Citations sur D. (33)
"Le secret n'existe pas - pas vraiment, plus dans le monde d'aujourd'hui, plus avec la photographie, le télégraphe, le chemin de fer et la presse. Le temps du cercle restreint de personnes réfléchissant pareillement et communiquant à la plume d'oie par voie de parchemin a disparu. Tôt ou tard, la plupart des choses finissent par être rendues publiques." (p. 222)
-Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit dans mon automobile, colonel Piquart ? Je vous ai dit que je ne voulais pas d'une autre affaire Dreyfus.
-Il ne s'agit pas d'une nouvelle affaire Dreyfus, mon général. C'est toujours la même.
...quand on ne peut plus être spontané dans l’intimité, la vie sociale devient une imposture et un effort.
Dix minutes plus tôt, Dreyfus ne me paraissait pas plus suspect que n'importe qui d'autre. Mais le pouvoir de la suggestion est insidieux. Alors que le colonel et moi remontions les couloirs du ministère, mon imagination s'emballa -la famille de Dreyfus restée en Allemagne, la personnalité solitaire de Dreyfus, son intelligence, son arrogance, son ambition à vouloir entrer à l'état-major et la façon dont il cultivait ses relations avec les officiers supérieurs- à tel point que, lorsque nous arrivâmes au cabinet du général Gonse, je m'étais déjà convaincu moi-même: BIEN SÛR QU'IL NOUS TRAHIRAIT, PUISQU'IL NOUS DÉTESTE; IL NOUS A TOUJOURS DÉTESTÉS PARCE QU'IL N'EST PAS COMME NOUS ET QU'IL SAIT QU'IL NE LE SERA JAMAIS MALGRÉ TOUTE SA FORTUNE. C'EST JUSTE... UN JUIF TYPIQUE!
Rien de plus déprimant, rien qui use autant les énergies du cœur et de l’âme, que ces longs silences angoissés, sans jamais entendre parole humaine, sans jamais voir figure amie, ou seulement sympathique...
Enfin, qu’est-ce que je demande nuit et jour ? Justice, justice ! Sommes-nous au XIXe siècle ou faut-il retourner de quelques siècles en arrière ? Est-il possible que l’innocence soit méconnue dans un siècle de lumière et de vérité ? Qu’on cherche ; je ne demande aucune grâce, mais je demande la justice qu’on doit à tout être humain. Qu’on poursuive les recherches ; que ceux qui possèdent de puissants moyens d’investigation les utilisent dans ce but, c’est pour eux un devoir sacré d’humanité et de justice…
L’odeur imprègne cheveux et vêtements, s’installe dans les narines et même sur la langue, de sorte que tout a goût de pourriture.
-Le colonel Sandherr n'a jamais eu à se plaindre de mes méthodes.
-Le colonel Sandherr n'est plus ici.
-Je vous retrouve ici après la messe.
-Tu n'entres pas ?
-Je n'entre jamais, maman. Nous avons cette discussion toutes les semaines.
Ses yeux gris et mouillés me dévisagent, sa voix tremble.
-Mais que vais-je dire à Dieu ?
-Dites-lui que je serais au Café du Commerce, sur la place, là-bas.
Les commérages, c’est une chose – si ça se limite aux commérages, on peut les ignorer. Mais je te parle de dénonciation publique et d’humiliation. Je te parle de la puissance de l’État mise en œuvre pour nous écraser, pour nous donner en pâture aux journaux et aux tribunaux, pour inventer les pires mensonges sur nous et les présenter comme la vérité. Rien ne pourra résister à ça.