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4,02

sur 595 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
bon livre, c'est une histoire qui n'a pas de début pas de fin, c'est l'instant présent quand les personnages sont coincés par la neige, on devine qui ils sont pu être mais on ne sait pas ce qu'ils deviendront mais peu importe, leur histoire est cet instant et cet espace où ils sont coincés
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Ce livre attendait bien au chaud dans ma PAL et je l'ai ressorti à la faveur d'une vague de froid. Voilà une sorte de huit clos entre deux hommes qui ne se connaissaient pas et se retrouvent forcés de cohabiter en plein hiver glacial dans une maison isolée. La chaleur et l'humain peuvent-ils surgir du froid et du chaos?
Le temps est long dans ces conditions et le rythme du livre est lent, un rythme d'écriture qui retranscrit très bien le sentiment d'oppression qui va crescendo au fil du récit. Mention spéciale pour la nature : très présente, réaliste, imagée mais aussi hostile et glaciale. Christian Guay-Pouliquin nous offre des descriptions de paysages vraiment saisissants, parfois apocalyptiques. Une ambiance également très bien retranscrite par la photo couverture !
Plus que l'histoire en elle-même, c'est le ton du récit qui m'a touchée. Roman du froid, de l'attente, du silence, de l'ennui, de la survie. Une ambiance qui met à nu, où on ne peut pas jouer : chaque mot, chaque geste, prend une signification particulière, exacerbée. Et finalement, le peu de chaleur qui apparaît vient de l'humain, s'il ne veut pas disparaître sous le poids de la neige….
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Un jeune homme - le narrateur – est cloué par des blessures dans la véranda d'une maison située à quelques centaines de mètres d'un village isolé de montagne. Les planches de ses attelles, elles, sont bien clouées ensemble. Heureusement pour ce blessé, il n'est pas seul : Matthias, un vieil homme, prend soin de lui. Le périmètre de déplacement de Matthias est limité aussi : par la neige.

La neige est omniprésente : dans le titre, à l'extérieur, et dans les esprits des rares habitants du village…
Elle efface même leur perception du temps, et celle du lecteur. le référence en la matière est la saison, en l'occurrence un hiver qui s'éternise. Hormis cette saison, le lecteur ne sait pas vraiment à quelle époque se déroulent les faits, il sait juste que certains équipements existent (automobile, télévision).
Les échanges avec le reste du monde sont restreints par des défaillances techniques (électricité, radio, télé), et potentiellement dangereux avec des risques d'agression sur les routes ou de pillage par des personnes extérieures. En effet, la nourriture devient une denrée rare. Dans ce cadre presque post-apocalyptique, l'ambiance se tend dans ces deux quasi huis clos que constituent la véranda et le village.

L'écriture met parfaitement en évidence cette tension, qui suscite l'envie de poursuivre cette lecture.
'Trente-huit', ce chiffre mentionné à l'en-tête du premier chapitre évoque un compte à rebours. A voir la numérotation des autres chapitres, il n'en est rien ! Ce mystère-là sera vite élucidé.

Par contre je suis resté sur ma faim concernant les circonstances extérieures autres que météorologiques (climatiques ?) qui ont dégradé l'organisation sociale du monde décrit. J'ai donc reposé ce livre avec un certain sentiment de frustration, même si je me suis laissé porter par ce récit qui frôle le genre de l'anticipation.
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Plus d'électricité depuis quelques temps, l'hiver est là avec la neige. Un homme est retrouvé les jambes écrasées sous sa voiture. Recueilli par les habitants, il est soigné par la vétérinaire, puis remis aux bons soins de Matthias, un vieil homme échoué dans ce village, contre nourriture, bois de chauffe et…. une place dans le premier convoi qui partirait pour retrouver sa femme hospitalisée dans la grand ‘ville d'à côté.
Dans une ambiance de fin du monde, une gigantesque panne d'électricité, la neige qui tombe drue, plus de téléphone, plus de moyens de communications, plus d'essence, le village est coupé du monde « C'est l'hiver, les journées sont brèves et glaciales. La neige montre les dents. Les grands espaces se recroquevillent ». Petit-à-petit, l'entente du début va se rompre, les provisions commencent à manquer tout comme le bois de chauffage. Les hommes vont ruser, chaparder pour quitter cet endroit, pour retrouver la ville et, peut-être, espèrent-ils, l'électricité.
Dans cette période quasi apocalyptique, Matthias et son blessé sont isolés du village dans une grande bâtisse abandonnée. Ils occupent la véranda et vont devoir s'apprivoiser. Chaque jour est un nouveau jour. le jeune homme ne parle plus, Matthias fait la conversation, le soigne, le nourrit ; supplée à tout.
Un huis clos où les deux hommes s'évaluent, cernés par la blancheur et le froid. L'ambiance est lourde, le face-à-face hypnotique, tendu, qui s'affine au fil des jours, rompu par les visites des villageois venus apporter de quoi manger et se chauffer.
Le jeune homme est cloué ans son lit et regarde par la fenêtre la vie du dehors. Tout est ralenti par les éléments, et la neige qui recouvre tout.
L'écriture concise, précise, poétique de Christian Guay-Poliquin décrit fort bien cette lenteur, l'ennui, la suite lancinante des jours qui se ressemblent, le poids de la neige, les tensions entre les hommes. La violence est très présente, larvée ou réelle. J'entre à petits pas dans la véranda, dans la vie des deux hommes et je m'y suis sentie à l'aise.La panne d'électricité montre à quel point les habitants en sont dépendants et les renvoient à l'animalité des hommes. Petite originalité, la numérotation de chapitres fait référence à la hauteur de neige.
Une lecture faite sous la chaleur de la couette pour me protéger du froid dû au réalisme des descriptions. J'ai aimé la beauté des paysages décrits par Christian Guay Poliquin, la poésie qui émane de ce livre
Les descriptions de Christian Guay-Poliquin sont d'un réalisme bluffant. Tout au long de ma lecture, j'ai ressenti ce froid par tous les pores de ma peau. J'ai également été impressionnée par la beauté des paysages ainsi que par toute cette neige qui n'en finit pas de tomber jusqu'à ce que l'atmosphère devienne plus lourde, plus oppressante.
Une très bonne lecture


"J'ai toujours su que tu finirais par céder, recommence Matthias. Si on ne peut pas changer les choses, on finit par changer les mots. Je ne suis pas ton médecin, je ne suis pas ton ami, je ne suis pas ton père, tu m'entends ? On passe l'hiver ensemble, on le traverse, puis c'est fini. Je prends soin de toi, on partage tout, mais, dès que je pourrai partir, tu m'oublies. Tu te débrouilles. Moi, je repars en ville. Tu m'entends ? Ma femme m'attend. Elle a besoin de moi et j'ai besoin d'elle. C'est ça mon aventure, c'est ça ma vie, je n'ai rien à faire ici, tout ça est un concours de circonstances, un coup du sort, un grossière erreur".
Deux hommes qui n'ont a priori aucune raison de se rencontrer se retrouvent obligés de cohabiter dans une maison à l'abandon, à l'écart d'un village où la neige tombe sans discontinuer.
L'hiver a commencé, il se passe quelque chose en ville, nous ne saurons jamais très bien quoi. Il n'y a plus d'électricité, les vivres manquent, des milices se forment, il devient dangereux de voyager. Au village, le narrateur a eu un accident de voiture et a les deux jambes brisées. Personne n'a trop envie de le prendre en charge. Un deal est passé avec Matthias, un vieil homme qui est coincé ici alors qu'il veut retourner en ville, où sa femme est malade.
Il accepte de s'occuper du blessé, à condition de faire partie du premier convoi qui partira en ville au printemps. L'accord est passé, Maria, la vétérinaire viendra régulièrement voir le jeune homme et Joseph amènera des vivres.
Le huis-clos est chargé de tension, chacun s'observant. Au début le blessé ne parle pas, il ne sait pas s'il pourra marcher à nouveau, il n'a pas de force. Matthias est un curieux personnage, entièrement tendu vers le désir de retrouver sa femme afin qu'elle ne meure pas seule.
L'alchimie est parfaitement réussie entre l'évocation de la nature, tantôt dangereuse, tantôt somptueuse et l'aspect angoissant de la relation entre les deux hommes. On s'attend à un drame à chaque page. le blessé (dont nous ne connaîtrons pas le nom) se méfie de Matthias, le soupçonnant de vouloir partir en douce. Les visiteurs ne viennent plus, les vivres se raréfient, la neige monte de jour en jour, jusqu'à des hauteurs jamais atteintes.
J'ai été captivée par ce face-à-face contraint, ou perce malgré tout de la solidarité et où on ne sait qui est le plus dangereux, de la nature ou des hommes. Les descriptions poétiques du paysage et des éléments apportent une touche apaisante à l'histoire, que j'ai lue presque d'un seul jet. Un auteur québécois de plus à suivre ..

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Cet auteur québécois m'a fait vibré, grâce à le poids de la neige ! le temps se mesure en centimètres de neige ! L'atmosphère est lourde, lente, étouffante ! le titre de ce roman est véritablement bien choisi ! Et la structure du roman en chapitres peut paraître énigmatique jusqu'à la fin du livre, mais prend tout son sens lorsque les introductions de chapitre sont relus les uns après les autres ! Mais, je n'en dirai pas plus !

Nous découvrons un homme, gravement accidenté, pris au piège de la neige, dans son village d'enfance, mais également d'une énigmatique panne d'électricité ! Il est pris en charge par Matthias, un vieillard qui est chargé de veiller sur lui, également bloqué par la neige. Un huit-clos s'ensuit où les différents protagonistes vont se révéler progressivement.

Un bon moment de lecture !
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Deux hommes qui n'ont a priori aucune raison de se rencontrer se retrouvent obligés de cohabiter dans une maison à l'abandon, à l'écart d'un village où la neige tombe sans discontinuer.

L'hiver a commencé, il se passe quelque chose en ville, nous ne saurons jamais très bien quoi. Il n'y a plus d'électricité, les vivres manquent, des milices se forment, il devient dangereux de voyager. Au village, le narrateur a eu un accident de voiture et a les deux jambes brisées. Personne n'a trop envie de le prendre en charge. Un deal est passé avec Matthias, un vieil homme qui est coincé ici alors qu'il veut retourner en ville, où sa femme est malade.

Il accepte de s'occuper du blessé, à condition de faire partie du premier convoi qui partira en ville au printemps. L'accord est passé, Maria, la vétérinaire viendra régulièrement voir le jeune homme et Joseph amènera des vivres.

Le huis-clos est chargé de tension, chacun s'observant. Au début le blessé ne parle pas, il ne sait pas s'il pourra marcher à nouveau, il n'a pas de force. Matthias est un curieux personnage, entièrement tendu vers le désir de retrouver sa femme afin qu'elle ne meure pas seule.

L'alchimie est parfaitement réussie entre l'évocation de la nature, tantôt dangereuse, tantôt somptueuse et l'aspect angoissant de la relation entre les deux hommes. On s'attend à un drame à chaque page. le blessé (dont nous ne connaîtrons pas le nom) se méfie de Matthias, le soupçonnant de vouloir partir en douce. Les visiteurs ne viennent plus, les vivres se raréfient, la neige monte de jour en jour, atteignant des hauteurs jamais atteintes.

J'ai été captivée par ce face-à-face contraint, ou perce malgré tout de la solidarité et où on ne sait qui est le plus dangereux, de la nature ou des hommes. Les descriptions poétiques du paysage et des éléments apportent une touche apaisante à l'histoire, que j'ai lue presque d'un seul jet. Un auteur québécois de plus à suivre ..
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Prix France-Québec 2017

A l'intérieur d'une grande demeure abandonnée, pendant un long hiver canadien, deux hommes se retrouvent ensemble pour un tête à tête involontaire qui sera tantôt amical, tantôt guerrier.
L'un des deux est un vieil homme qui a voulu faire une virée en voiture, sa femme très aimée perdant la tête dans un hôpital ; l'autre homme, plus jeune, revenait dans son village de naissance quand il fut victime d'un très grave accident de voiture.

Quand le récit commence, le jeune qui a eu les jambes broyées, est entièrement dépendant des soins apportés par le vieux Matthias ; il a un peu perdu la notion du temps et se retrouve prisonnier avec lui de l'épaisse couche de neige et d'une gigantesque panne d'électricité dont nous ne sauront rien, si ce n'est que dehors, en ville, c'est le chaos.
Nous ne saurons pas grand-chose non plus de ce retour au village ; pas de nouvelle pendant dix ans, un passé enterré - il était mécanicien avec son père - problèmes familiaux ?

Un huis-clos avec peu de visiteurs : l'amie d'enfance devenue vétérinaire qui en l'absence de médecin donnera les premiers soins, quelques oncles et tantes, un pharmacien, un vigile.Tous vont disparaître assez vite malgré le manque d'essence pour fuir l'isolement et retrouver le monde.
Contre la promesse de faire partie du premier convoi qui partira au printemps, de vivres et de bois de chauffage, le vieil homme a accepté de s'occuper de l'accidenté...

Le personnage principal ici, est la neige, ou plus exactement la grande maison sous la neige ; les deux êtres humains ne sont que des personnages secondaires, indispensables au récit bien sûr - c'est quand même sur eux que l'histoire repose - mais qui sont ballottés au gré de la douleur et de l'incapacité physique pour l'un, de ses sentiments, rage et peurs pour l'autre.

C'est le jeune blessé qui raconte : la douleur, la perte de repères puis la très longue convalescence au gré des discussions avec Matthias, de leurs disputes ; les souvenirs et le quotidien difficile, l'amour - haine qui lie les deux hommes, la méfiance aussi. Mais quand des dangers se profileront, seront-ils capables de s'entraider ? D'être là l'un pour l'autre ?

Un très beau livre, humain et dur à la fois, plein de paysages magnifiques et grandioses mais aussi d'une atmosphère oppressante ; une écriture puissante et précise qui révèle la poésie du réel.
Véritable "traversée de l'hiver" d'après son auteur, ce récit nous place dans un contexte de survie et de tension presque palpable, alors que dehors, dans les grands espaces nord-américains, la Nature règne en maître.

Lorsque rien ne se passe, tout peu arriver ! dit l'auteur de son petit air malicieux.

Premières phrases : " La neige règne sans partage. Elle domine le paysage, elle écrase les montagnes. Les arbres s'inclinent, ploient vers le sol, courbent l'échine. Il n'y a que les grandes épinettes qui refusent de plier. Elles encaissent, droites et noires. Elles marquent la fin du village, le début de la forêt.
Près de ma fenêtre, des oiseaux vont et viennent, se querellent et picorent. de temps à autre, l'un d'eux observe la tranquillité de la maison d'un air inquiet.
Sur le cadre extérieur, une fine branche écorcée a été fixée à l'horizontale, en guise de baromètre. Si elle pointe vers le haut, le temps sera clair et sec ; si elle pointe vers le bas, il va neiger. Pour l'instant le temps est incertain, la branche est en plein milieu de sa trajectoire."



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Huit-clos entre la neige et deux hommes aux âmes écorchées. Trés bien écrit et contruit, une lecture prenante qui dit beaucoup des rapports humains et de la force de la nature
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Rescapé d'un terrible accident de voiture qui s'est produit tandis qu'il regagnait son village natal après dix ans d'absence, le narrateur du « Poids de la neige » se retrouve immobilisé, les jambes fracassées, dans ce village isolé, déstabilisé par une panne d'électricité générale. Les villageois le confient à la garde et aux soins d'un homme beaucoup plus âgé, Matthias, récemment arrivé là et qui a trouvé refuge dans l'annexe d'une grande demeure, à une heure de marche au-dessus du village. le vieillard réticent accepte en échange de rations de nourriture et d'une promesse de transport pour quitter le village, promesse chère à cet homme obsédé par la volonté de retrouver sa femme, dont il a perdu la trace après une apocalypse dont les signes apparaissent lentement et de manière feutrée.

Publié aux éditions de la Peuplade au Québec en 2017 et en janvier 2018 aux éditions de l'Observatoire, le deuxième roman du québécois Christian Guay-Poliquin prend la forme d'un huis clos immobile pour deux personnages solitaires, liés l'un à l'autre malgré eux dans cette maison prise dans un piège de neige et de glace. Matthias est un homme d'avant l'apocalypse : malgré son âge il semble infatigable et d'une agilité surprenante, il cuisine, fait son pain et parfois du fromage quand parfois il réussit à trouver du lait, il nettoie, répare, soigne le narrateur, lit beaucoup et évoque parfois l'effondrement du monde. le narrateur mutique tenaillé par la douleur observe les gestes quotidiens de son compagnon de naufrage, que la parole aide à résister, à survivre.
Faisant écho aux accents terribles et lumineux du « Station Eleven » d'Emily St. John Mandel ou du livre de Jean Hegland, « Dans la forêt », ce roman de survie centré sur les actes quotidiens réussit à captiver en distillant, en intensité basse, dans des gestes banals, les solidarités fluctuantes et les braises de la tension attisées par le désespoir et le poids de la neige.

« Avant la neige, tu ne voulais rien avaler et voilà que tu manges comme un goinfre. Comme un porc. Souvent, j'ai eu peur que la fièvre t'emporte. Mais tu t'en es sorti chaque fois. Tu es mon obstacle, mon contretemps. Et mon billet de retour. Tu as beau rester de glace, je sais que tu t'accroches désespérément à mes phrases. Tu supportes peut-être bien la douleur, mais tu crains la suite. Alors je te raconte des choses. N'importe quoi. Quelques éclats de souvenirs, de fantômes, de mensonges. Chaque fois ton visage s'éclaircit. Pas beaucoup, mais un peu. le soir, je te parle aussi de mes lectures. Longuement parfois, jusqu'à ce que l'aube chasse la nuit. Comme ce livre que je viens de terminer, où toutes les histoires s'enchâssent et se prolongent mille et une fois d'une nuit à l'autre. Je viens d'un autre monde, d'un autre temps, tu le sais, ça se voit. Plus d'une génération nous sépare et tout porte à croire que c'est toi le vieillard bourru, obstiné. Nous vivons tous les deux dans les ruines, seulement la parole ne me paralyse pas comme toi. C'est mon travail de survie, ma mécanique, mon désespoir lumineux. Tu cherches peut-être à te mesurer à moi ? Tu veux peut-être une course d'épaves ? Pourtant tu n'es pas de taille. Reste silencieux. Tais-toi davantage si tu le peux, ça m'est égal. Tu es à ma merci. »

La catastrophe n'est pas visible dans le paysage blanc, et l'isolement du village rend son ampleur insaisissable, mais les masses de neige, la rudesse de l'hiver et la prolongation interminable de la panne d'électricité font gonfler la menace d'un désastre indépassable. Pourtant, cette neige qui règne sans partage et piège les personnages, naufragés de la nature quand la technique fait défaut, crée une rare magie blanche, scrutée par un narrateur réduit par son accident à l'état contemplatif et dont le récit en chapitres courts évoque le journal de bord d'un naufragé.

« La neige et le vent ont cessé subitement, ce matin. Comme une bête qui, sans raison apparente, abandonne une proie pour en chasser une autre. le silence nous a surpris, dense et pesant, alors que nous avions encore l'impression que les rafales allaient arracher le toit et que nous serions aspirés dans le vide. »

La librairie Charybde (129 rue de Charenton, 75012 Paris) aura la joie d'accueillir Christian Guay-Poliquin le 24 septembre à partir de 19h30 pour évoquer ce roman de l'attente au charme très singulier, ainsi que son précédent roman « le fil des kilomètres ».

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog Charybde 27 ici :
https://charybde2.wordpress.com/2018/09/16/note-de-lecture-le-poids-de-la-neige-christian-guay-poliquin/
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Après un accident de voiture, le narrateur se retrouve alité dans un lieu inconnu, à l'orée d'un village privé d'électricité. C'est l'hiver, la neige recouvre tout, il fait froid et le voilà tributaire de Matthias, à qui les autorités du village l'ont confié...
S'engage un huis clos douloureux et angoissant, dans lequel chacun tente de surmonter ses peurs et sa solitude.

Cette histoire somme toute totalement dramatique révèle la beauté de l'hiver avec sa rudesse mais aussi sa lumière. La compassion, la solidarité, l'entraide y sont de mise, car il faut survivre, mais dès les premiers signes de dégel, les liens se disloquent peu à peu laissant place à l'égoïsme et la violence...

Le style est sobre et le récit suffisamment hypnotique pour faire tourner les pages à toute vitesse alors qu'en réalité il ne se passe rien...
L'atmosphère est oppressante, à chaque chapitre le lecteur s'attend à une catastrophe et la force de ce livre réside dans la prouesse du récit qui maintient la tension jusqu'à la fin.
Lecture rafraichissante en cette période de canicule.


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