Jean Hatzfeld nous conte la vie et le destin d'Ayanleh Makeda, pauvre et jeune berger des hauts plateaux d'Ethiopie, doué pour la course à pied qui sera double champion olympique de marathon, avant d'être dopé à son insu et d'être déchu.
C'est Frédéric, un correspondant de guerre français, qui retrouve la trace d'Ayanleh, soldat des guerres de la Corne d'Afrique, blessé dans les tranchées et un temps disparu dans la région de Jijiga dans les déserts du sud.
Frédéric se passionne pour cette histoire. Il recherche et retrouve Tirunesh, la brillante épouse de Ayanleh, Hanna, son ancienne ostéopathe, Nathan Ossipovnitch, un homme d'affaires Kazakh, qui l'avait recruté dans son équipe.
Jean Hatzfeld a une plume brillante qui nous transporte dans des oasis du désert de l'Ogaden, dans le quartier huppé et les hôtels haut de gamme d'Addis-Abeba et aussi en Tchéquie, à Karlovy Vary. Il allie un réel fondé sur une remarquable documentation à un romanesque souvent voluptueux, à des descriptions subtiles de paysages, de personnalités, d'ambiances.
Sa connaissance du sport et des milieux sportifs est profonde, impressionnante.
Jean Hatzfeld nous montre la pauvreté, la dignité de ces peuples d'Ethiopie. Ayanleh et sa femme connaissent la gloire, la richesse mais font face à l'injustice, non pas avec résignation mais avec un fatalisme, un relativisme, une élégance qui étonnent et fascinent.
Tirunesh qui parle français par sa grand-mère proche de Djibouti, jouit de son long séjour à Paris, avec ses enfants : « Elle lisait des
romans les uns après les autres. Elle dévora à la file tous ceux de
Patrick Modiano, à qui elle ne pouvait s'empêcher de sourire, de plaisir, lorsqu'elle le reconnaissait en descendant la rue
Bonaparte, ou à la poste du quartier ».
Un livre magnifique qui m'incite à lire tous ceux qu'a écrits
Jean Hatzfeld.