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Une lecture ancienne... mais qui m'avait passionnée et mieux fait comprendre le parcours tumultueux de cette célèbre avocate, engagée avec fougue contre toutes les injustices. Une enfance auprès d'une mère hostile... Un récit où le mythe de l'"amour maternel" vole en éclats...

Un texte autobiographique de la célèbre avocate... offrant le portrait d'une mère à la forte personnalité mais pas aimante... qui surtout... aurait voulu une fille soumise, dans un rôle féminin traditionnel... Parfois, il n'y a pas pire "machistes".et "ennemies des femmes", que les femmes elles-mêmes..

Heureusement, Gisèle Halimi, déjà enfant, avait un caractère "trempé"... et savait surtout ce qu'elle voulait : agir, être autonome, indépendante... et échapper à cette condition féminine réduite à une sorte "d'asservissement" , de silence !! ...et surtout et avant tout, se battre pour réduire, lutter contre toutes formes d' injustices...Son autre récit "Le lait de l'Oranger"... complète ce texte autobiographique...en rendant hommage à son père, adoré et tant regretté...
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Ce livre me contemplait depuis cinq ans au minimum, juché sur l'une des étagères de ma bibliothèque (offert par une amie à l'occasion d'un anniversaire, elle ne pouvait savoir combien j'étais troublée et terrifiée à l'idée de le lire).

En effet, compte-tenu du contexte et du sujet, je ne me sentais pas prête à le lire. Alors, pourquoi à présent ? Je dirai que je trouve seulement maintenant le courage d'affronter une pareille question.

Aujourd'hui, je referme la dernière page de ce livre en pensant que décidément cette grande Dame avait tous les courages.

Ceux que tout le monde, ou presque, connait, concernant ses combats en faveur des femmes. Cette féministe convaincue, cette socialiste dans l'âme sera de toutes les batailles. A commencer par la décolonisation et la défense de certains membres du FLN en Algérie, notamment, Djamila Boupacha en tant qu'avocate. Celle du droit à l'avortement avec l'adoption de la loi Veil, de la défense des femmes violées ; ses procès ultra-médiatisés la rendront célèbre.

Mais aussi, le courage de remettre en cause ce qui semble « acquis » pour tout le monde, à savoir, l'image de la mère et l'amour dont elle est censée fait preuve envers et contre tout, le fameux « instinct maternel ».

Ce sera une quête de reconnaissance qu'elle mènera toute sa vie et qui restera à jamais sans réponse.

Je me demande alors, dans quelle mesure les sentiments de rejet et d'abandon, voire de reniement, ont influencé la personnalité et les engagements de Gisèle Halimi ?

Il semble que ma question soit pertinente et même fondamentale puisque Wikipédia y répond de la manière suivante : « Fritna, aurait-été la source de toute la démarche de Gisèle et ceci afin que les femmes ne lui ressemblent pas ».

En fait, cette autobiographie ne comporte qu'une seule et même question : Pourquoi ma mère ne m'aimait-elle pas et ne m'avait-elle jamais aimée ? Tout le livre n'est que variations autour de ce thème. Comme autant de preuves qui viendraient étayer et confirmer sa théorie. Une quête sans fin du pourquoi et du comment.

Elle commence par sa naissance où elle nous conte la déception parentale qu'elle soit née « fille » dans une société, une période, un pays où le patriarcat n'est pas une vue de l'esprit et pèse plus qu'une pierre tombale.

Puis défile son enfance, la Tunisie, La Goulette, Tunis, la France, Nice, Marseille, Paris. Elle évoque ses origines juives (Séfarade pour sa mère, berbère pour son père), son éducation rigide, son rapport à sa soeur et à ses frères auxquels elles semblent subordonnées. Ses révoltes (grèves de la faim entre autre pour l'égalité avec ses frères et le droit aux études).

Elle évoque aussi le rapport de sa mère avec sa soeur ; avec ses frères vers lesquels vont toutes les préférences. Elle endure cela comme autant d'insultes à sa personne et les remarques et réprimandes comme autant de blessures personnelles. Mais surtout elle souffre de ne pas « exister » aux yeux de Fortunée quoiqu'elle fasse. (Ces yeux noirs de jais, si vivants qui viraient au gris glacé lorsqu'il s'agissait de ses filles).

On peut se demander quelle est la part « d'interprétation » dans ce tableau. Fritna n'était-elle tout simplement pas démonstrative ? pas « tactile » dirait-on aujourd'hui ? Mais finalement, peu importe, c'est ce qu'il en résulte qui compte. Et le résultat c'est que Gisèle se sentait rejetée. Ça conditionne une vie ça !!!

D'aucuns diront que la petite Gisèle était un peu « parano » ou qu'elle se faisait des films ? Qu'il est (probablement) impossible qu'une mère n'aime pas sa fille. L'amour maternel est un sentiment inné, viscéral. Enfin, le sujet est « tabou » en quelque sorte. Beaucoup ne comprenne même pas cette question.

A ceci près que la soeur de Gisèle a ressenti la même chose au point que non seulement elle s'enfuira de la maison mais elle ne se rendra pas non plus à l'enterrement de sa mère malgré les années qui seront passées. Et c'est là que je note la résilience de Gisèle.

Enfin, s'il fallait trouver sinon des excuses mais au moins une explication à un tel comportement, je dirais qu'il faudrait remonter bien en amont de cette histoire et déduire que Fritna aura peut-être souffert elle-même d'un manque d'amour de la part de sa propre mère (sans qu'elle ne se pose la question) et qu'elle n'aura fait que reproduire involontairement le schéma avec ses filles (notez bien, avec ses filles et pas les garçons). Car enfin (et cela je le tire de ma propre expérience) les parents jusqu'à une époque pas si lointaine étaient là pour se faire respecter et non pas aimer et se faire aimer.

Il ne faut pas perdre de vue qu'à l'époque et jusqu'en 68 environ et même bien au-delà, une femme était dépendante toute sa vie (mineure en quelque sorte), de ses parents d'abord, puis de son mari et de ses fils en cas de décès du mari. Soumise à la tutelle d'un homme, toujours, jusqu'à sa mort. Gisèle aura passé sa vie à s'en affranchir. Ce fut son crédo, sa raison de vivre.

Un mot, quand même, de son père, qu'elle a révéré, admiré et qui l'aimait pour deux et même plus. Mais ça n'a pas suffi. Il s'en est allé trop tôt et le non-amour maternel prenait tellement de place… un océan impossible à combler.

Il y avait donc deux solutions : soit l'enfant perdait confiance et estime de soi et passait sa vie à s'excuser d'exister, trainant son insatisfaction de lui comme un boulet ; soit il avait un caractère suffisamment déterminé pour passer outre, se nourrir de révolte, cultiver sa différence et s'affirmer malgré tout (même si la blessure perdurait néanmoins au fond de lui).

Alors, pourquoi ce livre m'a particulièrement touchée ? Pourquoi je me noie dans cette non-réponse ?

D'une part parce que je voulais mieux connaitre la femme que j'admirais, la comprendre au travers de sa vie, une partie de sa vie, la première, son enfance. Comprendre ce qui pouvait sous-tendre ses actions, ses engagements, ce qui avait pu forger cette détermination. Et cette petite fille là m'a profondément émue.

Mais aussi parce que d'une part, le lieu (la Tunisie – où j'ai vécu aussi) m'a renvoyé à ma terre d'origine (La Corse) où les familles, méditerranéennes même de confessions religieuses différentes, vivaient sur cette même base d'un patriarcat ancré profondément sans remise en cause possible. Et le sujet, d'autre part, a une résonance particulière pour moi. Ses propres questionnements me renvoient aux miens auxquels je n'ai pas eu de réponse moi non plus (j'arrête-là la séance « psy », ça n'est pas le sujet).

En tout cas, quel que soit votre motivation pour cette lecture, je pense qu'elle est nécessaire, si ce n'est essentielle à la compréhension du personnage, de son évolution, de ses actions et de ses engagements.
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Livre d'émotion mais aussi de violence où le mythe de l'amour maternel vole en éclats et où, malgré les substituts, se construit une personnalité en révolte contre l'injustice.
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Cette lecture me laisse vraiment perplexe. J'ai l'impression, assez désagréable, d'être passée à côté de ce que Gisèle Halimi voulait partager avec son lecteur.

Car il est vrai que Fritna, sa mère, était distante, trop distante. Gisèle Halimi a beaucoup souffert de ce qu'elle appelle le non amour de sa mère. Pour ma part, je pense que sa mère l'a aimée, à sa façon, certes fort peu démonstrative. J'ai la sensation qu'elles sont passées à côté l'une de l'autre, ne sachant pas se comprendre.

C'est étrange de voir comme l'amour est si proche de la haine parfois. Dans son récit, Gisèle Halimi ressent vivement les deux (en cela le récit de la mort et de l'enterrement de sa mère est poignant).

Elle y laisse également libre cours à son amertume : envers Fritna - cette figure maternelle vacillante, envers la médecine ("De toute manière je n'aime pas les médecins. Non pas à cause de leur ignorance ou de leurs erreurs, nous sommes sans grande illusion."), envers les fonctionnaires parfois, envers les hommes bien-sûr. Je la trouve en cela très excessive et manichéenne. D'ailleurs ses fils, dont elle dépeint à maintes reprises les liens les unissant à Fritna et à elle-même, le lui reprochent assez, à leur manière.

A l'instar de l'auteur, la question qui m'a taraudé tout le long de ma lecture reste sans réponse au final, seule la question change : quand l'amour n'est pas démontré physiquement et verbalement, est-ce que cela signifie qu'il n'y a pas d'amour?
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Depuis toute petite fille, Gisèle Halimi ne s'est jamais sentie aimée par sa mère,Fritna,juive orthodoxe, fille de rabbin. D'après elle,ses frères ont eu l'admiration et la tendresse maternelle mais ni elle ni sa soeur.
Ce livre est un témoignage poignant de la recherche de l'amour maternel,des tentatives pour analyser, comprendre, surmonter le manque. Quand on connaît un peu les combats de Gisèle Halimi pour les droits des femmes et ses prises de position anti colonialistes,on peut dire que sa vie aura été une sublimation réussie de cette blessure originelle.
Alors qu'elle est l'image même d'une femme forte et intègre c'est de la petite fille dont nous entendons ici les cris de détresse ,de souffrance,la dénonciation de cette injustice primaire,(ne pas recevoir l'amour et le soutien de sa mère quand on est née fille, et donc n'avoir aucun modèle pour se vivre femme,).
L'analyse est précise et sans concession.
Je regrette seulement que dans ce livre elle effleure à peine ses relations ( sans problème,dit elle) avec les hommes , car je reste un peu perplexe à ce sujet.
J'ai beaucoup aimé ce livre ambivalent et je pense en lire d'autres de cette femme marquante.
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La mère assume la valeur d'un archétype. Elle est la première forme que prend pour l'individu l'expérience de l'inconscient, en présentant deux aspects l'un constructif, l'autre destructeur en raison de la crainte qu'inspire la mère, sous sa domination inconsciente. La prédation vorace qui met l'enfant en face du caractère contradictoire de sa mère, et son désir d'être choyé. Loin de ses rêves de petite fille, face à cette mère qui a tant fait souffrir Gisèle Halimi, il se peut bien que Fritna, enfermée dans sa propre ignorance affective, ait construite bien malgré elle, la base solide de la grande avocate militante pour la cause des femmes. Une éclatante victoire sans l'amour maternel.
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Toute sa vie durant, Gisèle Halimi s'est toujours demandé pourquoi sa mère, Fortunée, alias Fritna, ne l'aimait pas et ne lui avait jamais témoigné de signes de tendresse. Heureusement qu'il y avait Edouard, son père qui, lui, était très affectueux avec ses deux filles, Gisèle et Gaby... Malgré ce manque d'amour maternel, Gisèle est devenue avocate pour défendre becs et ongles la cause des femmes, des opprimés.
Récit auto-biographique très émouvant.
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Une belle et triste histoire
pourquoi ma mère ne m'a jamais aimée ?
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Une femme raconte son enfance, l'espoir d'une petite fille d'être aimée par sa mère. Elle-même mère aujourd'hui, alors que sa mère est sur le point de mourir, elle essaye de comprendre pourquoi sa mère ne l'a jamais aimée.
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Un texte autobiographique de la célèbre avocate. Une enfance auprès d'une mère (juive espagnole) hostile et non aimante. Un récit où le mythe de l'amour maternel vole en éclats quand une mère veut une fille soumise, dans un rôle féminin traditionnel. L'époque importe peu.
Au final, la question qui me reste à la lecture de ce témoignage, de celui d'autres auteur(e)s et de moi-même, jamais élucidée : quand l'amour n'est pas démontré par un parent, physiquement et verbalement, est-ce que cela signifie qu'il n'y a pas d'amour ? Ou faut-il se référer à la culture qui rend bien service à l'esprit obtus des parents en question ?


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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