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The Red Mother tome 2 sur 3

Danny Luckert (Illustrateur)
EAN : 9781684156221
112 pages
Boom Entertainment (29/12/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
Daisy has taken the mysterious Leland Black up on his job offer, giving her a new outlet to excise her demons -- but quickly realizes that the dangerous conspiracy goes much deeper than she ever imagined. All roads lead straight to the Red Mother. And the Red Mother is heading straight for Daisy. Writer Jeremy Haun (The Beauty, The Realm) and artist Danny Luckert (Regression) present the next chapter of the haunting series that digs below the surface of reality to u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à The Red Mother, book 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2020, écrits par Jeremy Haun, dessinés, encrés et mis en couleurs par Danny Luckert. Les couvertures ont été réalisées par Luckert, les couvertures variantes par Juan Doe, Toni Infante, Frany, Jeremy Wilson.

Devant cette arche en pierre, seul vestige intact d'un ancien bâtiment, dans une brume pourpre, une femme à l'orbite droit vide et cassée avance, hume l'air et sourit. Daisy McDonough fait face à une créature humanoïde entièrement noire, sauf pour le visage blanc où brillent deux yeux enflammés. Ses doigts se terminent en pointe comme des pieux. Presqu'à quatre pattes par terre, elle est tétanisée ne parvenant que difficilement à articuler un minuscule Non. Une vielle dame, l'un des passants qui se sont rassemblés dans son dos lui intime de contempler le héraut de la Rouge Mère. Elle lui demande si elle le voit vraiment. McDonough parvient à se remettre sur pied. Elle se retourne, contemple les individus en train de l'observer ou de rendre grâce au héraut, et elle décoche un violent coup de poing du droit, en plein dans la mâchoire de la vieille dame dont les lunettes volent au loin. Les autres regardent la vielle femme à terre, se tenant le visage. McDonough jette un coup d'oeil derrière, puis se met à foncer dans le tas. Contre toute attente, elle parvient à se frayer un chemin parmi eux, et à regagner une artère plus fréquentée. Elle manque de se faire renverser par un taxi en traversant sans faire attention. Elle ressent une violente céphalée. Elle jette un coup d'oeil en arrière, dans une brume rouge, et aperçoit la créature en haut d'un toit. Elle continue de courir doit devant et finit par se mêler à une foule. Son oeil droit la fait souffrir, et elle ne parvient pas à semer la créature noire, qu'elle est la seule à voir.

Daisy McDonough décide de s'engouffrer dans une station de métro. Elle saute par-dessus un portillon, la créature étant toujours derrière elle. Elle se retrouve au bord du quai, la créature avançant vers elle, alors qu'une rame de métro est proche d'entrer dans la station. Elle perd l'équilibre en reculant d'un pas et elle bascule vers les rails. La créature la saisit par le revers de son manteau et la ramène vers le quai, la tirant pour la placer derrière elle, puis se retournant vers elle en essayant d'articuler son prénom. Daisy a du mal à croire que la créature puisse articuler un mot, et elle réagit en la poussant devant le métro qui arrive. La créature vole en éclat sous le choc, projetant une matière noire qui vient tâcher le visage et les vêtements de Daisy, sans laisser d'autre trace sur le quai. Les voyageurs descendent, regardant d'un drôle d'air cette femme au visage maculé de noir. Daisy rentre enfin chez elle, et enlève son manteau une fois la porte d'entrée refermée. Elle enlève son teeshirt et va se regarder dans le miroir de sa salle de bain. Elle s'assoit ensuite sur la cuvette des toilettes, épuisée physiquement et vidée émotionnellement.

Le premier tome de cette série est bien sympathique et il a donné envie de connaître la suite de cette série d'horreur qui prend son temps pour montrer le quotidien de son héroïne. le lecteur retrouve donc Daisy McDonough, toujours un peu craintive et anxieuse après ce qui lui est arrivé et la disparition de son conjoint Luke Bennett. À ce stade du récit, il sait que les visions de Daisy ne relèvent pas d'un syndrome de Charles Bonnet (hallucinations visuelles complexes survenant chez des sujets âgés ne présentant pas de troubles mentaux) déclenché par la perte de son oeil droit. Il peut douter de la réalité de la Rouge Mère, de son héraut, mais il a bien vu le comportement de plusieurs individus différents à des endroits et des moments différents relevant de rituels d'une secte. Les dessins montrent clairement plusieurs passants se placer derrière Daisy et percevoir la créature anthropoïde noire. L'existence du surnaturel ne fait pas de doute dans cette histoire, même si on ne sait pas encore pour quelle raison Daisy perçoit cette créature, ou souffre concomitamment de terribles migraine. Il prend plaisir à ces moments où le surnaturel prend le dessus, à l'absence d'explication, à la prédominance de la couleur rouge, à la tension horrifique déployée par les dessins.

Toutefois, la majeure partie des séquences concernent la vie (presque) ordinaire de Daisy McDonough. Mis à part ces visions chroniques et ses maux de tête, sa vie continue. Elle doit faire le deuil de son compagnon bien que son corps n'ait jamais été retrouvé. Elle continue de consulter sa psychologue. Elle accepte l'offre d'aller travailler à Londres pour Leland Black, et se lie d'amitié avec Cordie, une autre employée. Elle fait la connaissance de Ian autour d'une pinte. Elle soigne son oeil droit. Elle vit au rythme des maux de tête qui vont en s'atténuant, et bien sûr elle continue d'essayer de résoudre la boîte puzzle que lui a offert Leland Black. le lecteur ne peut pas oublier ce qu'elle a subi, car elle en porte toujours une cicatrice sous l'oeil droit. Mais la vie continue et Daisy reprend pied. le lecteur se rend compte que le scénariste entremêle avec un sens certain du dosage, ces moments normaux avec les symptômes de la présence du surnaturel. C'est un rythme aussi prévisible qu'efficace : la structure du récit est calquée sur les chapitres que forme chaque épisode, avec la première page baignant dans le rouge, les moments de vie civile, et une apparition surnaturelle ou deux. Pourtant, lors des séquences de vie ordinaire le lecteur peut tout à fait faire abstraction du surnaturel, car il sait que celui-ci ne s'immiscera dans la narration qu'au bon vouloir du scénariste, sans que le lecteur n'ait aucune prise dessus. En fait, il se rend compte qu'il fait comme Daisy pour qui ce surnaturel est bien concret, mais ne fait irruption que de manière très épisodique dans sa vie. Il le garde en arrière-plan dans son esprit, tout continuant de suivre la vie normale de Daisy.

Comme dans le premier tome, Danny Luckert fait preuve d'un sens très sûr de la narration visuelle. La première séquence de ce tome dure 11 pages, soit la moitié de l'épisode 5. Elle est essentiellement muette, montrant Daisy McDonough faire face à la créature, essayer de lui échapper, puis lui faire face. La toute première page revient sur cette mise en scène qui se répète à chaque fois avec la Rouge Mère devant les ruines. le lecteur prend acte de ce leitmotiv, sans trop s'y attarder, faute de pouvoir donner un sens concret au visage de cette femme, à ses expressions, à son avancée. Il se doute bien que son orbite vide et cassée fait écho à l'oeil droit de Daisy. Les trois pages suivantes se focalisent sur les personnages, presque dépourvues de décor. La narration visuelle presque sans mot est impeccable : les postures de Daisy et des figurants, la silhouette menaçante de la créature, le plan de prise de vue pour montrer la fuite de Daisy et ses mouvements qui s'enchaînent logiquement en cohérence avec les caractéristiques de son environnement, le rouge qui s'oppose au noir, les changements d'expression sur le visage de Daisy. le lecteur est happé par les événements et projeté naturellement dans la position de Daisy. Par la suite, il constate à quel point les séquences muettes sont parlantes et l'incitent à être un lecteur actif. Que peut penser Daisy en contemplant son miroir ? Fait-elle vraiment le deuil de Luke Bennett lors de la cérémonie d'enterrement ? Quel est l'intensité du plaisir qui est le sien à progresser dans la résolution de la boîte puzzle ?

La qualité de l'immersion dans le récit et de l'empathie doit beaucoup aux dessins. L'artiste réalise des planches dans un registre réaliste et descriptif auquel il se tient tout du long. Cela reste exceptionnel quand il ne représente que les personnages. du coup ce choix produit son effet : transcrire la sensation de déconnexion du monde réel, éprouvée par Daisy McDonough, plutôt que d'apparaître comme un raccourci pour passer moins de temps à réaliser ses cases. le plus souvent, le lecteur a de nombreux détails sous les yeux, avec des formes détourées par un trait d'encrage fin, précis et minutieux. Il peut ainsi prendre le temps de regarder les tenues vestimentaires des différents personnages en fonction de leur occupation, l'aménagement de la salle de bain de Daisy, les meubles choisis avec goût dans la pièce où sa psychologue la reçoit, la grande roue de Londres, l'architecture du bâtiment ancien dans lequel se trouvent les locaux de Leland Black, le pub très ordinaire où se rendent les employés après le boulot, les toilettes très modernes des bureaux, etc. Les phénomènes surnaturels ressortent avec plus de force par contraste avec ces environnements réalistes, à commencer par le noir laissé par la créature. La qualité des descriptions est telle que le lecteur se surprend à regarder Daisy avec intérêt et sollicitude quand elle émet des gouttes dans son oeil droit, geste aussi banal que porteur de sens dans ce contexte.

Le premier tome était fort alléchant, à la fois très classique pour cette jeune femme poursuivie par une créature surnaturelle pour une raison non dévoilée, à la fois original pour le versant de sa vie civile qui continue malgré tout. Ce deuxième tome confirme totalement cette bonne impression, maintenant le même équilibre délicat entre surnaturel et vie civile, parvenant à intriguer le lecteur, sans le frustrer. La narration visuelle révèle plus de saveurs que dans le premier tome, faisant s'incarner le récit avec une précision et une émotion remarquables, insufflant une vraie personnalité à Daisy McDonough au point qu'il tarde au lecteur de la retrouver. le lecteur peut prendre ce récit horrifique au premier degré, tout comme il peut également vois dans les épreuves de son héroïne, les séquelles du traumatisme subi au début du récit, un deuil qu'elle ne parvient pas à faire.
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