On ne présente plus
Gisèle Halimi, avocate, militante féministe tunisienne, naturalisée française. Née de parents juifs pauvres, elle est élevée dans la tradition rigide et misogyne de cette époque : l'homme a tous les pouvoirs. Naître fille est déjà une infamie ! Au sein de la famille, elle manifeste sa rébellion contre les discriminations infligées aux filles ; opposée au régime de faveur dont bénéficient les garçons, ses frères, à qui eux seuls, l'éducation scolaire est proposée. La seule perspective d'émancipation pour les filles, étant le mariage à 16 ans. Sauf qu'elle est beaucoup plus douée et déterminée pour les études que son frère ainé. Ses parents cèdent. Elle réussit à venir à Paris pour étudier le droit. À 19 ans, en 1946, elle est confrontée à ce choix extrême : avorter ou non. C'est peut-être l'élément déclencheur de son combat pour les femmes !
Engagée politique, elle plaide pour la défense des militants du MNA (mouvement national algérien), torturés par les militaires français en Algérie, et préside une commission d'enquête sur les crimes de guerres américains au Viêt Nam. En 1971 elle est signataire du Manifeste des 343 (salopes), celles qui déclarent avoir avorté et réclament le libre accès aux moyens anticonceptionnels et à l'avortement. Aux côtés de Simone de Beauvoir, en 1971 elle fonde le mouvement féministe Choisir et milite en faveur de la dépénalisation de l'avortement. Au procès de Bobigny en 1972 dont le retentissement fut considérable en France et certainement au-delà des frontières, elle défend Marie-Claire, une mineure qui s'était fait avorter après un viol, sa mère, les autres femmes complices et la « faiseuse-d'anges » (Marie-Claire fut relaxée). Ce procès fut surtout celui de la loi de 1920 et a ainsi contribué à l'évolution vers la loi Veil de 1975 sur l'IVG. Élue à l'Assemblée nationale de 1981 à 1984, elle constate avec amertume que ses projets n'avancent pas autant qu'elle le souhaiterait, elle dénonce un bastion de la misogynie, et se déclare déçue devant un Mitterrand qu'elle juge machiavélique.
Ce livre est avant tout un réquisitoire contre la domination culturelle des hommes dans la société et l'exposé du combat des femmes qui luttent pour faire reconnaitre enfin leur identité et acquérir leur indépendance sociale. A lire, relire et faire lire !!
Adieu Madame. Grâce à vous, tant de causes ont avancé et de combats gagnés. Respect.
Lien :
https://www.babelio.com/conf..