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sur 786 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le temps n'efface jamais un passé trouble. L'être humain garde en lui des marques, son corps en conserve la mémoire, son esprit en rejette les réminescences. On ne peut rien y faire, c'est ainsi. Mais la parole serait libératrice de bien des maux ; dire sa souffrance, la partager, délester son fardeau.
Vittorio Puig est psychiatre, il écoute d'une oreille attentive les mots de ses patients et tente de décrypter l'indicible. Dans son cabinet défilent des hommes et des femmes au passé tourmenté, ayant pour la plupart été confrontés aux horreurs de la junte. Nous sommes à Buenos Aires en Argentine, en 1987. Onze ans après le coup d'état.
Aujourd'hui, celui qui écoute n'est pas entendu. Il a beau clamer son innocence, tout l'accuse : sa femme Lisandra vient d'être retrouvée morte sur le bitume au pied de son immeuble. Défenestrée. Aux dires des voisins, le couple se disputaient souvent. Vittorio fait un parfait coupable.
Eva-Maria, une de ses patientes ne croit pas à sa culpabilité. Elle se rend au parloir et les rôles s' inversent, Eva-Maria interroge Vittorio. Elle va mener une enquête parallèle, retranscrivant notamment les cassettes contenant les dernières paroles des patients. Si elle commence ses investigations avec détermination, elle va vite être submergée par l'émotion en levant le voile sur les entretiens d'Alicia, De Felipe et de Miguel. Elle-même ne s'est jamais remise de la disparition de sa fille, enlevée par la junte. L'alcool l'aide à survivre. Son mari l'a quittée, la laissant élever seule Esteban leur fils. Un fils, devenu transparent à ses yeux.
Le vieillissement de sa peau, l'incapacité à procréer angoissent terriblement Alicia. Elle envie et jalouse la beauté et la jeunesse des filles...
Alors que Felipe vient voir Vittorio, craignant que sa femme le quitte, il se révèle être un ancien tortionnaire de la junte, ayant participé également à l'enlèvement de bébés...
Quant à Miguel, un grand pianiste, il expose avec un réalisme terrifiant les tortures qu'il a subies et la mort de sa femme, évoquant en filigrane la présence non négligeable de psychiatres auprès de la junte...
Avec vivacité et intensité, l'auteure mêle les petites histoires à la grande Histoire, l'intime à l'universel, le quotidien à l'accidentel. La construction narrative est changeante, la lumière se fait puis se défait, le doute s'insinue d'un personnage à l'autre. Un drame conjugal encadre une enquête qui elle-même contient des nouvelles (les trois enregistrements), agrémenté par l'intervention de personnages extérieurs comme le vieux professeur de tango de Lisandra, le propriétaire d'un magasin de jouets, des amants, des maîtresses... Puis la voix de Lisandra résonne, claire et forte. Elle aura le dernier mot. Et au-dessus de ces trames plane l'ombre de la jalousie.
La tension monte crescendo au fil des pages jusqu'au final, effroyable. le tissage si singulier du roman n'est à aucun moment confus. Chaque point de vue amène sa part d'éclaircissement. Ancrées dans une époque et dans un lieu, les récits de tous trouvent naturellement leur place et leur évidence. Un maillage habile pour un thriller haletant.

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Vittorio et Lysandra, un couple qui s'est aimé et dont l'amour s'est effrité. Tromperies, jalousie et mort...
Belle écriture que celle d'Hélène Grémillon. Des réflexions intéressantes aussi sur la vieillesse, la jalousie et des pages aussi qui font mal sur la torture au temps de la junte...
Un roman bien construit dont la fin est inattendue,surprend et fait mal aussi.
Un très beau roman.
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Vittorio Puig, un psychanalyste réputé, vient d'être arrêté. Il est accusé du meurtre de sa femme, Lisandra, retrouvée défenestrée au pied de leur immeuble. Quand elle l'apprend dans les journaux, Eva Maria, l'une de ses patientes, ne peut y croire. Impossible. Cela fait cinq ans qu'elle connaît cet homme et elle est convaincue de son innocence. Alors elle se rend au parloir et lui propose son aide, prête à tout pour l'innocenter. Celui-ci lui révèle l'existence de cassettes sur lesquelles est enregistrée la dernière heure passée avec chacun de ses patients. Certes, la méthode n'est pas très déontologique, mais elle va permettre à cette mère de famille éplorée de mener son enquête et d'essayer d'identifier un coupable potentiel parmi les patients. Mais ce qu'elle va découvrir va aller bien au-delà de ce qu'elle imaginait…

Comme dans son précédent roman, « le confident », Hélène Grémillon tisse habilement les liens d'une intrigue à tiroirs. Elle entretien avec habilité un suspens qui accroche le lecteur pour ne plus le lâcher et ce jusqu'à la dernière page… A travers l'enquête de cette mère dont la fille a disparu et les différents entretiens enregistrés lors des séances de psychanalyse, ce n'est pas seulement un coupable que l'on tente de découvrir, mais toute l'histoire d'un pays, l'Argentine, profondément marqué par les violences militaires, la junte, qui a arrêté, torturé et supprimé de manière aléatoire des citoyens qu'elle jugeait arbitrairement comme opposants au régime. Une période noire pour l'Argentine, qui a vu disparaître de la circulation des milliers d'innocents, laissant un pays profondément marqué par le deuil et par la rancoeur… Un roman passionnant donc, tant par le fond que par la forme, dans lequel les dialogues sont très présents et créent un rythme entraînant, extrêmement vivant. Difficile de s'arrêter une fois commencé ce récit aux multiples facettes… D'autant plus fascinant que « La garçonnière » s'inspire de fait réel… Un roman addictif et encore un gros coup de coeur pour moi!
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Un roman assez déroutant par la construction de son intrigue.
L'histoire débute avec la mort de Lisandra, la jeune femme de Vittorio Puig, psychiatre et psychanalyste ; celui ci va être rapidement arrêté pour le meurtre de sa femme.
Eva -Maria, une de ses patientes, persuadée de l'innocence de Vittorio décide de mener sa propre enquête pour trouver le vrai coupable.
Cette première partie met les personnages en place, on imagine rentrer dans une histoire relativement simple ...
Mais assez vite on comprend que cela se passe en Argentine dans les années qui ont suivi la dictature et que les plaies restent béantes, et là, le roman change de ton en particulier lorsque Eva-Maria écoute le témoignage de Miguel emprisonné et torturé par la junte .
Nous entrons alors dans une autre dimension où les enlèvements, les assassinats, les tortures ont marqué profondément beaucoup d'argentins et où chacun exprime sa douleur par des pleurs et des cris comme les mères de la Place de Mai, des paroles recueillies par Vittorio, des addictions à l'alcool, par la violence envers les autres et à ce moment là, les choses ne sont plus ce qu'elles semblaient être : et si Vittorio était vraiment coupable, quel homme est-il vraiment ? A qui peut-on faire confiance ...
L'histoire devient beaucoup plus forte, les certitudes s'effondrent et le suspens s'amplifie.
Puis subitement, changement de cap: l'histoire se tourne vers le vécu de Lisandra à travers les confidences qu'elle a faites à son professeur de tango, nous avons d'ailleurs une magnifique description de la jalousie.
Et tout est remis en cause à nouveau avec une nouvelle pirouette et un dénouement surprenant, que je n'ai pas franchement aimé et qui prête à discussion ...
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garçonnière: nom féminin
Petit appartement pour un homme seul.

Cette définition ne correspond pas du tout à la garçonnière du titre de ce livre. Je n'en dis pas plus … Une jeune femme est retrouvée morte sur le pavé juste en face de l'immeuble qu'elle habite avec son mari. S'est-elle suicidé, l'a-t-on tué? Les policiers semblent croire que ce serait son mari, le psychanalyste Vittorio Puig, qui serait le coupable. Que s'est-il réellement passé ?

Un roman de suspense qui a lieu en Argentine après la dictature où tant de disparus n'ont jamais été retrouvés, où d'anciens tortionnaires se voient réintégrés à la société et où le secret et la crainte font partie de la vie de tous les jours.

J'ai trouvé ce roman différent de par sa structure, de par son écriture et de son sujet. Un thriller un peu plus que psychologique. À découvrir.
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L'épouse d'un psy est retrouvée morte en bas de chez elle, s'est elle suicidée ou l'a t on tué ? Une patiente du psy qui est mis en garde à vue,fait son enquête. On est en Argentine à la fin des années 80, où l'ombre de la junte militaire plane. J'ai été bluffé par la fin ! je le recommande
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C'est un climat très particulier que celui de ce roman. Hélène Grémillon nous mène via la dictature argentine jusqu'à cette " garçonnière" qui n'est pas celle que l'on croit, en passant par un cabinet de psychanaliste. L'atmosphère est lourde, inquiétante à souhait...Tous (ou presque) les travers humains y sont présents, "éclairés" par la torture : mal-être, alcool, jalousie, violence physique et psychologique sous toutes ses formes...
On pourrait étouffer dans cet opus s'il n'y avait une maîtrise certaine de l'écriture et l'art accompli du suspens.
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Une femme est retrouvé morte après être tombée de sa fenêtre. Son mari est mis en garde à vue. Celui-ci, psychiatre, demande à une de ses patientes de lui venir en aide. Elle enquête pour lui. Nous suivons cette femme meurtrie par la disparition de sa fille lors des années 76-78, terribles années pour l'Argentine.
Un bon roman prenant et qui met en lumière une partie triste de l'Argentine peu connu par les plus jeunes (comme moi)
A lire.
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Hélène Grémillon a certainement une bonne connaissance de la psychanalyse. Son ouvrage part d'une histoire réelle survenue en Argentine, dans les années 80, et qui prend racine dans la période répressive de la Junte.
Un meurtre ( ou un suicide ? ) le lecteur a déjà son idée, en est le propos central : la victime est Lisandra, jolie femme d'un psychanalyste , Vittorio, qui se trouve très vite suspect n°1. Or, Eva Maria, une patiente du docteur Puig, le psychanalyste désormais veuf, va mener l'enquête; car elle-même est meurtrie par la disparition de sa fille, Stella, probablement victime d'une des multiples exactions de la Junte. Les suspects potentiels qu'elle découvre sont nombreux, parmi les patients du docteur Puig.
Dans cet ouvrage où la psychanalyse joue un rôle majeur, Hélène Grémillon nous fait partager les souffrances d'un peuple opprimé, qui s'est battu pour connaître le sort de ces disparus, victimes d'un régime dictatorial dont les exactions sont demeurées impunies;
L'écriture de l'auteur, qui adhère si bien au ressenti des personnages, est une des réussites de ce livre : une respiration tour à tour fluide, tendue, oppressée : une réussite qui nous captive jusqu'au bout, à la révélation finale . le talent !
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Second roman d'Hélène Grémillon, après le confident. A l'époque, j'avais été séduite par son écriture et par son récit, mais mon plaisir avait été gâché par la fin, que j'avais trouvée trop facile. Qu'en serait-il cette fois?

J'ai eu énormément de mal à entrer dans ce roman. J'ai été désarçonnée par les longs paragraphes, dépourvus de points, enchaînant les idées des personnages, leurs pensées, nous entraînant dans leurs méandres, mêlant parfois le présent et le passé, les faits et le ressenti, comme pour mieux nous faire entrer dans la tête de ce psychanalyste et de ses patients, à leurs côtés, écoutant leurs conversations en même temps qu'Eva Maria écoute les cassettes sur lesquelles elles sont enregistrées, espérant y découvrir une phrase par laquelle un patient se trahirait et annoncerait son crime. Bref, j'arrête là, vous avez compris le principe, parfaitement cohérent d'ailleurs avec le sujet abordé. J'ai eu, au début, le sentiment que jamais cela ne s'arrêterait, que jamais je ne pourrais reprendre ma respiration. J'ai heureusement pu dépasser cette première impression pour me plonger réellement dans le récit, qui m'a finalement ferrée par sa construction.

Quelque part entre le polar, le roman social et psychologique, Hélène Grémillon mêle habillement les époques, les personnages, L Histoire, nous emmenant toujours plus loin dans l'intimité de ce couple qui apparaît rapidement bien moins amoureux qu'on pourrait le croire. Mais les difficultés conjugales suffisent-elles à mener au meurtre? Et qui sait si l'un des patients du mari, qui les recevait à son domicile, ne s'avérerait pas plus torturé que les autres? Au point de s'en prendre à l'épouse? Eva Maria, persuadée de l'innocence de son psychanalyste, décidée à révéler l'identité du coupable, se confronte à leurs névroses, à leur passé, elle qui peine tellement à affronter sa propre vie. Nous sommes dans l'Argentine post-dictature, marquée par les tortures et les disparitions, hantée par les mères de la place de mai, et tout le récit en est imprégné, ce qui lui donne une atmosphère sombre voire pesante, plus que véritablement émouvante, en ce qui me concerne. Une ambiance pesante renforcée par les vérités concernant le couple Puig. Mon intérêt s'est pourtant maintenu jusqu'à la fin, sous l'effet de cette construction en spirale, qui apporte ses révélations par touches successives. Je me suis interrogée sur les motivations d'Eva Maria, je me suis demandé si je devais plaindre Lisandra et Vittorio, et ce faisant, j'ai continué à tourner les pages, jusqu'à la fin qui s'est avérée être une surprise totale -bien qu'un peu rapide- et qui explique, enfin, le titre de ce roman.

Le point fort de ce roman, ce n'est donc pas forcément son écriture (plutôt sensible et agréable, une fois habituée à cette façon d'écrire comme on parle, comme on se confie), ni ses personnages (qui m'ont, dans l'ensemble, déplu) ou son histoire (que j'ai trouvée vraiment pesante - et qui repose sur un élément qui me chiffonne : quid du secret professionnel?), mais sa construction vraiment efficace et son côté un peu "coup de poing", la tension allant crescendo jusqu'au surprenant final. Il a en outre le mérite d'aborder et donc d'intéresser le lecteur à un pan de l'histoire argentine qui, aujourd'hui encore, continue à faire mal.
Lien : http://margueritelit.canalbl..
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