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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai eu du mal à dépasser la moitié de ce livre.

Le début m'avait paru intéressant : une femme dont l'amant est aussi jaloux que le mari, décide d'appointer un détective pour savoir s'il n'y a pas un troisième larron.

Mais cette histoire de foi subite m'a laissée de marbre et le livre m'a paru s'enliser quelque peu.

Livre de facture classique et intéressant d'avoir lu, mais pas un grand moment de lecture.
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Henry Graham Greene, né en 1904 dans le comté de Hertfordshire, en Angleterre, et mort en 1991 à Vevey, dans le canton de Vaud, en Suisse, est un écrivain et scénariste britannique. Il a écrit des romans, des nouvelles, des récits de voyages, des essais et des critiques. Après ses études, il se lança dans le journalisme. Il devint catholique en 1926 afin de se marier. La Fin d'une liaison est un roman datant de 1951 et comme presque tous ses romans, fut adapté au cinéma.
Londres en 1946. Maurice Bendrix le narrateur, écrivain encore aux portes de la renommée, croise à nouveau et par hasard le chemin de Sarah Miles, épouse d'Henry, un haut fonctionnaire que Bendrix avait fréquenté pour des raisons professionnelles. Sarah a été sa maîtresse durant presque deux ans durant la guerre, avant qu'elle ne le quitte sans qu'il sache pourquoi. Est-ce que tout peut recommencer ?
Voilà le type même du roman dont je ne sais s'il est globalement pas mal mais avec pas mal de défauts, ou bien si c'est une gentille daube avec de très intéressantes choses à l'intérieur ?
Reprenons le cours du récit. Une rencontre fortuite entre Henry et Bendrix, l'époux signalant à l'ex-amant que Sarah parait bizarre ces derniers temps, il soupçonne une liaison. Contre l'avis d'Henry, Maurice engage à son insu un détective pour en avoir le coeur net, sa jalousie en sommeil réactivée par le retour du couple dans sa vie quotidienne. le verdict de l'enquête semble clair, Sarah se rend régulièrement à une adresse bien précise en prenant bien soin de n'être pas suivie. En réalité la vérité s'avèrera plus complexe…
Ce n'est ni un polar ni un roman à suspense donc je peux en dévoiler le mystère – d'ailleurs sinon il serait impossible d'en parler. Pour faire court, il y a la femme, le mari, l'amant et Dieu ! Ne perdons pas de vue que nous sommes chez Graham Greene et que toute ( ?) son oeuvre tourne autour du catholicisme. Un sujet qui le turlupinait personnellement.
Donc il y a de bonnes choses dans ce bouquin. La fureur causée par la jalousie capable de se muer en haine. Bendrix durant toutes ces années haïra selon les périodes, le mari (obstacle à son bonheur), sa maîtresse (qui l'a largué sans explication) et souvent aussi le reste du monde. Il est aussi question de spiritualité et de mysticisme, longues interrogations et digressions sur l'existence de Dieu avec l'intervention d'un prédicateur puis d'un prêtre en fin d'ouvrage. En ce sens, le roman prête à la discussion et c'est là son bon côté.
Il y a aussi de nombreuses références à la manière dont travaille l'écrivain Bendrix et l'on peut parier que ce sont celles de Graham Greene puisqu'il n'y avait pas de raison d'inventer. Pour compléter l'angle autobiographique de ce bouquin je citerai Wikipédia : «L'auteur menait depuis 1946 une relation avec une femme mariée. Cette liaison dura jusqu'en 1966 en dépit des efforts du mari pour la briser. Henry Walston, haut fonctionnaire puis politicien travailliste, fut l'inspirateur transparent du mari de Sarah dans le roman. »
Mais il y a aussi des défauts, que je modèrerai en précisant : pour un lecteur d'aujourd'hui. Primo, c'est beaucoup trop long, « Je ne pus en lire davantage. A mainte et mainte reprise, j'avais sauté un passage… » dit, tout comme moi, Bendrix en lisant le journal intime de Sarah. le roman n'échappe pas au côté désuet, écueil prévisible pour ce type de sujet. Si la jalousie est un sentiment éternel, la façon de la ressentir est peut-être liée à l'époque ( ?) mais elle est plus sûrement exprimée différemment selon l'évolution de la société. C'est ce qui fait la différence entre les chefs-d'oeuvre qui sont intemporels et les autres romans. Ici, nous sommes dans le second cas.
Quant à l'épilogue, Henry et Maurice qui en viennent à vivre sous le même toit après que Sarah ait disparue (je vous laisse le découvrir), j'ai failli éclater de rire ! Ajoutons à cela que Bendrix ne m'a pas paru très sympathique – certes il y a la jalousie, mais pas que… Henry, lui au contraire, gagne avec le temps (mais c'est Bendrix qui raconte…) et enfin Sarah, seul personnage crédible a toute notre empathie.
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J'ai aimé ce livre. J'ai été confronté à la même situation que le personnage dans la vraie vie et j'ai forcément retrouvé certains de mes ressentiments. C'est une belle histoire sur le désir qui, dès qu'il trouve une forme d'interdit, se trouve exacerbé. L'adultère renvoie souvent, selon moi, au désir plus qu'à l'amour. Notre personnage a bien du mal à le comprendre mais l'historique de ce désir charnel est intéressant. le manque du corps de l'autre l'emporte sur tout le reste. C'est ce que nous dit G.Greene, il nous l'écrit et le signe. J'ai vécu cela et j'ai adoré me replonger, cette fois en spectateur, dans la tourment de ce désir défendu qui vous rend fou du corps et de la présence de l'autre en vous empêchant de vivre serein dans la singularité originelle. Je n'ai pas lu ce livre, je l'ai dévoré. Page après page, j'ai également dévoré le reliquat de mon aventure passée d'adultère en souriant beaucoup sur ce que j'ai cru être de l'amour. Je porte malgré tout un regard interrogatif sur le jeu que le désir peut mettre en place dans le coeur de chacun de nous. Aujourd'hui j'aime et j'aime dans la sérénité. Ce livre est comme un parallèle à ma vie. Il fait partie de l'âme de ma bibliothèque.
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Maurice Bendrix est écrivain. Revenant sur la liaison qu'il eut avec Sarah Miles, femme d'un homme haut placé au ministère, il annonce d'emblée que c'est un "récit de haine" qu'il va nous livrer…

En 1944, il est quitté sans explication par sa maîtresse, à la suite d'un bombardement qui les surprend au lit. Un an et demi plus tard, il tombe sur Henry, le mari -ils habitent le même quartier-, qui lui confie être fort inquiet à propos de Sarah. La soupçonnant de le tromper, il a songé à la faire suivre par un détective, idée qu'il s'empresse aussitôt de juger stupide, avant de prier Maurice de l'oublier… Vaine prière ! Aiguillonné par une curiosité mauvaise, l'ancien amant n'a pas les scrupules de l'époux, et s'empresse de faire surveiller Sarah, qui semble bien en effet se rendre à des rendez-vous galants.

Au moment où débute l'intrigue, le narrateur est dans un état d'esprit amer, prompt à l'auto-apitoiement, et en effet haineux envers le couple Miles, à la fois empli d'un profond mépris pour l'imbécillité de l'insipide Henry qui ne s'est jamais méfié de Maurice, et tourmenté par la jalousie maladive qui pervertit sa relation avec Sarah.

Le récit se focalise dans un premier temps sur les affres dans lesquels le plongeaient (et le replongent) ce tempérament excessivement suspicieux qui l'incitait à tourmenter sa maîtresse, à la harceler par pure irritation nerveuse. On découvre un homme torturé par le dard du doute, oscillant entre ressentiment et amour obsédant, jaloux de l'époux qui partageait la vie de Sarah, des inconnus qu'il imaginait être ses amants, de son passé. Il est persuadé, avec le recul, avoir chassé lui-même de sa vie la seule femme qu'il ait aimé à cause de cette hantise, qu'il considérait paradoxalement comme une preuve d'amour inséparable du désir, pourtant conscient qu'elle réduisait leur histoire à une simple liaison car la précipitant vers une inéluctable fin.

Puis nous prenons connaissance, en même temps que le narrateur, de la version de Sarah, par l'intermédiaire de son journal, pour découvrir une femme droite et sincère, pourtant sans estime d'elle-même, et surtout elle aussi torturée, mais par d'autres démons… Une femme en quête d'une forme de pureté, d'une noblesse d'âme et d'une intégrité qu'elle imagine inatteignables pour une garce de son acabit…

L'histoire de la liaison se métamorphose en une réflexion sur le sens de la foi et de l'abnégation qu'elle suppose, sur l'ambivalence de l'amour et les différentes formes -spirituelle, charnelle- sous lesquelles il s'exprime, sur le désir et les interdits qui l'exacerbent. Un revirement total s'opère chez Maurice dont la haine se dissout, en réalisant a posteriori à quel point la capacité d'amour de Sarah était supérieure à la sienne, et qu'en dépit de ses erreurs, ou de son instabilité, Sarah était meilleure que beaucoup d'autres, mais qu'elle n'a jamais eu foi en elle-même.

J'avoue que l'orientation du propos, dans la seconde partie du roman, vers une dimension religieuse, m'a un peu détachée de l'intrigue. Mais j'ai trouvé l'ensemble très prenant, notamment grâce à l'écriture de Graham Greene, à la fois limpide et profonde, qui nous plonge dans le désordre intime, émotionnel du héros, et à l'ingénieuse construction en flash-back de l'intrigue. J'ai aussi apprécié que l'auteur allège quelque peu le ton de pesante amertume que confère à l'ensemble la voix du narrateur en mettant en scène, comme en contrepoint, le personnage gaffeur et presque comique du détective privé.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Les dilemmes moraux et religieux ne sont jamais loin dans l'oeuvre de Graham Greene. L'écrivain britannique (1904-1991) a écrit quelques livres qui sont explicitement considérés comme des romans "catholiques". Et ce « End of the Affair » (1951) est le plus célèbre d'entre eux. Mais ne vous attendez pas à des écrits pieux ou dévots, Greene était particulièrement attiré par les notions de fragilité humaine et de péché et donc ses protagonistes sont presque toujours des figures de caractère moral douteux, du moins si vous les regardez d'un point de vue éthique strict. Les protagonistes de cette histoire, l'écrivain-narrateur Maurice Bendrix et Sarah Miles, se trouvent plutôt cyniques dans la vie, ne croient en rien et n'ont donc aucun problème à s'engager dans une relation après l'autre, même si - dans le cas de Sarah - bien mariés.

La force de ce roman est la perspective narrative, à savoir celle de Bendrix. Il est le nihiliste cynique par excellence, traitant même de sarcasmes malveillants avec la mari de sa maîtresse. Mais Greene a fait de Bendrix une figure ambivalente en même temps, sondant constamment ce qui se passe à l'intérieur de Sarah, se méfiant même d'elle, puis la détestant carrément pour l'avoir laissé tomber du jour au lendemain. Mais apparemment Sarah a touché une corde sensible avec lui, car même deux ans il est carrément jaloux lorsqu'il apprend qu'elle aurait un nouvel amant.

Jusqu'ici, tout va bien, même plus : c'est carrément captivant de voir comment Greene, met ses protagonistes sur papier avec des traits très riches. Bendrix et Sarah sont clairement des personnages animés par une agitation permanente et qui vivent de manière très ambiguë.

Mais ensuite, Greene porte son histoire à un tout autre niveau, et la question religieuse occupe le devant de la scène, en particulier la lutte contre la croyance en Dieu. Greene met intelligemment cela par écrit en donnant un aperçu du journal de Sarah et de l'évolution qu'elle a traversée. Il décrit ensuite comment Bendrix réagit furieusement à cela, mais finit par céder à sa manière. Dans les deux cas, une expérience de mort joue un rôle décisif. le fait que l'histoire se déroule dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, avec Londres sous le Blitz et plus tard également sous les V1, met cela en valeur.

Encore une fois : la composition est bien faite par Greene, avec une évolution parallèle frappante chez Sarah et Bendrix. Mais ce qui me pose problème, c'est l'interprétation existentielle de cette lutte religieuse des protagonistes. Greene suggère que Sarah et Bendrix sont tellement surpris par l'amour total qu'ils semblent avoir l'un pour l'autre - à leur surprise mutuelle - qu'ils ne peuvent s'empêcher de le lier à l'amour exceptionnel pour Dieu, même s'ils ne croient vraiment pas dans des concepts comme ça : « Les mots de l'amour humain ont été utilisés par les saints pour décrire leur vision de Dieu, et donc, je suppose, nous pourrions utiliser les termes de prière, de méditation, de contemplation pour expliquer l'intensité de l'amour que nous ressentir pour une femme ».

Or les sentiments d'amour intense – aussi brefs soient-ils – ont une nature particulière, ils font de la vie bien plus qu'une suite grise d'événements et ont un aspect spirituel. Mais Greene fait de l'expérience religieuse une donnée absolue, une obsession qui tient ou tombe avec la croyance en un Dieu personnel, une croyance qui fait toute la différence, tant dans sa forme résignée (Sarah) que dans sa forme militante (Bendrix). Peut-être que cette obsession absolue est le reflet de la lutte personnelle de Greene, qui s'est converti au catholicisme sous l'influence de sa femme, mais en même temps a continué à lutter avec acharnement avec sa croyance.

Quant à moi, ça ne me touchait pas vraiment. le thème religieux de Greene reflète une image de Dieu et de religion qui était encore pertinente en Europe il y a 70 ans, mais plus maintenant, ou du moins plus sous cette forme. Cela rend ce roman très forcé pour un lecteur d'aujourd'hui, et en ce sens dépassé. En bref, je suis absolument impressionné par l'écriture de Green, mais ce n'est pas son roman le plus réussi.
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