AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,81

sur 309 notes
5
19 avis
4
26 avis
3
8 avis
2
4 avis
1
0 avis
haletant
Commenter  J’apprécie          10
Me voilà à lire un live qui parle de philosophie et j'y prend goût… comme quoi mon cas n'est pas si désespéré ! Ce livre d'une belle érudition se lit comme un roman et nous fait voyager au travers du temps.

Le fil conducteur de ce livre est le texte de Lucrèce de rerum natura. Greenblatt prend comme prétexte sa redécouverte au XVe siècle par Poggio Braccioloni, dit Le Pogge, pour évoquer l'épicurisme, l'antiquité romaine, l'Humanisme qui annonce la Renaissance, la diffusion et l'impact du texte de Lucrèce depuis cette époque.

Le Pogge a été secrétaire apostolique du pape Jean XXIII, à l'époque où il y avait 3 papes en concurrence. Son parcours permet de retracer la vie de l'Eglise et le schisme qui s'est terminé avec le concile de Constance et l'élection de Martin V. Le Pogge serait qualifié aujourd'hui « d'intellectuel », il a côtoyé les érudits de Florence et de Rome et a consacré quelques temps à rechercher des manuscrits anciens dans les monastères, c'est ainsi qu'il a mis la main sur le texte de Lucrèce que tout le monde croyait disparu.

Greenblatt synthétise brillamment et simplement la vie et la doctrine d'Epicure, son impact et son influence dans l'antiquité romaine. Lucrèce fait partie de ses disciples et de rerum natura est une oeuvre qui reprend et développe les thèses épicuriennes. Une des principales est qu'il n'y a rien après la mort et que les dieux n'interviennent pas dans les affaires des hommes ; on comprend aisément que les clergés de tout poil n'aient pas apprécié et notamment le christianisme.

Le texte est réapparu en 1417, juste avant la Renaissance (1453 ou 1492 selon les écoles). Il a d'abord été diffusé confidentiellement par des copies manuscrites, puis largement grâce à l'imprimerie. le texte latin semble d'une beauté classique exceptionnelle et a contribué à son succès, même si les idées ont pu choquer la sensibilité chrétienne.

On retrouve des influences plus ou moins fortes de Lucrèce dans les thèses de Giordano Bruno, dans les Essais de Montaigne et même dans la déclaration d'indépendance américaine de Jefferson qui évoque la « poursuite du bonheur ».

Tant de thèmes dans un même livre pourraient faire craindre à une accumulation de sujets, mais l'histoire de ce manuscrit permet de lier les différents époques et de montrer une continuité du foisonnement intellectuel.

Commenter  J’apprécie          20
En 1417, un ancien secrétaire d'un pape déchu, Le Pogge, découvre, lors d'un périple à travers l'Europe, un manuscrit de Lucrèce qui avait disparu de la circulation. Grâce à cette re-découverte et à sa diffusion, le monde bascule du Moyen-Age dans la Renaissance...

Comme beaucoup de lecteurs, je me suis laissée avoir par la couverture "davincicodesque" et le titre qui augurait d'un palpitant polar à base de vieux livres maléfiques. Et puis je partais en vacances en Toscane et je me disais que je resterais ainsi dans la thématique. Je me suis donc trompée, comme beaucoup d'autres mais pour autant, je n'ai pas du tout été déçue par ce qui s'est révélé un essai sur la littérature, la philosophie, la Renaissance et l'histoire de ce Quattrocento tourmenté. Je n'ai pas honte de le dire, j'ai appris plein de choses (l'Histoire n'était pas mon fort à l'école) et ce livre, un peu érudit sur les bords, a fait passer tout ça sans indigestion. Quelques jours près l'avoir refermé, j'ai salué Le Pogge (enfin, son portrait) dans la Galerie des Offices et vraiment, pour une fois, je suis contente d'avoir fait cette erreur d'avoir acheté un livre d'après sa couverture !
Commenter  J’apprécie          120
Cette histoire du livre doublée d'une réflexion sur le passage du moyen-âge à la renaissance auraient pu me séduire, mais son côté professoral a fini par m'abrutir, un bon roman historique m'aurait suffi et c'est une véritable somme dont ils'agit.
Commenter  J’apprécie          30
Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, a été secrétaire de bon nombre de papes, et copiste de manuscrits, usant d'une superbe écriture (avant Gutenberg, donc)
C'est aussi une sorte de chasseur de manuscrits aimant fouiner dans les monastères italiens et étrangers. Avec de belles trouvailles. Dont une copie du de rerum natura de Lucrèce, disciple d'Epicure, dont il permet la diffusion, en dépit du caractère révolutionnaire dudit traité. Rien moins que les atomes, et des idées ne plaisant guère à l'inquisition. Des conséquences incontrôlables.
Belle présentation de l'époque de Lucrèce, et ce celle du Pogge. Cela se lit très très bien, tout en restant érudit.
Commenter  J’apprécie          50
Que voilà un ouvrage déroutant de prime abord...
Je m'attendais à recevoir un roman palpitant, avec de la recherche, de l'action, des jolies filles un peu faciles et beaucoup d'érudition. C'est vrai qu'en lisant le quatrième de couverture, c'est plutôt alléchant.
Mais en fait, il y a tromperie ! Ce n'est pas un roman !
Il s'agit en réalité d'un ouvrage extrêmement documenté mais rédigé comme une étude historique. Alors certes, il y a d'excellents passages, beaucoup d'érudition et aussi un poil d'action. Quant aux demoiselles délurées, je repasserais...

Une fois la déception passée, et l'ouvrage commencé, ne reste qu'à se prendre au jeu de l'auteur qui nous emmène sur les traces du Pogge à la recherche de manuscrits antiques conservés dans des abbayes (parfois au détriment des religieux) pour les recopier et les diffuser.
Sous la plume de Stephen Greenblatt, l'histoire prend soudain vie et ce n'est pas à une banale quête que nous assistons, mais bien à un résumé gigantesque de toute l'aventure du livre et de la transmission de la pensée, depuis les écrits perdus des philosophes grecs jusqu'à l'héritage qu'ils nous ont légué actuellement. Tout ceci s'articulant avec brio autour de la philosophie d'Epicure et de l'un de ses plus ardents disciples : le poète Lucrèce.

Au final, c'est un ouvrage d'érudition très abordable qui nous est livré ici. Une histoire peu commune qui éclaire notre présent par les avancées effectuées dans le passé par des passionnés, prêts à tous les sacrifices pour assouvir leur curiosité et à faire survivre ces pans de culture qui ont jeté les bases de certaines de nos sociétés contemporaines.
Commenter  J’apprécie          40
(Grand merci à Masse critique de Babelio et à Flammarion pour m'avoir fait parvenir ce livre !)

1417, c'est l'année où Poggio Bracciolini, dit Le Pogge, humaniste, secrétaire apostolique « en vacances forcées » et chasseur de manuscrits rares découvre un exemplaire du « de rerum natura » de Lucrèce (Titus Lucretius Carus) que l'on croyait perdu à jamais mais présent dans le fonds d'une bibliothèque monastique suisse (Fulda ?). C'était l'occasion pour l'auteur d'une leçon sur la transmission des manuscrits anciens : papyrus, codex, volumen… mais plus encore sur le mépris de la religion catholique envers tous les auteurs, poètes, orateurs, dramaturges, scientifiques… d'avant J-C, considérés comme des auteurs païens. le Quattrocento marque la transition entre l'obscurantisme médiéval et la Renaissance ou le « souffle nouveau » dont le mouvement a été initié par Pétrarque par la re-découverte des écrits des Anciens et le développement de l'humanisme. le « de rerum natura » est une oeuvre poétique écrite en hexamètres dactyliques : « Un poème alliant un brillant génie philosophique et scientifique à une force poétique peu commune. (Cicéron) », « La langue est difficile, la syntaxe complexe et l'ambition intellectuelle considérable. (Le Pogge) » Ceci n'est pas un roman, mais un récit brillant et érudit (50 pages de notes et index) qui ravira tous les lecteurs friands de culture classique et les humanistes épicuriens.
Lien : http://leoalu2.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          21
Phénomène littéraire outre-Atlantique, ce mystérieux Quattrocento m'intriguait depuis quelque temps. Merci à Babelio et aux éditions Flammarion d'avoir satisfait ma curiosité.

En l'absence de mention sur la couverture, dans quelle catégorie classer ce livre ? le titre et l'auteur américain évoquent le Da Vinci Code, l'illustration le cercle De La Croix, et le sujet littéraire le nom de la rose. J'en frétille d'avance !
En y regardant de plus près, la quatrième de couverture et le premier chapitre annoncent une biographie : celle de Poggio Bracciolini, un Florentin humaniste et bibliophile. Jusque là, ça va, j'adore les biographies.
Or bien vite, la biographie cède le pas à un essai historico-philosophique brassant les époques et d'innombrables citations. Renseignements pris, l'ouvrage original intitulé "The Swerve (la déviation) : How the world became modern" a reçu le prix Pulitzer dans la catégorie "non-fiction". Je peux dire adieu au roman historique palpitant tant attendu...

En 1417, Le Pogge a perdu sa charge de secrétaire auprès du pape déchu Jean XXIII et parcours l'Europe à la recherche de manuscrits antiques. Ses pérégrinations l'amènent dans un monastère allemand, où il déniche une copie du poème de Lucrèce écrit au premier siècle avant Jésus Christ : de rerum natura (De la nature des choses). En affirmant, dans la lignée d'Epicure, que la matière est faite d'atomes, de vide et rien d'autre, Lucrèce oppose la mort physique à l'immortalité de l'âme et substitue la quête du plaisir à la crainte de Dieu. Une vision du monde si différente des dogmes médiévaux qu'elle va bouleverser l'ordre établi et ouvrir la voie à la Renaissance.

Les quarante pages de notes à la fin de Quattrocento prouvent le sérieux des recherches de Stephen Greenblatt, professeur de littérature anglaise et spécialiste de Shakespeare. Néanmoins, je trouve que la manière dont il fait étalage de son savoir, sous forme de fréquentes digressions dans la biographie du Pogge, avec des sauts dans le temps allant de l'Antiquité au XXe siècle, manque de structure et de fluidité – la traduction n'aidant guère en cela. Il décrit par exemple le travail des moines copistes du Moyen Âge, ce qu'est un scriptorium, un papyrus, un parchemin ou un palimpseste, la découverte d'Herculanum sous la lave du Vésuve, la philosophie d'Epicure, les dangereuses théories de Giordano Bruno et de Galilée... Si de telles connaissances paraissent sensationnelles au lectorat américain, elles ne sont que des rappels pour un Européen doté d'un honnête bagage culturel. le chapitre que j'ai préféré est l'analyse du de natura (page 201 et suivantes), bien que la forme du commentaire demeure scolaire. Quant à la vie du Pogge, bien platement évoquée, elle m'a laissée de marbre.

Bref, j'ai lu Quattrocento avec un intérêt poli mais sans plaisir. Quel dommage pour un ouvrage qui place l'épicurisme au coeur de son propos...
Commenter  J’apprécie          599
Toujours s'est posée la question : comment est-on passé du Moyen-Age à la Renaissance?
Et si ce passage était lié aux livres ? et plus spécialement à un livre ?
Si l'on fait un retour en arrière vers cette époque il faut se rappeler que l'imprimerie n'est pas encore inventée et que les manuscrits tiennent le haut du pavé. L'art de la copie est difficile, entaché d'erreur, seuls sont copiés les manuscrits qui se vendront bien.
A l'aube du XV ème siècle un homme parcours les routes, les monastères à la recherche de manuscrits anciens, de ceux qui donnent accès aux textes de l'antiquité. Il s'appelle Poggio Bracciolini mais nous le connaitrons plus tard comme Le Pogge.

Qui est-il ? C'est un bibliophile acharné, c'est un laïc qui a mis ses nombreux talents au service des Papes de son temps, et pas un Pape, non il en servira cinq !!
Cet homme qui se fraye un chemin dans l'ambiance délétère de la Rome de la Renaissance, est intelligent, un rien dépravé, tout à fait corrompu, facétieux et grivois, amateur de femmes et de bons mots.
Mais par dessus tout c'est un humaniste qui guette, cherche, déterre les manuscrits latins que les moines copient au fond des monastères sans parfois comprendre ou lire le texte lui même, grâce à lui « surgissait de nouveaux fantômes du passé romain. »

Participant au Concile de Constance en Allemagne, la chance va lui sourire, il va copier un manuscrit le « de rerum natura » de Titus Lucretius Carus que nous connaissons sous le nom de Lucrèce.
Le Pogge « se doutait-il que le livre qu'il remettait en circulation, participerait le moment venu au démantèlement de tous son monde ?
Ce livre va montrer « la façon dont le monde a dévié de sa course pour prendre une nouvelle direction. » il va insuffler de nouvelles façons de penser, il va faire l'effet d'une bombe dans un univers limité et contrôlé par l'Eglise.
Il est question d'atomes, d'infini sans Dieu. La religion y est assimilée à la superstition, l'amour et le plaisir sont liés, le bonheur de vivre en est le centre.
Un livre pour soigner l'angoisse de l'homme, pour magnifier la liberté, pour enseigner une sagesse tragique.
« Un poème alliant un brillant génie philosophique et scientifique à une force poétique peu commune. Une alliance aussi rare à l'époque qu'aujourd'hui. »
Le poème de Lucrèce dont Flaubert plus tard dira « Les Dieux n'étaient plus et le Christ n'étant pas encore, il y a eu de Cicéron à Marc Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été. »

Il va influencer les arts, Boticelli lui doit sa Vénus, Giodarno Bruno y trouvera les thèses qui l'enverront au bûcher, Machiavel lui doit sa réflexion sur le pouvoir. Copernic et Galilée y trouveront de quoi nourrir leur science, Shakespeare le mettra dans ses pièces de théâtre comme Molière, Montaigne en fera son livre de chevet au point de citer Lucrèce plus de cent fois tout au long des ses Essais.

Montaigne laissa des commentaires manuscrits sur son exemplaire que l'on a retrouvé en 1989 « Puisque les mouvements des atomes sont tellement variés, était-il écrit, il n'est pas inconcevable que les atomes se soient un jour assemblés d'une façon, ou que dans l'avenir ils s'assemblent encore de la même façon, donnant naissance à un autre Montaigne ».
Plus près de nous Thomas Jefferson reconnaissait l'action de ce livre en cas de difficulté « Je suis obligé de recourir finalement à mon baume habituel ».
Stephen Greenblatt trace le parcours des livres antiques, les moments où on a pu les considérer comme perdus, ce qui les a sauvés, les manoeuvres de l'Eglise pour mettre Lucrèce sous le boisseau, la résurgence et le poids des textes sur l'évolution de la pensée, des sciences et des arts.
Son tableau de la papauté en ce temps là est tout à fait réussi « le Pape était une crapule mais une crapule cultivée qui appréciait la compagnie des érudits » et ....sans concession.
Ce livre a obtenu le Prix Pulitzer et c'est bien mérité, un livre prestigieux, passionnant qui se lit comme une enquête policière qui porterait en sous-titre « à la recherche d'un manuscrit »
Stephen Greenblatt est érudit au point de pouvoir disparaitre derrière l'érudition, son livre fait revivre cette période avec fougue, il nous pose les clés de l'antiquité sur un beau coussin de velours.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          300
Intéressant. Historique, philosophique, dense au niveau des recherches biographiques du moyen âge, un peur soporifique par moment' la dernière partie, a partir de moment ou il aborde vraiment "de rerum natura" est plus alléchante .
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (687) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3194 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}