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3,6

sur 93 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est une maison à l'écart de la ville, une maison en pierre, sombre, avec une salle d'eau, une cour intérieure, une pièce commune et des chambres sans fenêtres. Ici ne vivent que des femmes. Amenées par un mari, un frère, un cousin, un homme qui a jugé qu'elles n'étaient plus dignes de partager la vie familiale. Réelles pécheresses ou victimes de la rumeur, elles vivent dans l'attente du pardon et d'un possible retour auprès de leurs maris. Une enfant a grandi dans cette maison, parmi les répudiées. Elle aussi attend. Même si la Mère ne fait jamais partie de celles qu'on vient chercher, même si après quinze longues années de réclusion, l'espoir est mince. le Père, un jour viendra. Et s'il ne vient pas, c'est elle qui ira, chercher son amour et sa protection dans la riche maison où il vit entouré d'une famille qui a chassé la Mère, mais qui est aussi sa famille et ne pourra rien faire contre les liens du sang et de l'amour.


Cela commence dans un huis-clos étouffant. La fille entourée, oppressée par des femmes cloîtrées, rêve évidemment de liberté. D'ailleurs, la porte de la maison n'est pas fermée à clé. ''Il suffirait d'un pas'' dit-elle à la Mère, à la fois suppliante et résignée. Car plus sûrement qu'un verrou, c'est le poids de la tradition qui pèse sur la porte qui les tient éloignées de la vie. Intimité forcée, promiscuité, les femmes meurent à petit feu...mais se réconfortent aussi, se soutiennent. Seule la fille est solitaire. La Mère s'en est éloignée à mesure qu'elle grandissait, pour lui donner une leçon de vie, lui apprendre la froideur et le rejet du monde extérieur. le grand absent est évidemment le Père, celui qui les a conduites ici, pressé par sa famille. Il n'est qu'une ombre menaçante alors qu'on la voudrait protectrice.
Difficile de s'immerger dans ce monde décrit avec une certaine distance. Kaoutar HARCHI n'a voulu nommer ni le pays, ni la ville, ni les femmes. On pourrait être tenté de situer l'action dans un pays d'Afrique du Nord (l'auteure est d'origine marocaine) mais plus largement cet endroit où l'homme est tout-puissant et soumet la femme pourrait être n'importe où dans le monde. La femme oppressée, bafouée, répudiée, la femme accusée des pires maux, la femme qui n'a droit ni à la parole ni à la justice, la femme qui porte le péché en elle...La société faite par et pour les hommes, la société qui juge, qui rejette, qui ostracise...C'est la condition féminine qui est décrite ici dans la métaphore de cet enfermement qui est le carcan où les femmes sont confinées quand on a peur de leur éventuel pouvoir.
Une belle écriture, qui va du concis au lyrique, de l'incisif au poétique, mais qui peut émouvoir ou laisser complètement sur le bord de la route le lecteur, selon sa sensibilité.
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Être une femme, même au XXI siècle, relève du challenge militaire. Et pourtant, nous les femmes sommes devenues des piliers de la vie économique, nous gouvernons parfois, nous élevons des enfants tout en assumant notre indépendance à la fois affective et financière, bref, nous aspirons toutes à mener une vie épanouie sur le plan émotionnel et professionnel. Et pourtant, bien trop restent des épouses, des mères, des femmes-objets dont on use et abuse sans vergogne, qu'on juge pour le moindre travers, qu'on traque et épie à l'affût de la plus petite faiblesse.

Notre héroïne elle, n'a pas eu la chance de certaines. Née dans une maison de femmes, ou devrais-je dire une prison de femmes au vu et au su de tous, elle côtoie depuis sa naissance ce harem de femmes, d'épouses répudiées, jugées, trahies que leurs maris, leurs frères ou pères ont envoyé au bagne, cloisonnées derrière 4 murs d'une maison de correction et d'élévation morale. Elles ont jeté l'opprobre, la honte et le déshonneur sur leur famille, elles doivent en payer les conséquences. On les condamne et pour certaines, on les récupère, espérant que l'enfermement leur aura inculqué le repenti nécessaire. Notre héroïne déteste ces femmes qu'elle juge elle-aussi. Elle n'a rien demandé. La faute à sa mère qui a péché sans savoir pourquoi. Enfermée malgré elle, le regard toujours braqué vers l'extérieur, notre jeune femme attend le jour où enfin, ses pas la porteront vers un ailleurs, une vie remplie d'amour et de tendresse, princesse fière et hautaine. Quand sa mère meurt, la jeune fille partira à la rencontre de son père, cet homme dont elle ne sait pratiquement rien. La vie réelle aura-t-elle la saveur de la vie rêvée ?

Bien qu'il traite d'un sujet grave (la condition des femmes) qui généralement me touche (en bonne féministe littéraire), A l'origine notre père obscur n'a pas su me conquérir. Quel dommage ! Je suis restée presque indifférente au style de Kaoutar Harchi et par conséquent, à son récit. J'ai éprouvé pour son héroïne une antipathie quasi instinctive, proche du réflexe pavlovien. Et pourtant, c'est un roman fort porté par une belle plume. On sent le travail d'écriture léché de Kaoutar Harchi, son envie de décrire parfaitement le désarroi de l'enfermement et la quête des origines. Mais qu'y puis-je ? Et croyez-moi je culpabilise d'être passée complètement à côté de ce roman quand tant d'autres m'ont transportée (Bilqiss de Saphia Azzeddine est un pour bijou). Je ne déconseille pas ce roman bien au contraire car je suis intimement convaincue de ses qualités. Il est juste question ici de ressenti et de pure subjectivité. Faites-vous votre avis.
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On ne sait où se déroule cette histoire, ni quand... On ne voit que cette jeune fille qui narre sa vie, cloîtrée dans une maison où on enferme les femmes accusées d'avoir fauté. de cet enfermement naît une relation au monde, aux hommes, mais aussi avec sa Mère, qui se détache d'elle doucement. La jeune fille traduit alors la souffrance de l'absence...
Kaoutar Harchi dépeint avec délicatesse et force la vie de ces femmes, meutries et anéanties, effacées du monde et des mémoires. Sans jamais tombée dans la tragédie, cette auteur a une manière poétique de parler de ce drame.
Un roman a découvrir...
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La narratrice, une jeune femme dont on ne connait pas le nom, a grandit dans l'antre des femmes. Un lieu clos de murs fermé par de lourdes portes de bois. Un endroit où on suffoque, où on peine à respirer. On y geint, on y crie son désespoir, on s'y tait aussi par épuisement. Les femmes qui vivent dans cette maison n'y sont pas venues de leur plein gré, on les a envoyées de force, avec violence et méchanceté, au nom de traditions religieuses et patriarcales. Elles ont fauté (la plupart du temps il ne s'agit que de suppositions, rarement de faits réels), on les punit, on les condamne. On les met à l'écart du monde, on les emprisonne, on les laisse ainsi à leur sort, avec leur chagrin. Durant des mois, des années, ces femmes-là ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Elles n'avancent plus, leur vie est arrêtée, seule une lueur d'espoir vacille encore en elles : que leur maître, leur mari, revienne les chercher.
La jeune femme est ici avec sa mère. Elle a toujours vécue auprès d'elle, elle ne connaît rien d'autre. Les jours défilent parfaitement identiques. Les femmes hurlent, pleurent, se lamentent. Elle entend leurs voix qui s'élèvent, elle écoute leurs confidences. Sa mère qui est un peu la mère de toutes ces femmes est pour elle si distante, si indifférente. Comme les autres, elle attend son mari, sa délivrance. Sa fille semble transparente à ses yeux.
Toute son enfance, elle a espéré un geste, un signe, un regard. Rien.
Alors quand la mère disparaît, que le lien se rompt définitivement, la jeune femme se met en quête de celui dont elle a tant entendu parler, son père. Elle ose franchir la porte de leur prison. Elle s'échappe, inspire l'air du dehors, fuit loin de la maison qui l'a abritée pendant des années du monde extérieur. Elle part sur les traces de son père. Sans haine, sans reproche ni demande, elle veut juste rencontrer son père, le voir, le sentir, le toucher, lui sourire, lui dire... Mais quel accueil va-t-elle avoir dans l'antre du père ?
Un roman poignant, qui prend à la gorge. Une tension soutenue jusqu'au dernier mot. Une atmosphère très (peut-être trop) oppressante. Et puis, une vague lumière dans l'obscurité.
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Elles sont enfermées dans la maison des femmes, une bâtisse sombre entourée de grands murs qui isolent les femmes du monde. Seule la cour intérieure leur permet de respirer un peu car les chambres n'ont pas de fenêtres.
Qui a décidé de les enfermer là ? Leurs proches...leur père, oncle, frère, cousin ou mari qui ont tous les pouvoirs.
Pourquoi ont-elles été enfermées là ? Parce qu'elles ont "fauté", "trahi" ou qu'on a supposé que...ou qu'on les a accusé de... ou que la rumeur a dit que...
Sont-elles enfermées à clé ? Non si elles le voulaient elles pourraient sortir mais le poids de la société est tel qu'aucune n'y songe.
Elles attendent dans le désespoir la visite de leur mari, frère, oncle, cousin, père venu lever la sentence et leur permettre de rentrer enfin chez elle.
Mais avant il leur faudra avouer, même ce qu'elles n'ont pas commis.
Là, dans cette sorte de prison, vivent une mère et sa petite fille de 7 ans.
La petite est née et a grandi ici sans rien comprendre à sa situation.
Elle apprend peu à peu l'histoire de ces femmes qui l'entourent et qui l'étouffent tant elles sont en manque d'amour.
Mais peu à peu la mère s'éloigne d'elle. Elle grandit sans l'amour de celle qu'elle adore, sans tendresse au point de ne plus vouloir qu'on la touche et aborde l'adolescence en reniant ce corps qui change et qu'elle ne peut accepter de voir.
C'est maintenant un besoin irrépressible de liberté qui l'anime et parfois un désespoir sans fond qui la pousse ensuite à la rébellion.

C'est un roman tout en ambiance et en silence qui se lit très vite. L'écriture est très poétique, parfois lyrique et souvent très imagée. Il n'y a aucun dialogue mais le lecteur les imagine tous.
L'histoire est intéressante et nous dévoile un pan de la condition féminine d'un pays inconnu, et qui ne sera pas nommé, où les hommes sont les seuls juges parce que la société n'est faite que pour eux....
Mais le roman dénonce aussi le poids de la complicité active des autres femmes, empêchant une quelconque rébellion.
C'est un très beau roman que j'ai lu avec plaisir sans me forcer...habituellement, d'ailleurs j'adore les textes publiés chez Actes Sud.
Mais j'ai le sentiment d'avoir survolé l'histoire, d'être passée à côté de quelque chose : je ne suis pas entrée émotionnellement dans l'histoire et je suis trop souvent restée sur le bord de la route en observatrice de ces femmes qui souffrent et qui ne peuvent pas se révolter tant elles sont sous l'emprise psychologique de leurs bourreaux.

Pour en savoir plus...

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Depuis toujours, elle est enfermée dans cette maison ; depuis si longtemps qu'elle ne se souvient pas d'avoir vécu ailleurs. Sans doute est-elle née là........Elle partage cet endroit avec sa mère et d'autres femmes : toutes y ont été recluses parcequ'elles avaient "fauté", parcequ'elles avaient osé enfreindre les règles religieuses ou patriarcales, parcequ'elles avaient sali l'honneur d'une famille. Souvent il ne s'agit du reste que de rumeurs. Seule enfant au milieu de toutes ces femmes, elle a le droit de monter sur la terrasse, de regarder à l'extérieur ; elle a aussi le droit de franchir le portail de la cour et de franchir les quelques mètres qui la sépare du cimetière ou de regarder jouer les enfants du quartier. Elle n'a que sa mère dans cette prison, mais sa mère l'ignore, toute entière à sa souffrance d'avoir été séparée de l'homme qu'elle aimait et qu'elle aime toujours. Sa mère lui parle peu, mais elle parle aux autres femmes, alors elle se cache, écoute, et peu à peu découvre son histoire. Alors après avoir attendu toutes ces années que quelqu'un vienne la chercher, après que sa génitrice soit morte de chagrin, elle va prendre le contrôle de sa vie et partir à la rencontre de ce père qu'elle ne connaît pas.
L'auteure n'a situé son récit ni dans le temps, ni géographiquement. Elle n'a pas non plus donné de noms à ses personnages : ce sont simplement : elle, la Mère, le Père, les femmes......Comme si c'était la même histoire qui pouvait se répéter à l'infini avec une multitude de personnages, tous différents, mais à la fois tous semblables parcequ'emprisonnés par les mêmes lois, les mêmes traditions. On s'aperçoit du reste au cours du récit que si les femmes sont les victimes, ce ne sont pas forcément les hommes les bourreaux, mais bien les matriarches, gardiennes de ces traditions. Kaoutar Harchi nous plonge avec adresse dans cette ambiance moite, renfermée, oppressante, elle nous fait ressentir le désespoir de ces femmes, leur attente, la folie qui les guette. Elle nous montre la jeune narratrice s'affranchir peu à peu de son lien avec sa mère, puis de l'influence de son père et de sa famille et enfin du carcan de la tradition.
Le récit est composé de courts chapitres, chacun commençant par une citation de la Bible. le style de l'auteure est haché, parfois poétique, parfois lyrique, ses phrases claquent, tantôt longues, tantôt courtes : pas de fioritures. Un récit fort, puissant. Un très beau roman.
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Dans une maison qu'on ne situe pas géographiquement, vit une jeune fille entourée de femmes. Elle n'a pas le souvenir d'avoir vécu ailleurs. Un jour son père l'a déposée là, avec sa mère, parce que cette dernière avait soi-disant "fauté". La jeune fille nous raconte son quotidien, les relations distantes qu'elle entretient avec sa mère, dans cette prison de l'attente. Certaines femmes finissent par partir après avoir "purgé leur peine" mais la mère et la jeune fille croupissent là depuis des années. La mère finit par mourir de chagrin. La jeune fille, qui rêvait secrètement de rencontrer son père, quitte alors la maison des femmes pour rejoindre celle de son père...
Ce qui frappe d'emblée dans ce roman, c'est l'écriture. Des phrases courtes, une atmosphère oppressante, à l'image de cette prison sans barreaux. Les femmes obéissent sans broncher, écrasées sous le poids des traditions. Kaoutar Harchi rend fort bien cette société patriarcale profondément injuste à l'égard des femmes. La seconde partie du roman s'apparente à une tragédie grecque, l'écriture devient alors plus lyrique.
Ce n'est pas un livre dans lequel on s'installe confortablement pour passer un bon moment. Il est difficile de s'attacher aux personnages, de se projeter en eux. En tout cas, je n'ai pas réussi à le faire, d'où une petite frustration en ce qui me concerne. J'aurais aimé voir la narratrice prendre son destin en main plutôt que de s'accrocher à un père qui a fait preuve de tant de lâcheté. Je suis dure à l'égard de cet homme, j'en suis consciente. Avait-il la possibilité d'agir autrement ? Sans doute pas.
Une lecture un peu frustrante mais j'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure.
Lien : http://www.sylire.com/articl..
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Ce texte est formé de deux parties, celle qui se passe dans la maison des femmes puis dans la maison du père. le récit est conté par une jeune femme par sa voix mais aussi par les pages des carnets tenus par les femmes de la maison. Ces femmes sont réunies pour des raisons qui restent voilés. La jeune femme parle du père, père qu'elle ne connait pas, et de la mère avec laquelle elle entretient une relation particulière. Chaque début de chapitre est marqué par une phrase de la genèse sur l'homme et la femme. L'écriture est très forte et belle, violente, sombre aussi, et résonne comme une tragédie antique. Un texte sur les traditions, la famille qui sonne comme universelle grâce à l'absence de noms des personnages et l'absence de noms de lieux.
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Une histoire de femmes opprimées qui oscille entre le touchant et l'agaçant par son écriture emphatique qui n'est pas sans rappeler une certaine Assia Djebar...
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J'ai aimé le fait qu'on est aucune indication sur le pays, l'époque où se déroule cette histoire. Les seuls repères que nous avons sont le déroulement de l'histoire.....Très intéressant et on se rebelle contre ces conditions machistes et injustes basées sur la jalousie, la méchanceté.
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