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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai trouvé le nom de Jean Hatzfeld, que je ne connaissais pas, parmi les auteurs que propose le Challenge solidaire 2022. En passant, merci à Babelio pour sa générosité et à @Gwen21 qui gère ce défi et plusieurs autres ! Englebert des collines est porté par trois voix à la première personne : une mise en situation, 6 pages en italique en forme de prologue, où l'auteur explique comment il a rencontré Englebert et ce qui l'a intéressé dans ce personnage ; le récit d'Englebert qui occupe la plus grande partie de ce bref livre d'à peine plus de 100 pages, et où de temps en temps, apparaît une adresse à un « tu » ; enchâssé dans le récit d'Englebert, on trouve celui de Marie-Louise Kagoyire, sa logeuse et amie (5 pages en italique) où elle apporte sa vision du personnage. On découvre à la fin une photo d'Englebert, un bref glossaire et des repères chronologiques.
***
Englebert raconte donc à la première personne son histoire et celle des Rwandais qui ont subi les exactions que l'on sait. C'est un Tutsi qui a survécu aux massacres. Il explique la brutalité des attaques des « coupeurs », leur violence, la perte de repères, la peur, la faim, l'obligation de se cacher pour survivre, etc. Mais il parle aussi de la vie d'avant : toute la fratrie se distingue par sa vivacité et son intelligence. Les enfants feront des études supérieures et occuperont des postes importants, mais subiront des brimades régulières, même en temps de paix, parce qu'ils appartiennent à l'ethnie des Tustis. Et puis le massacre… La vie d'après, pour Englebert, elle est faite d'errances, de lectures, de conversations, d'amitiés éphémères et d'alcool, de beaucoup d'alcool. Englebert buvait avant, mais de manière festive, alors que, après le massacre de sa famille et les horreurs qu'il a vues, il cherche l'oubli et boit jusqu'à l'inconscience.
***
C'est en reprenant les particularités du français tel que le parle Englebert que Jean Hatzfeld relate la terrible vie de ce personnage érudit, bavard, s'appliquant à ne pas montrer ses traumatismes et cherchant le plus souvent à amuser la galerie. Un homme sympathique et touchant, mais j'avoue que j'ai eu du mal à m'immerger dans le récit, sans doute parce que, malgré sa brièveté, j'y ai trouvé des redites. C'est cependant un excellent aperçu, de l'intérieur, des événements qui se sont déroulés au Rwanda. Je le conseille sans hésiter à qui voudrait se renseigner sur le sujet et je recommande de lire les repères chronologiques avant le récit.

Challenge solidaire 2022
Challenge non-fiction Tout connaître 2022
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Ce livre est pour moi une très belle découverte dans le cadre du challenge Solidaire. Jean Hatzfeld nous dresse le remarquable portrait d'un rescapé du génocide rwandais. Englebert a mille vies, c'est un résilient, mais il n'a plus de futur ou tout au moins d'espoir, il vit dans le présent, se satisfait de peu, marche et boit beaucoup (il buvait déjà beaucoup avant) et parle, beaucoup.Il a l'allure d'un vagabond, cite l'Iliade, descend peut-être d'un ancien roi du Rwanda, il est ancien élève brillant (n'a pu faire les études qu'il voulait en raison de son ethnie), ancien fonctionnaire (licencié probablement à cause de l'alcool), ancien cultivateur-éleveur jusqu'en 94, un peu écrivain public pour l'heure, .... le récit d'Englebert est précédé d'une courte présentation par l'auteur, et entrecoupé du point de vue d'autres personnages de la petite bourgade de Nyamata. Englebert est un interlocuteur apprécié, agréable, plein de vie et de bagou malgré son passé. Par ce livre on n'apprend rien de plus sur le génocide lui-même, mais beaucoup sur ce que fait la folie des hommes. « le génocide m'a fait solitaire intérieurement, comme je l'ai dit. Voilà pourquoi dorénavant, j'évite les complications. Je vais, je laisse. Ceux qui m'aiment, ils sont le grand nombre, je les aime aussi. Ceux qui ne m'aiment pas, tant pis, je ne veux même pas les rencontrer. » Englebert, c'est ce que l'on appelle, hors littérature, un personnage ! Et Jean Hatzfeld a très bien réussi à nous faire partager son ressenti en se mettant en retrait et en trouvant le ton juste dans un récit à la fois atroce et superbe.
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Vingt ans après le génocide Tutsi, Jean Hatzfeld rentre dans la peau de Englebert pour nous en faire sa biographie. Personnage marginal cultivé, alcoolique, drôle et très sociable, il déambule dans les rues de Nyamata ou tout le monde le connait et le respecte.
Le génocide va nous être conté de l'intérieur, de sa gestation jusqu'à nos jours ou les survivants sont encore en état de choc et doivent vivre avec ça au coté des Hutus.
La narration est celle de se personnage érudit mais marqué et perdu qui errre dans la ville à travers les bars, un survivant qui avait tout pour être heureux, une famille, des études en France, des amis. Il a tout perdu, ne lui restent que ses souvenirs qu'il aimerait oublier mais qui lui collent à la peau.
Récit magnifique, ton juste, expérience humaine et historique à découvrir absolument.
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Englebert des collines.... Ou le récit d'une vie qui aurait pu être extraordinaire dans l'excellence et et qui devenu extraordinaire dans l'atrocité...
Jean Hatzfeld nous écrit le récit de la vie de cet homme rwandais avant tout mais surtout Tutsi dans un pays où c'est un grave défaut, mortel même ce défaut.... de 1967 à 1994 en passant par 1973, la vie d'Englebert a été systématiquement chamboulée et détruite par le fait d'être Tutsi et par la manipulation politique de la séparation d'ethnies qui n'avaient rien demandé...
On retrouve dans ce court récit un homme qui a un esprit brillant, qui pouvait envisager d'être une personnalité qui compte pour son pays, pour son développement et qui a été mis au ban dans un premier temps puis poursuivi "telle une chèvre qu'on veut veut abattre" dans un deuxième temps. Sa famille a été décimée, il a fini par verser complètement dans la boisson (mais qui pourrait lui en vouloir...?) et pourtant, il continue d'être brillant, de parler, beaucoup, avec tout le monde, de vivre au mieux et d'aller de l'avant avec ce qui lui reste...
C'est un récit qui bouleverse car il montre aussi à quel point l'être humain peut être fort malgré l'atrocité vécue, Englebert a gardé sa joie, son rire, son bagou malgré tout et comme dirait Cécile Coulon dans "Ronces": "on se remet de tout mais jamais à l'endroit". Cette citation irait tout à fait à Englebert mais il avance quand même...
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Témoignage à la première personne d'un rescapé du génocide rwandais.

Brillant et promis à un bel avenir, son ethnie d'origine lui ferme les portes d'une grande carrière. le massacre de sa famille achève de ruiner sa vie, qui vagabonde désormais entre des lambeaux d'érudition et un humour salvateur qu'il partage avec ceux qui lui paient les bières nécessaires à un oubli consciencieusement travaillé.
Cette dernière partie (la vie après le génocide) n'a malheureusement pas la force des 2 premières (les inégalités subies par les Tutsis dans la société rwandaise puis la description des massacres) mais l'écriture, qui semble au plus près du parler de Englebert, apporte une cohésion à l'ensemble du récit.
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Rwanda : Jean Hatzfeld se fait héler en français par Englebert, vieil alcoolique en haillons qui traîne dans les rues et les cabarets. Peu à peu, il lui fait le récit de sa vie. Famille heureuse, premier de classe, fonctionnaire au ministère des Affaires sociales, cet érudit va vers un bel avenir. Seulement.... le Rwanda : le génocide des Tutsis par les Hutus, un million de morts.
Récit court, fort, intense, sans fioriture (c'est ce que j'ai apprécié le plus chez l'auteur).
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