Mon grand-père, Eoin Gallagher (…), aimait surtout les histoires, et il m'a transmis cette passion, car c'est à travers les contes et les légendes que nous maintenons en vie nos ancêtres, notre culture et notre passé. Nous transformons les souvenirs en récits, sans quoi nous les perdons. Quand les histoires s'en vont, les gens disparaissent aussi.
Il existe en Irlande deux catégories d'individus : les fermiers à famille nombreuse et les adultes célibataires. L'émigration étant une des rares options viables pour trouver du travail, les hommes et les femmes qui ne veulent pas quitter l'Irlande se marient de plus en plus tard : la peur de ne pas pouvoir nourrir une famille retient les hommes de s'engager pour plus que leur propre survie, et dissuade les femmes d'accueillir un homme dans leur lit.
« Aucune frégate ne vaut un livre pour nous emmener à l'autre bout du monde. »
Emily Dickinson
Eoin n'est jamais revenu à Dromahair. C'est rare qu'ils reviennent. Il y a même un nom pour ça, tu sais. Ça s'appelle un au revoir irlandais.
A quoi ressemblera le monde dans quatre-vingts ans ? (...)
- Mais les gens lisent encore ?
- Oui. Heureusement. Ils lisent encore des livres.
J'étais une menteuse formidable. Pas parce que j'aimais mentir, mais parce que mon cerveau était capable de concevoir instantanément toutes sortes de coups de théâtre et de retournements de situation, et que chaque mensonge devenait une autre version possible de l'histoire. Je n'en tirais aucune vanité, c'était simplement un des risques de mon métier [écrivain].
Depuis l'époque de Cromwell, nous sommes sous la botte anglaise, et pourtant nous sommes encore irlandais. Notre langue était interdite, et pourtant nous la parlons. Notre religion était écrasée partout, et pourtant nous la pratiquons. Quand le reste du monde s'est transformé, a renoncé au catholicisme au profit d'une nouvelle école de pensée et de science, nous avons persisté. Pourquoi ? Parce que si nous avions cédé, cela aurait voulu dire que les Anglais avaient gagné.
J'ai lu quelque part qu'on ne sait jamais qui l'on est vraiment tant qu'on ne sait pas ce qu'on aime le plus.
Quelque chose a changé en Irlande vers le tournant du siècle. Il s'est produit une sorte de renouveau culturel. Nous chantions les vieilles chansons et nous écoutions les vieilles histoires, mais elles nous étaient enseignées avec une intensité nouvelle...Nous éprouvions de la fierté et même du respect pour ce que nous étions, ce à quoi nous pouvions aspirer et ceux dont nous descendions. On m'a appris à aimer l'Irlande.
Il y a des chemins qui vous brisent inévitablement le cœur, des actes qui vous dérobent votre âme ; vous errez alors à sa recherche, pour tâcher de retrouver ce que vous avez perdu.