C'était bien gentil de faire une histoire du petit Momo qui vit en banlieue et qui est aussi naïf qu'un lapin de quinze jours. Momo ne s'est jamais senti exclu de la société, il sait juste qu'autour de lui, il y a une cité moche comme un pou, et qu'il aimerait s'en évader. Or, comme vous le diront les enseignants qui vous auront forcé à le lire durant les vacances de Noël, quoi de mieux que la lecture pour sortir de la réalité ? On s'en rend effectivement compte, "
Momo, petit prince des bleuets" est à des lieues de quelque chose qui y ressemble.
Un petit garçon qui vit dans les banlieues aussi faible et gentil ne s'est donc jamais fait harceler ? le vocabulaire des habitants confrontés chaque jour à la dureté de la société n'est-il pas plus injurieux que quelques mots familiers devenus aussi ringards que le verlan ? Je ne suis même pas sûr qu'il existe encore des bibliobus. Un peu de réalisme n'aurait pas fait de mal, surtout que j'ai lu ça en Sixième, et que je suis persuadé que les Sixièmes ne se comportent déjà plus vraiment comme des CE2.
On se retrouve donc dans une histoire jeunesse bien rose qui parle d'autres histoires jeunesse bien roses dans un cadre censé être gris et crasseux. On est stupéfait d'apprendre que tous les princes ne sont pas blonds aux yeux bleus, et les vieux messieurs parviennent toujours à s'évader des maisons de retraite. Faut aimer.