Roman du type « voyage ». Trouvé dans ma boite à livres habituelle. le héros, Arthur Mineur, écrivain américain mineur bon teint résident à San Francisco, s'embarque dans un grand tour (New York, Mexico, Turin, Berlin, le Sahara (au Maroc) où il fêtera ses cinquante ans), et pour finit un séjour en Inde dans un « resort » qu'un de ses amis est en train de lancer.
L'objet de ce voyage, en dehors d'un aspect nostalgie de fait (même si Arthur ne connait pas réellement ce sentiment) a pour but de lui éviter d'avoir à participer à la cérémonie de mariage de son ancien compagnon qui vient de le plaquer et convole avec un autre.
En dehors de l'aspect gay, c'est une roman classique américain actuel, où le héros et narrateur se rappelle les éléments majeurs de sa vie (son seul succès littéraire, un roman sur le thème d'Ulysse, et surtout sa vie sentimentale, marquée outre quelque rencontres éparses, par deux relations prolongées, l'une avec un poète assez connu désormais vieux et fatigué, l'autre avec Freddy, qui vient de le quitter).
C''est très bien construit, on sent que l'auteur est un excellent artisan écrivain, avec pas mal de trouvailles, en particulier le personnage principale. Celui-ci est une sorte d'innocent ridicule sans le savoir, mais plutôt sympathique. Et même s'il ne s'en rend pas compte, il a un talent pour le bonheur. Il vit dans ce monde de la littérature moderne, de plus en plus décrit par ses pairs réels (comme l'auteur), où avec un succès minime on peut profiter d'une vie de voyages et de rencontres en accord avec ses choix intimes de création et de liberté, d'absence de responsabilité et d'inutilité flagrante pour l'humanité, à part, et ce n'est pas rien, donner quelques heures agréables de loisir à un lecteur.
Pour avoir été un grand voyageur (pollueur ?) aérien, j'atteste que le descriptif des voyages est particulièrement réaliste. Par exemple, le combat (la croisade ?) que représente l'obtention de la ristourne de TVA sur les achats par les voyageurs étrangers.
En dehors de cette aisance à raconter une histoire (ou plutôt un personnage), bref écrire un livre qu'on peut lire sans le reposer trop souvent, je me pose quand même à la fin la question : Avait-ce un intérêt ? Puis je me rends compte que j'aime les livres (et la littérature) en général, et un roman c'est souvent suivre un personnage dans sa vie relativement ordinaire même si différente de la mienne (celle d'Arthur Mineur ne l'est pas vraiment, ordinaire, mais elle n'est pas non plus particulièrement intéressante), et puis lire l'opus suivant.
Sur la littérature gay, et en particulier sur San Francisco, il est difficile de ne pas mentionner les Chroniques de San-Francisco d'
Armistead Maupin, que j'ai lues avec beaucoup de plaisir il y a de nombreuses années, qui sont empreintes d'une exceptionnelle tendresse, et qui me sont revenues à la mémoire à l'occasion de ce livre.