La garçonnière ? quel drô
le de titre.
L'histoire a déjà été brillamment racontée par vous, autres critiques, et je serai donc brève.
Je ne connaissais pas cette autrice. Et ma foi, j'ai été agréablement surprise. J'ai aimé le contexte historique, le pays, l'Argentine, que j'ai connu un peu, les consults psy (car vous savez que le principal suspect, Vittorio est psy et qu'il a même des patients). L'intrigue m'a baladée jusqu'au bout : Lisandra (la femme du psy) a-t-elle été assassinée, et si oui, par qui ?
1987 : L'Argentine panse ses plaies. Alfonsin a amnistié les bourreaux. Mais le souvenir des exactions de la junte militaire (1976-1983) brûle encore. le pays fait semblant. On a le maté et la musique, San Telmo et le tango, Monserrat, son obélisque. Mais qui dit obélisque dit Place de Mai, Plaza de Mayo, en face de la Casa Rosada, là où les Madres, les « Folles de la place de Mai » qui ont perdu leurs enfants assassinés, disparus, tournent toujours toutes les semaines depuis 1977.
Eva-Maria est une de ces mères. Elle pleure sa fille, elle pleure et elle boit pour oublier sa fille ou peut-être pour la faire revenir. C'est aussi une des patientes de Vittorio.
Et plus que Lisandra, c'est
Eva-Maria qui m'a intéressée. Paumée, enfermée dans sa douleur, elle abandonne son fils Esteban, pauvre Esteban.
Un autre fil intéressant, c'est le côté psy. On a des retranscriptions de séances entre Vittorio et ses patients, des compte-rendus volés, profonds et denses. Il y a bien un coupable à trouver chez les patients.
Tout ça enchâssé, dans une construction complexe. le style s'adapte au récit, monologues sans ponctuation, dialogues aérés, aphorismes incisifs, pour nous emmener lentement mais sûrement à la résolution.
Résolution que j'ai trouvée un peu (trop) expéditive ? Moins bien travaillée, en tous cas surprenante.
Alors, me direz-vous,
la Garçonnière ? Et bien, vous verrez…
N.B. Je me souviens avoir lu (en 2017)
Mapuche de
Caryl Ferey. Un thriller, très hard qui avait comme objet aussi les rescapés de la junte. C'est toujours bien de se replonger dans ces années terribles, pas si lointaines, et ne pas oublier que ça peut toujours recommencer.