-il réussi, peut-être dans la campagne luttait-il ou peut-être avait-il regagné Varsovie. Et par moi vivrait la vengeance. J’ai décidé de vivre. J’ai décidé de m’enfuir. Au nom de tous les miens.
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Au coin de la rue Wolynska et de la rue Zamenhofa, au milieu de quelques valises, une famille de Juifs était assise sur le bord du trottoir. Peut-être des Juifs de Praga abandonnés là par un camion et n’ayant plus rien. Une petite fille avec des tresses regardait fixement devant elle : j’ai traversé la rue, j’ai posé deux gâteaux sur ses genoux. Ce n’était rien mais puisque j’avais décidé de vivre, d’être libre, il fallait un peu, aussi, aider à vivre. Car vivre pour soi seul, à quoi bon ?
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Il fallait vivre, apprendre à lutter pour boire et manger, comme les bêtes. Et les rues étaient peuplées de bêtes. J’avais connu des hommes. L’espèce en semblait disparue. Je me suis battu pour défendre ma place dans une longue queue devant la boulangerie du quartier. J’ai poussé, j’ai moi aussi bousculé des femmes. J’étais fort. Je regardais, je voulais ma part, pour moi et les miens, mais j’essayais de comprendre. Peut-être était-ce naturel, cette lutte, chacun pour soi, pour sa famille ? Plus personne ne semblait se connaître. Parfois des soldats distribuaient leurs vivres. Dans l’un des jardins de Varsovie, près de chez nous, ils étaient deux,avec de grandes capotes verdâtres, qui avaient ouvert leurs musettes, et autour d’eux il y avait des femmes, des enfants et l’un de ces vieux Juifs barbus avec sa calotte noire. Les femmes se sont mises à crier :
– Pas au Juif, d’abord les Polonais, ne donnez rien au Juif.
Les soldats ont haussé les épaules et ont tendu au Juif un morceau de pain gris, mais une femme s’est précipitée, a bousculé le Juif et a pris son pain. Elle criait comme une folle :
– Pas au Juif, d’abord les Polonais.
Le Juif n’a rien répondu, il est parti. Les soldats ont continué à distribuer les provisions. J’ai serré les dents, je n’ai rien dit. J’ai pris un morceau de pain. Je ne ressemble pas à un Juif. Les rues étaient remplies de bêtes, je le savais maintenant.
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Mais non,j'étais là ,à regarder ce journaliste qui de temps à autre levait les yeux vers moi puis les rabaissait vite ,comme pour dire : " je vous ai vu ,vous êtes vivant ,eux sont morts et je n'os pas affronter leur mort et votre vie .
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Parmi les corps chauds nous avons trouvé des enfants encore vivants. Seulement des enfants, contre le corps de leurs mères. Et nous les avons étranglés de nos mains, avant de les jeter dans la fosse : et nous risquions notre vie à faire cela, car nous perdions du temps. Or les bourreaux voulaient que tout se passe vite.
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Seule une vie comme celle de Martin Gray pouvait faire naître des mots et des images d'espoir, des volontés et des courages, qui se sont gravés à tout jamais dans mon coeur.
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C’est Treblinka.
Ici, commence un autre temps.
Ici, il me faudrait une autre voix, d’autres mots. Ici, il faudrait que chaque lettre d’un mot dise toute la beauté d’une vie, de milliers de vies qui vont disparaître. Il faudrait que je dise le regard de ma mère, et les doigts de mes frères qui s’accrochent à moi et les cheveux de Rivka que j’aperçois loin déjà dans une colonne de femmes et d’enfants qui se forme sous les coups : là-bas est ma mère et sont mes frères et Rivka. Adieu, les miens.
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Je me suis laissé presque engloutir, tout ce jour, par mes souvenirs : nos derniers rires dans cette cour inconnue, après notre évasion du camion quand nous nous étions lavés avec cette eau fraîche ; et avant quand je l’avais rencontré au café Sztuka, Mokotow-la-Tombe m’attendant, faisant les cent pas sur le trottoir, alors que mon père reconnaissait mon indépendance. Sans nous voir souvent nous avions avancé au cours de ces années, épaule contre épaule, nous retrouvant toujours. Il m’avait donné la force. Ma volonté, c’était la sienne. Nous étions l’un dans l’autre, à jamais, et tant que l’un de nous vivrait l’autre ne mourrait pas. Père, merci pour cette vie.
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