Avec Tessa, il y avait le bien et le mal, et pas de zones grises entre les deux. Mentir était un péché. Une parole était donnée à jamais. Une promesse inaliénable, quels que soient les désagréments ultérieurs.
Il y a trop de bons livres pour perdre son temps avec les mauvais.
Les livres ne laissent pas de traces, Mercer. Ça se négocie comme des pierres précieuses, si vous voyez ce que je veux dire.
— Pas vraiment
— Ça se vend sous le manteau. Sans déclaration aux impôts.
— Les romans à suspense ? Les thrillers ?
— Bof aussi. Je ne sais pas faire des histoires compliquées.
— L’espionnage, le monde des barbouzes ?
— Je suis bien trop girly pour ça.
— Et les récits d’horreur ?
— Vous plaisantez ? Dès qu’il fait nuit, j’ai peur de ma propre ombre !
— Les histoires d’amour ?
— Je n’y connais rien !
— Le porno ?
— Je suis encore vierge !
— De toute façon, le porno ne se vend plus, intervint Bruce. On a tout ce qu’on veut en ligne.
Myra poussa un gros soupir.
— Les temps changent ! Il y a vingt ans, Leigh et moi on savait faire, chaque page te mettait en transe ! Et la science-fiction ? L’heroic fantasy ?
— Je n’y ai jamais touché.
— Le western ?
— J’ai peur des chevaux.
— Les intrigues politiques ?
— J’ai peur des politiciens.
— D’accord. Vous êtes donc condamnée à écrire des histoires sur des familles en vrac. Alors au boulot ! Mais on attend des progrès !
On appelle ça opérer en zone grise. On espionne, on visite, on récolte des preuves, et le plus souvent on avertit le FBI. Après, ils reprennent les choses en main, avec mandat et tout le tralala. Et l'œuvre d'art est restituée à son propriétaire. Le voleur va en prison, et les lauriers au FBI. Tout le monde est content, à l'exception peut-être du voleur. Mais c'est le cadet de nos soucis.
Pour un auteur autrefois plein d'avenir, aujourd'hui en mal d'inspiration, terrifié à l'idée de ne plus jamais pouvoir écrire, les paroles enthousiastes d'un lecteur aussi éclairé faisaient chaud au cœur.
Écrire, par définition, est une activité sans garde-fou. Il n'y a pas de limites. Pas de patron, pas de supérieur, pas d'horaire ni de pointeuse pour imposer sa tyrannie.
On écrit le matin, on écrit la nuit. On boit quand on veut.
Mais ces gens avaient un point commun : c'étaient tous des passionnés. Ils aimaient les livres, la littérature, les écrivains, le monde de l'édition, ils ne comptaient pas leurs heures et appréciaient leurs clients qui étaient à leurs yeux une espèce particulière et noble.
Ecrire, par définition, est une activité sans garde-fou. Il n'y a pas de limites. Pas de patron, pas de supérieur, pas d'horaire ni de pointeuses pour imposer sa tyranie. On écrit le matin, on écrit la nuit.
Elle n'achetait guère de livres de toute façon. Pourquoi faire, quand on pouvait les emprunter à la bibliothèque ?