Encore un grand prosateur du 20e siècle cette fois islandais, salué par ses pairs dans une sorte d'unanimité. Il me semble comme pour les irlandais, les anglais, que dans cette terre insulaire du nord avec la variété bucolique et pittoresque de ses paysages, la nature l'emporte et invite à la contemplation. En Islande, les hivers sont plus rudes et il est indispensable que tous les moutons rentrent au bercail au début de l'Avent, si on ne veut pas qu'ils soient ensevelis dans la neige et le froid. Les braves bêtes paissent en toute liberté dans les paturages bien verts de la belle saison, elles sont disséminées à des kilomètres à la ronde, mais l'hiver particulier du livre s'annonce rude, très rude. Même si les ovins ont l'instinct grégaire, un certain nombre s'égarent, chaque tête compte, et c'est là la préoccupation des bergers à chaque début d'hiver.
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Malgré les précautions que va prendre le berger qui se nomme Bénédikt accompagné de ses deux fidèles, le chien Léo, et le bélier Roc, il n'échappera pas à des précipitations inaccoutumées, et c'est le début de l'aventure ! Malgré l'expérience du berger et de ses compagnons, pour vaincre l'adversité, l'équipe va devoir trouver des forces insoupçonnées et une vigilance de tous les instants.
Une association peut s'établir entre ce récit et les textes bibliques si la fantaisie nous prend : ce n'est pas une parabole comme son titre le laisse présager et comme le pensent certains chroniqueurs. L'auteur cite la bible parfois, mais son dessein est vraiment inscrit dans une démarche personnelle d'artiste en prise avec les éléments. Il n'y a pas de recherche spirituelle. Il est impensable toutefois qu'il n'y ait pas une dimension métaphysique dans le parcours du berger qui est un être qui s'extasie devant la beauté de la nature dans laquelle il se replie, qui s'interroge sur le sens de l'existence .
Un destin commun donc forgé au fil des années anime les trois protagonistes du récit, ensemble par la force des choses, devenus inséparables, mais il ne faut pas croire que chacun à l'arrivée va donner sa version de l'aventure présente. Au mieux les traits de caractère vont se dessiner chemin faisant, sans allégorie.
John Calman Stefanson, grand écrivain islandais contemporain, résume ainsi l'histoire : "un homme parcourt les hautes terres désertes d'Islande en plein mois de décembre, avec son chien et un bélier, à la recherche de moutons égarés : surpris par la tempête, il parvient finalement à regagner les vallées habitées" . il ajoute que l'intrigue est rarement ce qui importe le plus : l'exécution est bien plus importante -une vérité simple qu'on a tendance à oublier.
Si l'intrigue est simple et résumable en 4 lignes, il n'est pas utile pour autant d'en dire la fin. Nous avons aujourd'hui près de nous
Sylvain Tesson qui commet des récits d'aventure et on a le sentiment qu'on serait bien en peine de cerner l'intrigue ..