Orouna est la seconde Orc mise à l'honneur dans la série Orcs et Gobelins, après Shaaka du tome 14.
Et pour marquer le 100 ème album de cette gigantesque collection, il ne fallait pas moins qu'un personnage fort, haut en couleur, qui resterait dans les mémoires.
Ce tome s'inscrit tout à fait logiquement dans le cross over Les Guerres d'Arran. C'est donc dans ce contexte là que se déroule le récit d'Orouna que nous propose
Jean Luc Istin.
Et il est question de vengeance et de lien mère/fille.
L'auteur choisit de nous raconter l'histoire de son héroïne sur deux périodes, séparées l'une de l'autre par très peu de temps, et c'est en avançant progressivement dans chacune de ses époques que les enjeux seront révélés. Les twists également... Il dresse là le portrait d'une Orc, forte tête, qui ne se laisse pas faire, qui n'hésite pas rentrer dans le lard des mâles, pourtant beaucoup plus costauds qu'elle, ou bien à s'en prendre carrément à des Ogres. Elle n'hésite pas à se servir des faiblesses des mâles à son avantage, dixit le harem... La belle ne manque pas de finesse pour autant puisque très jeune, elle était attirée par le dessin, passion qu'elle transmettra à sa fille adoptive, qui représente le coeur du récit et le ressort dramatique principal.
Car c'est bien partant à la recherche de celle ci que sa véritable personnalité va se révéler et dans le lien qui les a unit.
Jean Luc Istin maîtrise bien son scénario
(on devine malheureusement assez vite le sort qui sera réservé à Élünn, la fille d'Orouna.) et sait placer les éléments essentiels là où il faut pour faire avancer l'intrigue et nous mener jusqu'au dénouement, lequel ne manque pas de saveur et ravira les fans de la série.
J'en profite pour glisser ici, qu'à mon humble avis, la série Orcs et Gobelins est, pour moi, la meilleure après Nains.
On appréciera les références faites à d'autres personnages croisés dans cette série. C'est plutôt appréciable de savoir que les personnages qui nous sont présentés, ne sont pas tous déconnectés les uns des autres, ce qui nous rappelle agréablement qu'ils vivent dans le même monde, aussi vaste soit il. Cela contribue à rendre cet univers plus cohérent, et je dirai même qu'il était temps en cette période de Guerres d'Arran.
Les graphismes de Sébastien Grenier sont absolument sublimes. J'ai déjà pu apprécié son talent sur la série Arawn ainsi que sur le tome 11, Kronnan. Je renouvelle ici la confiance que j'ai en lui et je redis qu'il serait très bénéfique de l'embaucher plus souvent. Son coup de crayon est d'une justesse et d'une finesse incroyables, et sous ses traits, les personnages prennent vie. Et vous pourrez également vous plonger dans les décors qui ne manquent pas de détails, pour une meilleur immersion.
Bref du tout bon pour cet album... ou presque. Certainement un personnage qui jouera un rôle crucial dans le cross over...