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Citations sur Les îles (68)

"L'originalité de Grenier, il nous parle seulement d'expériences simples et familières dans une langue sans apprêt apparent. Puis il nous laisse traduire, chacun à notre convenance. A ces conditions seulement l'art est un don, qui n'oblige pas.Pour moi qui ai tant recu de ce livre, je sais l'étendue de ce don, je reconnais ma dette. Les grandes révélations qu'un homme reçoit dans sa vie sont rares, une ou deux le plus souvent. Mais elles transfigurent, comme la chance.A l'être passionné de vivre et de connaître, ce livre offre, je le sais, au tournant de ses pages, une révélation semblable.

Albert Camus (extrait de la préface)
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La société a des exigences tellement cruelles pour les individus qui sont forcés de travailler - c'est-à-dire presque tout le monde - que leur seul espoir (à part bien entendu celui d'une révolution) est de tomber malades. On s'étonne du grand nombre de maladies et d'accidents qui nous accablent. C'est que l'humanité lasse de son travail quotidien ne trouve plus que ce misérable refuge de la maladie pour sauver ce qui lui reste d'âme. La maladie pour un pauvre, c'est l'équivalent d'un voyage, et la vie d'hôpital, c'est sa vie de château. Si les riches savaient cela, ils ne permettraient pas aux pauvres de tomber malades.
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Il me semble que, partout où ils se trouveront, le soleil, la mer et les fleurs seront pour moi les îles Borromées ; qu'un mur de pierres sèches, défense si fragile et si humaine suffira toujours pour m'isoler, et deux cyprès au seuil d'un mas pour m'accueillir... Une poignée de main, un signe d'intelligence, un regard... Voilà quelles seront - si proches, si cruellement proches - mes îles Borromées.

p. 155
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La contemplation muette d'un paysage suffit pour fermer la bouche au désir. Au vide se substitue le plein.
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La perfection, je le sais, n’est pas de ce monde, mais dès qu’on entre dans ce monde, dès qu’on accepte d’y faire figure, on est tenté par le démon le plus subtil, celui qui vous souffle à l’oreille :
Puisque tu vis, pourquoi ne pas vivre ? Pourquoi ne pas obtenir le meilleur ?
Alors ce sont les courses, les voyages…
Mais quels beaux instants que ceux où le désir est près d’être satisfait.
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Redevenir proche... Je ne le puis que par la répétition quotidienne des arbres, du ciel, des animaux, des lits et des tables, par des constantes physiques et naturelles.
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Mouloud est heureux. Prenant part au combat que se livre éternellement le monde avec lui-même, il ne perce pas l’illusion qui le fait agir. Il joue et ne songe pas à se regarder jouer. C’est moi qui le regarde, et je suis enchanté de lui voir remplir son rôle avec une précision de mouvements qui ne laisse place à aucun vide. À tout instant il est tout entier dans son action. S’il désire manger, ses yeux ne quittent pas les plats qui sortent de la cuisine et trahissent une si violente envie qu’on l’imaginerait transporté dans la nourriture même. Et s’il se pelotonne sur les genoux, c’est avec l’application de toute sa tendresse. En vain, je cherche un hiatus. Ses actes coïncident avec ses mouvements, ses mouvements avec ses appétits, ses appétits avec ses images. C’est une chaîne sans fin. Si le chat allonge sa patte à moitié, c’est qu’il est nécessaire qu’il l’allonge et qu’il l’allonge seulement à moitié. Le contour le plus harmonieux des vases grecs n’a pas cette nécessité.
Cette plénitude, quand je fais un retour sur moi m’attriste. Je me sens homme, je veux dire un être mutilé. Je sais que je trébucherai avant la fin de la comédie et qu’à une question que me posera mon partenaire, j’oublierai ma réplique et resterai sans parole. Absences. Me voilà ravi à ces êtres que je disais aimer, et à moi-même dont je ne pouvais me détacher. Une nécessité qui me confond m’emporte loin de ma condition. Les hommes n’aiment pas qu’on leur échappe : c’est qu’ils n’aiment pas s’échapper à eux-mêmes. Ils sont aussi contents d’être hommes que Mouloud d’être chat. Mais Mouloud a raison et eux ont tort. Car, lui, fait ce qu’il a à faire et leur position, à eux, est intenable.
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Plus tard, ayant laissé s’enfoncer des racines autour de moi, je me mis à aimer ce que j’avais désiré, puis à ne plus me distinguer de ce que j’aimais.
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La société a des exigences tellement cruelles pour les individus qui sont forcés de travailler — c’est à dire presque tout le monde — que leur seul espoir (à part bien entendu celui d’une révolution) est de tomber malades.
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La beauté des grands paysages n'est pas proportionnée à la puissance de l'homme.
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