J'ai lu très vite cette nouvelle bien construite, qui devrait constituer une préquelle à une future histoire plus développée sur le monde imaginaire inventé par Meryma, monde dont j'ai eu un aperçu dans une de ses nouvelles, Lucioles. La fantasy est un genre dans lequel je n'entre pas si souvent, mais qui m'est facile pour avoir fréquenté assidûment
le Seigneur des Anneaux de
Tolkien. Une histoire de dragons ne pouvait que me plaire...
Il s'agit toutefois de plus que cela : l'héroïne, Siobhan, perd brutalement toutes les conditions de sa vie familiale, pour avoir démontré son pouvoir élémentaliste, c'est-à-dire, en ce qui la concerne, un pouvoir lié au feu. Siobhan n'en avait pas même parlé à ses parents, et ses nouvelles capacités auraient pu passer inaperçues, dans le cadre de sa vie tranquille avec ses parents et son frère et de son travail à l'auberge de son oncle, s'il ne s'était pas produit un malheureux concours de circonstances. En effet, un Milicien, un des hommes qui imposent la loi de l'Empire et interdisent la manifestation de pouvoirs personnels (si ce n'est qu'eux-mêmes y ont droit, n'ayant que des pouvoirs physiques, tels la force, la vélocité...), a décidé de faire une demande en mariage à Siobhan, ce qui a plongé la jeune fille dans le désarroi et la colère. Cette dernière n'a donc pu retenir ses facultés : des flammes se sont élevées sur son corps, laissant des traces de brûlé sur le sol de leur maison, suite à quoi elle et ses parents ont été arrêtés et séparés.
La punition de Siobhan est immédiate : on lui appose dans la chair un artefact, une pierre qui s'enfonce dans son épaule, lui causant de vives douleurs lorsque ses pouvoirs veulent se manifester, et mettant à mal sa volonté et ses facultés mentales. Puis la jeune fille est vendue comme esclave, car tel est le sort des mages élémentalistes en Erhetylia ; un riche couple l'achète et la voilà qui part pour le Sud en carrosse, en compagnie d'autres esclaves. Ses maîtres sont plutôt respectueux et compréhensifs, du reste, son travail a pour elle un intérêt, et elle s'y adonne volontiers, tout en méditant sur ce qui a pu arriver à ses parents. Jusqu'à ce qu'elle découvre un oeuf de dragon, qui semble répondre à sa propre capacité de produire de la chaleur. Deux êtres se sont trouvés, et l'espoir donnera des ailes à Siobhan, peut-être future dragonnière, pour aller à la rencontre de son destin, et de l'aventure...
Le format de la longue nouvelle est ici utilisé au mieux : Meryma maîtrise une écriture à la fois appuyée comme au fusain, stylisée, et pleine de couleurs comme l'illustre la couverture. Ce monde est vivant, ça fuse, les personnages font des choix à cent à l'heure, nous entraînant dans leur sillage. Un personnage d'esclave, Alfryk, la retient de chuter en sortant du carrosse ? Cela pourrait être un allié, une promesse de romance, sait-on ? Ce sera en tout cas l'occasion bien exploitée de montrer ce qu'il arrive aux esclaves, ce qu'ils deviennent au bout d'un temps, et peut-être un déclic salvateur pour Siobhan. le récit est tendu et conserve toujours le fil directeur sans se perdre, avec une vision claire des informations à distiller goutte à goutte, pour notre plus grande curiosité.
Un seul regret : c'est trop court, et l'on reste sur la fin - et sur sa faim - en se posant à la fin de cette lecture beaucoup de questions sur cette magie élémentaliste, sur les débuts de l'histoire d'Erhetylia, sur la manière dont Siobhan pourra apprendre à maîtriser son pouvoir, sur ceux qui pourront l'aider, et bien sûr, les dragons, car mince ! Ça commence à peine... le vocabulaire est parfois un peu trop familier pour moi, mais je ne ferais pas la difficile sur un texte par ailleurs bien mené, bien écrit.