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4,02

sur 595 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre plaisant
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Ce roman m'a fait penser à Dans la forêt de Jean Hegland de part ce huis-clos, cette dépendance des protagonistes, une panne d'électricité sans précédent avec une pénurie carburant condamnant nos personnages à être piégés contre leur gré dans une nature magnifique où la neige ne cessant de tomber accentuera le confinement des hommes.

Comment vivre avec un retour en arrière en dépendant des saisons, des réserves? Comment faire face aux tensions qui règnent, aux rumeurs qui enflent d'un eldorado ailleurs où l'électricité serait rétablie et dans ce cas prendre le risque de tout quitter ou non car le choix est cornélien.

Dans ce contexte notre narrateur et son colocataire dépendront l'un de l'autre, le premier pour les soins que Matthias devra lui prodiguer pour guérir les blessures d'un accident et le second pour les vivres promises en échange des soins et surtout d'une place dans le prochain convoi pour rejoindre la ville. Cette proximité et cette dépendance va rapprocher les deux hommes et pourtant leurs aspirations sont différentes en découlera des tensions créées par ce huis-clos et cette neige qui ne cesse de monter. J'ai d'ailleurs aimer voir son niveau évoluer au fil des chapitres nous permettant d'espérer ou non. Les raisons de cette panne nous ne les connaissons pas, l'important étant la vie et l'organisation en découlant dans ce village et surtout entre ces deux hommes.

La lecture est fluide, calme portée par une plume juste, sobre et très belle. le sujet n'est pas une découverte en soi mais j'ai aimé me plonger dans cet univers. Un roman porteur d'interrogations sur notre monde mais aussi où l'espoir règne, celui de retrouver ses proches, celui que la neige cesse de tomber et tout simplement que la vie reprenne son cours.
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Le poids de la neige est un roman écrit par un écrivain québécois, Christian Guay-Poliquin, auteur que je découvre ici, dans le cadre de la sélection du prix littéraire Cezam 2019.
Ce sont des pages emplies de silence et de blancheur. Le paysage vient progressivement se mélanger aux pages qui nous invitent au voyage, la blancheur est tout d'abord comme un étonnement, une lumière et bientôt peu à peu devient lourde, comme obsédante, la neige vient alors peser sur les ramures des arbres, les toits des maisons et les pages que nous égrenons. C'est une neige qui règne sans partage.
Nous ne savons pas grand-chose de ce qui s'est passé avant que ne débute le récit. On dirait que plane le souvenir d'un drame encore récent...
Un homme au bord d'un village est recueilli par des personnes, il a été victime d'un très grave accident de voiture. Il s'agit du narrateur. Il se retrouve piégé dans ce village que la neige recouvre peu à peu, d'une manière immuable. Il est loin des siens, coupé du reste du monde, une panne d'électricité semble avoir touché bien plus que les limites de ce village.
Le temps est là, qui avance très lentement, qui tente de cicatriser les blessures physiques et celles plus anciennes. Le temps cicatrise ce qu'il peut, avec ce dont il dispose, à portée du jour, loin de l'emprise des mains.
Parfois la neige cesse de tomber. Parfois elle recommence à venir. Nous voyons ainsi le paysage se modifier sous les yeux des personnages, une sorte d'angoisse, d'oppression et de blancheur immense s'animer pas à pas.
Ce sont deux hommes forcés de cohabiter dans un univers fermé, étroit, presque forcés de s'entraider, du moins l'un doit s'occuper de l'autre tout au début du roman... Ce sont deux hommes prisonniers l'un de l'autre.
C'est presque un huis clos entre un vieil homme qui s'appelle Matthias, qui est chargé de s'occuper du narrateur, bien plus jeune que lui, mais il est blessé aux jambes à la suite d'un accident de la route et ne parle pas à ses interlocuteurs.
C'est un des paradoxes de ce roman : un vieil homme qui a la force de prendre soin d'un homme plus jeune que lui, blessé.
On ne sait pas la raison de tout cela, ces femmes et ces hommes, par moments aux abois, qui semblent s'organiser comme ils peuvent, survivre presque.
Le narrateur contemple le paysage, tandis que Matthias s'affaire à aider, faire le ménage, cuisiner, laver le jeune homme, lui apporter les soins nécessaires. Au début ce n'est pas de gaité de cœur que Matthias fait tout cela, on l'a un peu contraint à le faire.
Le narrateur est emmuré dans un silence mutique et cela agace Matthias. On ne sait pas pourquoi il ne parle pas.
Et puis brusquement un jour il crie : « Au feu ! Au feu ! ». Matthias accoure et découvre alors que son hôte peut parler.
Il y a aussi Joseph, il y a José. Et puis il y a la belle Maria. Elle est vétérinaire. C'est elle qui a apporté les premiers soins au narrateur, faute de médecin présent. Ces personnages viennent et reviennent vers la maison, au rythme des jours qui s'écoulent dans cet hiver interminable qui recouvre peu à peu le village et ses maisons, viennent rendre visite à Matthias et son hôte.
Le silence du narrateur ressemble au silence du paysage. Parfois, nous avons l'impression qu'ils font corps, c'est une étrange harmonie.
Peut-être qu'il ne se passe rien dans ce roman... Ou bien, dit autrement, peut-être qu'il ne se passe rien aux yeux de ceux qui ne prennent pas le temps de capter la présence des personnages, leurs silences, leurs mouvements, leurs battements de cœurs, leurs regards par-dessus le paysage, tentant d'imaginer ce qu'il y a derrière, ce qu'il va advenir plus tard...
C'est un livre où il y a de l'attente, de l'angoisse aussi, peut-être du désir. Maria n'est jamais loin même lorsqu'elle n'est jamais là...
C'est une amitié un peu forcée au début. Mais elle existe, elle est là, elle se forge parmi la neige qui tombe et l'attente
Étrangement, ce paysage figé par la neige devient vivant, s'anime.
Par-delà ce huis clos, l'auteur nous invite à une réflexion : que devenons-nous lorsque nos repères de modernité, ici l'électricité, sont défaillants dans la durée ? Des voisins se parlent soudainement, les relations humaines en sont bousculées. Des choses belles, mais aussi des choses moins belles peuvent venir de tous les côtés, inattendues.
Parfois les silences ne sont pas pesants. D'ailleurs, les silences ne devraient jamais être pesants. Ce livre nous invite à questionner ces silences de nos vies qui parfois nous encombrent, nous pèsent et devraient plutôt ressembler à la neige dans ce qu'elle a de légère et de sublime.
Je vous livre ici une anecdote personnelle qui va vous faire sourire, du moins parmi les plus jeunes d'entre vous. En 1974, j'avais douze ans, lorsqu'un attentat en Bretagne, perpétré et revendiqué par une organisation indépendantiste bretonne, priva l'Ouest de la Bretagne de télévision pendant plusieurs semaines. Eh bien, chers amis, la vie ne s'arrêta pas là. Il y eut des jeux de société, des soirées de conte, des soirées entre voisins, il paraît même que le taux de natalité grimpa neuf mois plus tard... Je me souviens d'une période qui fut tout d'abord un choc effroyable (finis Zorro, Skippy le kangourou, Flipper le dauphin... !) et puis quelque chose de merveilleux vint à force d'apprivoisement de ce silence qui nous tombait dessus brutalement. Dans ma famille, nos soirées étaient devenues inventives, nous avions ressorti des placards les jeux de société et nous nous regardions enfin...
J'ai aimé ce livre, sa rudesse, sa tendresse et son chemin. Son humanité. Les personnages cheminent entre eux, s'opposent au départ, se rejoignent peu à peu...
J'ai aimé marcher dans la neige de ce roman, mais aussi attendre avec les personnages du récit, je me suis senti en totale empathie avec eux dans cette attente, j'étais parmi eux dans la neige, sous son poids et peut-être aussi dans sa légèreté. Ce qui m'a plu dans ce roman, c'est que dans cette neige qui s'accumule inexorablement, deux hommes diamétralement opposés ont pu se rapprocher peu à peu l'un de l'autre...
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Hiver canadien, hiver québécois....atmosphère étrange et surréaliste pour ce roman dans lequel l'ennui côtoie le plaisir...
Un vieil homme Matthias a été chargé par les autres habitants du village de prendre soin d'un jeune homme qui a été retrouvé les jambes écrasées sous sa voiture accidentée. le vieil homme le loge dans une véranda, alors que lui vit dans la maison attenante. le jeune homme, dont on ne connaîtra pas le prénom, n'a pour seules distractions, que celles de voir tomber la neige, et de surveiller avec sa longue vue l'échelle à neige que le vieil homme a planté dans le pré voisin...Il attend avec impatience la venue de la belle Maria, la vétérinaire qui l'a soigné, qui a recousu ses plaies, posé des attelles sur ses jambes... et refait régulièrement ses pansements
Huis clos entre ces deux hommes...Unité de lieu, de temps et unité d'action...ou plutôt d'inaction forcée. Les composantes du drame classique
Atmosphère étrange et surréaliste : "la panne d'électricité, les stations services dévalisées, les milices au bord des routes, la panique dans les villes..." Que s'est-il passé ?
En tout cas les deux hommes sont contraints de se supporter, de partager les vivres, le bois de chauffage, de vivre en vase clos et de jouer aux échecs....de surveiller les rares allers-venues d'autres habitants dans la neige, et d'attendre des jours meilleurs qui permettront au vieil homme de rejoindre son épouse. Chapitre après chapitre, les centimètres de neige s'accumulent, atteignant des chiffres insoupçonnables sous nos latitudes. Alors on en vient à brûler les meubles, à se rationner. À se soupçonner, à se surveiller, puis à s'espionner. Pourquoi tout ça...?
Et toujours cette ambiance pesante, dont on ne connait pas la cause, "avec la panne, on ne se déplace plus comme on veut. Il y a des barrages routiers partout, des milices, des forbans. En ville, il paraît que c'est le chaos, il y a des accidents à chaque intersection, les magasins se font piller, les gens fuient."
Huis clos pesant...on s'attend au drame. Chacun tente de trouver la solution pour fuir. Au sens propre et figuré.
Les centimètres augmentent...puis le soleil revient, l'eau du dégel commence à s'infiltre du toit...
J'avoue que j'ai eu envie de laisser de côté ce roman. Seule me poussaient dans la lecture le désir de comprendre cette atmosphère et cette ambiance, l'issue de ce drame littéraire.
L'ennui m'a parfois gagné. le toit de la véranda a résisté, moi aussi.
Ce titre a été couronné de plusieurs prix littéraires au Québec...sans doute parce qu'il met en scène, par ses mots, une atmosphère dans laquelle les québécois se reconnaissent, un ennui du long hiver, de l'isolement, de la solitude, l'absence de bruit..l'absence de vie, et l'angoisse de cette blancheur à perte de vue. Et surtout la difficulté de vivre à deux (ou à plusieurs) en permanence l'un à coté de l'autre, sans lien avec l'extérieur, sans possibilité de s'en échapper, avec des bons moments et des moments de tension. Tu as envie de t'échapper, de fuir, de vivre autre chose..... tant pis pour toi. Tu dois faire avec cette solitude, cet ennui, cette promiscuité. Une solitude, un isolement, une neige, un phénomène de société ....plusieurs mois de vie sous ces latitudes
Sinon qu'est-ce qui pourrait totalement justifier ces prix littéraires ?
Tombe la neige
Tout est blanc de désespoir
Triste certitude
Le froid et l'absence
Cet odieux silence
Blanche solitude (Adamo)
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Après un très grave accident de voiture, le blessé est secouru par des villageois.
Dans un premier temps, il est ramené au village. Il est identifié comme le fils du garagiste où il a encore des oncles et tantes qui y vivent.
Soigné par la vétérinaire et le pharmacien, il est confié à Matthias, un vieillard, nouvel arrivé et installé dans une grande maison en dehors du village.
Pourquoi les villageois vont-ils demander à Matthias d'accueillir le blessé contre vivres et bois de chauffage?
Gravement atteint aux deux jambes, souffrant le martyr et incapable de bouger, il va passer l'hiver coincé dans une véranda pleine de courants d'airs.
Les chapitres sont courts, l' écriture fluide et les descriptions efficaces.
Coupés du monde à cause d'une panne d'électricité, les habitants donnent libre court au meilleur comme au pire : entraide, égoïsme, solidarité, méfiance.
A chaque chapitre la hauteur de la neige augmente, le huis clos devient oppressa
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Un roman apporté du Québec par ma tante Rolande, en visite pour quelques jours en France. C est un de ses romans fétiches.

Un jeune homme revient dans son village d origine pour retrouver son père. Mais arrivé proche du village, il a un accident de voiture et se retrouve avec les jambes en compote. C est le début de l hiver. Il neige fortement. Et commence un huit clos, entre ce jeune homme et Matthias, un homme âgé qui habite dans une maison isolée proche du village. S il s?occupe bien de lui et arrive à le guérir, alors Mathias aura le droit de prendre une voiture pour retourner en ville, comme il le souhaite. Mais la neige ne faiblit pas. Il n y a plus d électricité, plus d eau courante. Les réserves de nourriture s amenuisent. Comment survivre à cet hiver, comment l homme peut il réagir quand il se trouve enfermé, qu il doit survivre...

Un très bon livre. Un rapport avec la neige qui est très plaisant. Un univers clos mais pas oppressant, tout du moins au début.

Des relations entre les gens qui laissent à réfléchir. Comment ferions nous dans la même situation ? Je vous laisse lire ce livre pour répondre à cette question.
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Le hasard de la vie est à l'origine de cette étrange cohabitation dans un village où il n'y a plus d'électricité suite à une gigantesque panne et à l'approche de l'hiver.

Les 2 personnages principaux, Matthias vieille homme au caractère bien trempé se retrouve coincer dans ce village suite à une panne de voiture et un jeune homme (le narrateur) dont les jambes ont été brisées lors d'un accident de voiture près du village.
Les villageois imposent à Matthias de soigner le jeune contre des vivres et du bois de chauffage. Tous deux vivront dans la véranda d'une maison abandonnée à l'extérieur du village.

Le village se retrouve isolé du monde par la neige, les villageois s'entraident et partagent les vivres mais au fil de l'hiver c'est l'égoïsme qui apparaît et certains villageois sont partis en catimini laissant les autres à leur sort.

J'ai ressenti les froideurs de l'hiver, les courants d'air de la véranda, l'atténuation des bruits par la neige et les angoisses du lendemain dans l'attente le dégel.

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♫ Tombe la neige, tu n'partiras pas ce soir...♫
Ni ce soir, ni demain, ni la semaine prochaine, ni dans un mois... Parce que l'hiver vient à peine de s'installer, et qu'il ne lâchera pas prise avant le printemps, et qu'il fera tomber tellement de neige que ce village, perdu dans la montagne et les grands espaces, va s'en trouver paralysé jusqu'au redoux, et ses habitants, coincés itou. Et dire que tu aurais pu partir à temps, mais qu'on t'a imposé, sans te demander ton avis, ce jeune accidenté de la route, gravement blessé aux jambes et que personne d'autre ne peut/veut accueillir. Malgré l'urgence que tu ressens à retourner dans ta ville, toi qui t'es égaré dans ces contrées isolées, tu n'as d'autre choix que d'accepter, même si c'est de mauvais gré. Aah, Matthias, vieil homme grincheux, tu ne sais pas encore à quel point le temps va te sembler long, dans ce palais des courants d'air sans électricité, à jouer les gardes-malades autour du poêle à bois pour ce jeune homme peu bavard (et pourtant narrateur de votre histoire). Un temps sans fin à peine égayé par les rares visites des bonnes âmes venues vous ravitailler en vivres, bois de chauffage et nouvelles du village. Un temps long qui vous oppresse comme cette neige qui pèse de plus en plus lourd sur le toit de votre véranda et sur tes espoirs de quitter ce bled au plus vite. Et quand on sait que "c'est quand rien ne se passe que tout peut arriver", on attend que quelque chose advienne, pour le meilleur ou pour le pire.
Sans vague de chaleur ni humaine ni météorologique, ce huis clos est pareil à la neige, blanc et froid, mais loin d'être toujours lumineux. On sait peu de choses des personnages, on prend leurs vies en cours de route, le reste est nimbé d'un vague mystère, d'une menace sourde, d'un environnement post-apocalyptique. Dans de telles conditions où on lutte contre les blessures du jeune, l'impatience du vieux, la faim et le froid, la tension monte, forcément, les frustrations se révèlent, les vérités s'assènent, le conflit se noue et éclate. Puis le calme après la tempête, mais que va-t-il en ressortir ? Une rédemption ? Je me suis demandé si ce livre avait un sens religieux caché, tant j'ai été frappée par les prénoms des personnages. On ne connaît pas celui du narrateur, mais pratiquement tous les autres sont des prénoms bibliques, et une écrasante majorité d'entre eux commence par la lettre "J" : José, Joseph, Jonas, Jean, Jude,..., sans parler du triangle Maria-José-Joseph. C'est d'autant plus curieux que l'histoire se déroule sous les auspices du mythe de Dédale et Icare.
Enfin, quoi qu'il en soit, ce roman au style âpre et implacable est tendu d'ennui et surtout d'attente de ce qui va se passer alors qu'il ne s'y passe que peu de choses. Un paradoxe, un fameux risque pris par l'auteur, et  en ce qui me concerne, une réussite.

En partenariat avec les Editions J'ai Lu via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Que raconte ce récit? Matthias, un homme d'un âge avancé et un trentenaire accidenté, sont confinés dans la véranda d'une maison sans électricité dans un village situé dans le bois en plein hiver. Ils doivent s'organiser pour survivre afin de regagner la ville lorsque le printemps reviendra. Ils sont liés par un pacte. Les habitants du village ont promis au vieillard de l'aider à rejoindre sa femme en ville en embarquant dans le premier convoi qui quittera le village s'il prend soins de l'accidenté. Les deux hommes devront affronter de nombreux défis (la faim, la maladie, le froid, la neige, le doute, l'incertitude, la méfiance, etc.). Pourront-ils retrouver leur liberté après la saison blanche?

La neige

J'ai beaucoup aimé l'ambiance contemplative présentée dans le roman. le narrateur, c'est-à-dire le jeune homme, n'a d'autres choses à faire que d'observer la nature autour de lui, car il est cloîtré dans un lit. C'est Matthias qui s'occupe de le nourrir, de le laver, de chauffer le poêle, de raconter des histoires. Par le biais du regard de l'accidenté, le lecteur a accès à des scènes nordiques magnifiques.

La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes. Les arbres s'inclinent, ploient vers le sol, courbent l'échine. Il n'y a que les grandes épinettes qui refusent de plier. Elles encaissent, droites et noires. Elles marquent la fin de village, le début de la forêt. (p. 11)

Cependant, la neige encercle les protagonistes. Elle est la plupart du temps associée à la lourdeur. Elle crée un climat étouffant, pesant, écrasant. Comme le mentionne le narrateur :

La neige est lourde sur nos petites vies (p. 151).

La neige délimite la vision, condamne les protagonistes dans un lieu clos, dévore le paysage, avale le temps.

Mais encore, la fonte de la neige est associée à l'espoir. L'espoir de quitter la maison qui est en retrait du village, l'espoir pour Matthias de retrouver celle qu'il a aimée toute sa vie, l'espoir de renouer avec les siens, l'espoir de renaître à la vie. Lorsque Matthias quitte le narrateur en quatre roues pour aller rejoindre son épouse, le soleil est plus chaud et la neige fond. Elle se modifie comme les sentiments des protagonistes.

Un vent chaud souffle sur la forêt. le soleil plombe. le décor ruisselle de partout et la neige ressemble à de gros cristaux de sel parsemés d'aiguilles de pin, de branches et de feuilles mortes. […]

Je m'assois lourdement dans la neige. Je me sens heureux et inquiet à la fois. Pour Matthias comme pour moi. (p. 290)


Donc, ce livre était parfait pour le défi, car la neige occupe une très grande place dans ce dernier. Elle est vivante et elle ne cesse de balayer la nature, les êtres et le temps. Elle est l'ancre qui empêche les deux personnages de dériver.

https://madamelit.ca/2019/01/24/madame-lit-le-poids-de-la-neige/
Lien : https://madamelit.ca/2019/01..
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Je ne sais pour quelle raison, mais avant même d'ouvrir le poids de la neige, on sait que ça va mal finir. La neige c'est beau, quand il y en a un peu, ce l'est moins lorsqu'il en a beaucoup. Il y a aussi le froid. Donc on sait que les personnages du livre de Christian Guay-Poliquin vont connaitre le « poids » de la neige, au propre comme au figuré.

Quarante deux - Dès le début, la situation est déjà passablement compliqué. le narrateur vient d'échapper miraculeusement à un accident. Il est immobilisé dans un lit, incapable de se mouvoir, les deux jambes dans des attèles, avec des pansements, du pus, de l'onguent, des points de sutures à changer. Et la neige est déjà là. le narrateur a été transporté chez Matthias, un vieil homme isolé dans la véranda d'une maison abandonnée. Il va s'occuper de lui, en échange, on lui a promis qu'il ferait parti de l'expédition qui ira à la ville. C'est vrai, il n'a pas seulement la neige, il a une panne électrique généralisée, les réseaux sont coupés. Ils se débrouillent à l'ancienne, dans la neige et le froid.

Soixante quinze, cent cinq, la neige s'accumule tout doucement, comme la tension entre les personnages, ceux dans la véranda, mais également entre ceux restés au village. Comme le principe des vases communicants, plus la santé du narrateur s'améliore et plus la santé du vieil homme décline. Ça ne se fait pas d'un coup, mais en subtilité, centimètre par centimètre. Cent quinze, cent vingt. Ils solidifient le toit à l'aide d'immenses poutres, le narrateur marche désormais avec des béquilles, et soudain, le plafond fuit, pas beaucoup, goutte après goutte, jusqu'à ce qu'une partie s'effondre. Personne n'est gravement blessée, pour cette fois...

Cent soixante-quinze, deux cent dix...

Ce livre m'a fait penser aux carnets retrouvés de l'expédition de Robert Falcon Scott au pôle sud, il y a plus de cent ans. le froid, la neige, évidement, mais surtout les descriptions du quotidien, l'ennui, la répétition des tâches simples, les données météorologiques, il neige, le vent, l'humidité, et les quelques moments de gaîté. Et peut-être encore plus, le sentiment que la vie ne tient à rien.

Sans révéler la fin, je dirais que ce n'est pas une fin à l'américaine, où tout le monde vécurent heureux, ni terrible comme l'expédition de Falcon Scott, mais quelque chose entre les deux, une fin profondément québécoise...
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