Elles sont enfermées dans la maison des femmes, une bâtisse sombre entourée de grands murs qui isolent les femmes du monde. Seule la cour intérieure leur permet de respirer un peu car les chambres n'ont pas de fenêtres.
Qui a décidé de les enfermer là ? Leurs proches...leur père, oncle, frère, cousin ou mari qui ont tous les pouvoirs.
Pourquoi ont-elles été enfermées là ? Parce qu'elles ont "fauté", "trahi" ou qu'on a supposé que...ou qu'on les a accusé de... ou que la rumeur a dit que...
Sont-elles enfermées à clé ? Non si elles le voulaient elles pourraient sortir mais le poids de la société est tel qu'aucune n'y songe.
Elles attendent dans le désespoir la visite de leur mari, frère, oncle, cousin, père venu lever la sentence et leur permettre de rentrer enfin chez elle.
Mais avant il leur faudra avouer, même ce qu'elles n'ont pas commis.
Là, dans cette sorte de prison, vivent une mère et sa petite fille de 7 ans.
La petite est née et a grandi ici sans rien comprendre à sa situation.
Elle apprend peu à peu l'histoire de ces femmes qui l'entourent et qui l'étouffent tant elles sont en manque d'amour.
Mais peu à peu la mère s'éloigne d'elle. Elle grandit sans l'amour de celle qu'elle adore, sans tendresse au point de ne plus vouloir qu'on la touche et aborde l'adolescence en reniant ce corps qui change et qu'elle ne peut accepter de voir.
C'est maintenant un besoin irrépressible de liberté qui l'anime et parfois un désespoir sans fond qui la pousse ensuite à la rébellion.
C'est un roman tout en ambiance et en silence qui se lit très vite. L'écriture est très poétique, parfois lyrique et souvent très imagée. Il n'y a aucun dialogue mais le lecteur les imagine tous.
L'histoire est intéressante et nous dévoile un pan de la condition féminine d'un pays inconnu, et qui ne sera pas nommé, où les hommes sont les seuls juges parce que la société n'est faite que pour eux....
Mais le roman dénonce aussi le poids de la complicité active des autres femmes, empêchant une quelconque rébellion.
C'est un très beau roman que j'ai lu avec plaisir sans me forcer...habituellement, d'ailleurs j'adore les textes publiés chez Actes Sud.
Mais j'ai le sentiment d'avoir survolé l'histoire, d'être passée à côté de quelque chose : je ne suis pas entrée émotionnellement dans l'histoire et je suis trop souvent restée sur le bord de la route en observatrice de ces femmes qui souffrent et qui ne peuvent pas se révolter tant elles sont sous l'emprise psychologique de leurs bourreaux.
Pour en savoir plus...
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