- Légers spoilers -
On ne négocie pas avec des barbares.
Avant de le lire, j'étais prévenu que ce n'était pas un des meilleurs Harris.
Le récit alterne les points de vue et actions de deux diplomates, un Anglais et un Allemand. Ces protagonistes ne m'auront jamais intéressé et comme je connaissais déjà les "accords" de
Munich, ce défaut a plombé ma lecture. Donc, si vous adhérez à un ou aux deux protagonistes, vous passerez un meilleur moment que moi avec ce roman.
Comme beaucoup de romans s'intéressant à la montée du nazisme, on retrouve les anecdotes classiques sur les chefs et une sympathie palpable pour les communistes (Ce qui est curieux car avant les nazis, ces "braves gens" avaient tenté une prise du pouvoir en Allemagne par les armes et leur idéologie avait ses extrêmes qui ne valaient pas mieux que les nazis. Staline l'aura suffisamment démontré.).
Venant d'un auteur britannique, on a droit à l'inévitable dénigrement des Français (les trois émissaires de la France reçoivent tous subtilement, ou pas dans le cas de Daladier, leur dague albionnaise dans le dos).
Même s'il lui lance quelques piques et relève certains de ses défauts, Harris s'attelle ici à redorer le blason de Neville
Chamberlain. La faiblesse de cet homme et sa participation, à l'instar des autres hommes de pouvoir britanniques, à manoeuvrer contre les intérêts français avant même la capitulation allemande de 18 n'est jamais mentionnée par Harris. Or, l'attitude britannique favorable aux Allemands a permis leur remilitarisation, le non-respect des clauses vis-à-vis de la France et, surtout, la remilitarisation de la Rhénanie en 36 par les nazis, alors déjà au pouvoir.
Peut-être que si
Chamberlain avait combattu pendant la 1ere guerre, il en aurait vraiment saisi l'horreur et compris qu'on ne transige pas avec des barbares. Mais il a vécu la 1ere guerre bien au chaud, loin du front.
Chamberlain a aussi oeuvré contre
Churchill. Là encore,
L Histoire donne tort à cet homme qui voulait tant la paix qu'il a facilité la plus atroce des guerres. Pourtant, un élément important de la carrière de
Chamberlain est presque ignoré par Harris : il était le partisan du renforcement de la RAF (dans un but défensif). S'il avait été écouté sur ce point, la 2de guerre se serait déroulée différemment.
Munich n'a d'intérêt que comme avertissement pour les générations à venir : on ne négocie pas avec des barbares. L'évènement en lui-même n'apporte rien car tout s'est joué en 1936, c'est là qu'il fallait stopper les nazis en Rhénanie. Mais l'Angleterre avait alors pris le parti des Nazis contre la France. Perfide Albion, vous comprenez maintenant ?
Bref, livre moyen qui agacera les amateurs d'Histoire.
On ne négocie pas avec les barbares.