Je suis sûre qu'elle ne ous en a pas voulu longtemps. Dans un couple, on se dispute, c'est comme ça. On se dispute tout le temps.
Sur le côté, quelqu’un a écrit : LA VIE N’EST PAS UN PARAGRAPHE. Je repense au paquet de vêtements au bord des rails et ma gorge se serre. La vie n’est pas un paragraphe et la mort n’est pas une parenthèse.
Je ne peux pas m’en empêcher : dès que j’aperçois des haillons abandonnés, un T-shirt sale ou une chaussure isolée, je pense à l’autre chaussure et aux pieds qu’elles enveloppaient.
Il n’y a rien de pire au monde que l’insomnie, je déteste ça, rester là avec le cerveau qui égrène chaque seconde, tic, tac, tic, tac. Mon corps entier me démange.
La tristesse se change en quelque chose de pire : un souvenir, une vision d’hier.
La vie n’est pas un paragraphe et la mort n’est pas une parenthèse.
Il y a quelque chose de réconfortant à observer des inconnus à l’abri, chez eux.
Il y a quelques années, c’était mon rêve de venir ici - pas pour avaler un sandwich jambon-fromage entre deux interrogatoires de police évidemment -, je rêvais de venir avec mon bébé. Je pensais à la poussette que j’achèterais, aux heures que je passerais chez Baby Gap ou Toy’R’Us, à examiner les vêtements minuscules si mignons et les jouets d’éveil. Je songeais au jour où je viendrais m’asseoir là, mon heureux événement sur les genoux.
Mais ce jour n’est pas venu.
La vie n'est pas un paragraphe et la mort n'est pas une parenthèse.
Plus je voudrais oublier, moins j'y arrive. La vie et la lumière ne me laissent pas en paix.