J'ai l'impression que c'est une période en ce moment, mais j'ai encore un avis très mitigé !
La vie sauvage, c'est l'histoire d'un bébé qui a survécu à un crash aérien et qui a été recueilli par un homme au fin fond de l'Afrique. On apprend qu'il a eu très tôt les armes à la main, qu'il a donné la mort… et qu'il a beaucoup beaucoup lu, notamment de la poésie (oui, par certains côtés, ce roman se veut fable).
Il a à peine rencontré Septembre, l'amour de sa vie, qu'il est retrouvé par sa famille suite à une photo de reporter postée sur les réseaux sociaux. Charles doit alors quitter son « monde sauvage » pour la « civilisation » - mais il a un plan pour retrouver sa vraie vie…
L'auteur nous dépeint une société occidentale au vitriol : les ados dont l'univers tourne autour de Snapchat et d'Instagram et qui n'ont qu'un horizon bouché et misérable comme perspective, les adultes qui n'ont qu'une petite vie médiocre et insipide.
Charles, lui, est loin au-dessus de tout ça, il a un vrai grand destin et il est terriblement intelligent et attirant (il manipule trois adultes pour avoir des relations sexuelles avec elles). Il a tellement de haine pour les gens que le lecteur ne peut qu'avoir que du mal à l'apprécier.
Déjà, certaines invraisemblances m'ont fait tiquer, comme la culture de Charles. Pas forcément la culture littéraire, mais il a certaines réflexions qui révèlent une connaissance qu'il ne PEUT pas avoir, sans parler de la maturité.
Ensuite, la description de notre société est déprimante. Quasiment personne pour rattraper les autres, sauf à la fin, où Charles semble daigner voir quelque chose d'intéressant sous le vernis navrant de ses congénères. Alors certes, il y a des accents de vérité, mais il y a nombre de clichés et d'exagérations. Et vu ce que Charles critique, je trouve la fin carrément cocasse et même ironique
(ils sont bourrés d'argent et profitent de leur vie. C'est tout.)…
Enfin, et malgré la volonté de faire de ce roman une sorte de fable, ça ne fonctionne pas bien. le ton est trop sérieux, pour que les éléments irréalistes à l'extrême sonnent justes.
Pourtant, le message aurait être profond : montrer que «
la vie sauvage » n'est pas celle que l'on croit, que la violence cachée peut générer autant de mal qu'une guerre (tiens tiens, c'est une réflexion d'actualité). Mais les exagérations et le pessimisme desservent totalement ce propos et c'est bien dommage, car l'auteur a une très jolie plume.