Les yeux de Titus [le chien], on dirait de grosses billes noires. D'habitude, ces billes-là sont pleines d'amour. Tellement, tellement que, quand on les regarde, ça vous fait chaud partout. Mais là, elles débordaient de peur. Une peur affreuse. Ses yeux criaient : « Au secours ».
Je n'ai jamais vu des yeux hurler aussi fort.
Quand on a sa main dans celle d'un ami, les pires moments deviennent une fête.
Les pires cauchemars sont ceux qui se passent dans la réalité.
La terre, si on y réfléchit, ce n'est composé que de cadavres. Des milliards de millions de corps agglomérés. Une grosse boule de morts qui tourne dans l'univers. Ça, la maîtresse s'est bien gardée de nous le dire, au cours de géographie ! Ce qu'on apprend à l'école, finalement, ce n'est rien que des mensonges.
C'est beau, la liberté. C'est immense.
Une machine agricole se détache en ombre chinoise sur la lune.
Elle a vraiment une drôle d'allure : une mante religieuse en prière.
Ou un diplodocus.
Gogol l'imite et se fend la gueule.
En machine agricole il serait plutôt beau gosse.
Si Miquette était une charrue, elle en tomberait peut-être amoureuse.
Titus, mon chien d'avant, faisait la même tête quand il apercevait le facteur, et un jour il lui a bouffé le fond de son pantalon. Cette fois-là, maman l'a enfermé dans la cave (Titus, pas le facteur) et je suis allée dormir avec lui sur le tas de charbon, pour le consoler. Je vous dit pas l'état de mon pyjama, après !
J’ai regardé l’oiseau qui chantait dans l’arbre du parc. Un gris tout moche avec une voix géniale. Ça m’étonnait qu’un si petit corps produise des sons pareils. Les pianos, c’est grand, majestueux, leur musique leur ressemble. Mais ce piaf-là ! Ses notes étaient dix fois plus grosses que lui !
On n'est pas responsables de la météo de ses cauchemars...
Faudrait pas se réveiller, quand on fait de beaux rêves. Faudrait mourir sans s'en apercevoir.
Mais je sais qu'on ne meurt pas de cette façon, à onze ans. ça n'arrive qu'aux vieux. Ils ont de la chance, ceux-là, dans leur malheur.